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Soutien aux contrats d'avenir : les chiraquiens sont-ils tous des radicaux socialistes ?
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Droite de gauche

"Je voterai François Hollande", avait déclaré Jacques Chirac en juin 2011. Aujourd'hui, c'est un de ses héritiers, Jean-Pierre Raffarin, qui annonce qu'il votera - avec d'autres députés UMP - les contrats d'avenir du gouvernement Ayrault.

Xavier Panon

Xavier Panon

Xavier Panon est journaliste, ancien rédacteur en chef à RMC et BFM, et éditorialiste au quotidien La Montagne. Il est l’auteur, entre autres, d'un livre d’entretiens avec Michel Sapin et Jean Arthuis (La France peut s’en sortir, L’Archipel, 2012) et de Chirac, les 5 visages d'un président (L'Archipel, 2012). En mai 2015, il publie Dans les coulisses de la diplomatie française, de Sarkozy à Hollande (L'Archipel).

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Atlantico : Jean-Pierre Raffarin - qui présentera au Congrès de l'UMP une motion pour un humanisme social, libéral et européen - a annoncé qu'il votera les contrats de génération. Comment expliquer que les héritiers de Jacques Chirac soient aussi proches des valeurs de gauche ?

Xavier Panon : Que Jean-Pierre Raffarin ne s’oppose pas au contrat de génération ne le rapproche pas pour autant des valeurs de gauche, pas plus que l’opposition de Martine Aubry à ce même contrat, lors des primaires PS, n’éloignait la première secrétaire du Parti socialiste de la dite gauche ! L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac ne manque pas de critiquer la politique économique du président Hollande, mais sans céder à la même outrance systématique que d’autres soi-disant héritiers de Chirac reconvertis au sarkozysme, comme Jean-François Copé, Valérie Pécresse ou Christian Jacob !

Raffarin aime bien à l’occasion faire entendre sa petite musique, désormais au nom de la motion qu’il présentera au congrès de l’UMP avec Luc Chatel, créateurs du nouveau courant centriste « pour un humanisme social, libéral et européen ». Un mouvement qui rappelle une certaine UDF. Pour en revenir au contrat de génération, Jean-Pierre Raffarin se souvient peut-être du virage social que lui avait imposé Chirac en 2004, après la raclée des régionales, avec le plan Borloo d’un million de contrats d’avenir et 800 000 contrats pour jeunes sans qualification.

Pendant qu'il était au pouvoir, Jacques Chirac a été ardemment combattu par le Parti socialiste. Mais était-il si éloigné de la ligne que la gauche tient aujourd'hui ?

La relation entre Chirac et la gauche, en particulier François Mitterrand, est complexe. Adversaires farouches, avant et après la création du RPR, en 1976, mais sans cette haine qui a marqué les relations entre Chirac et Valéry Giscard d'Estaing, puis Nicolas Sarkozy. Mitterrand et Chirac se sont traités de tous les noms (« vulgaire, voyou, velléitaire » pour l’un,  « vieux, vicieux, vaticinateur », pour l’autre), ils se sont portés des coups, y compris pendant leur cohabitation, mais Chirac, qui a fait élire Mitterrand en 1981, a eu droit au retour d’ascenseur mitterrandien en 1995. Dans la foulée, il a été sauvé par Roland Dumas, président du conseil constitutionnel, qui a validé ses comptes et amélioré son immunité présidentielle, par Lionel Jospin qui a mis son veto à des initiatives d’Elisabeth Guigou et Arnaud Montebourg, et enfin par Bertrand Delanoë, qui a retiré la plainte de la mairie, après remboursement des emplois fictifs ! Tout cela, au nom des intérêts bien compris de chacun, plus que par une proximité politique.

D’ailleurs, réélu contre Le Pen en 2002, avec les voix de gauche, Chirac a préféré fermer la porte à toute union nationale et rejouer le classique droite contre gauche. Une « erreur », a-t-il reconnu dans ses mémoires. En fait, le « caméléon », selon Queuille, a oscillé, selon les circonstances, entre la satisfaction à sa droite RPR et giscardienne, avec des politiques ultra libérales, en 1986 et son fond personnel plutôt rad-soc, qui l’a porté à l’écoute sociale (le Samu social à Paris, les lois pour les handicapés, le traitement social du chômage en 2004) comme à certaines prises de position plus proches de la gauche, qu’il s’agisse de la peine de mort, l’avortement, la parité, la laïcité, le racisme, l’Europe et le Non à Bush sur l’Irak.

On a souvent comparé le style du président Hollande avec celui de l'ancien chef de l'état. Sont-ils plus proches que Jacques Chirac l'était de Nicolas Sarkozy ?

C’est vrai que l’on retrouve du style Chirac dans la façon, directe, empathique et physique, dont François Hollande va au contact des Français. Au-delà, les deux compatriotes corréziens se sont combattus, mais aussi respectés et… aidés ! Quand Hollande a voté en 2004 la loi sur le port du voile, Chirac a salué, plus tard, « l’attitude exemplaire d’un véritable Homme d’Etat ». Son vote pour Hollande, exprimé dès 2011, ne devait rien à « l’humour corrézien », mais tout à sa détestation de Sarkozy. « Nous n’avons pas la même vision de la France », a écrit Chirac qui se sent plus proche du social démocrate Hollande. Il n’empêche que c’est à l’actuel président de payer maintenant la facture de la dette causée notamment par les manquements européens de… Chirac !

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