SOS pétrole en faillite ? Attention à ne pas enterrer l’Arabie Saoudite trop vite<!-- --> | Atlantico.fr
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La baisse des prix du pétrole semble faire peser d'inquiétantes menaces sur l'économie saoudienne.
La baisse des prix du pétrole semble faire peser d'inquiétantes menaces sur l'économie saoudienne.
©Reuters

Lion qui dort

La baisse des prix du pétrole semble faire peser d'inquiétantes menaces sur l'économie saoudienne, qui est extrêmement dépendante vis-à-vis de l'or noir. A ce sujet, le FMI a annoncé 20% de déficit pour 2015. Un important article du Telegraph annonce d'ailleurs le déclin de ce pays prospère, tablant sur une faillite dans les deux prochaines années et une catastrophe économique dans les dix ans à venir. Pourtant, il semblerait que le royaume ait plus d'un tour dans son sac.

Thomas Porcher

Thomas Porcher

Thomas Porcher est Docteur en économie, professeur en marché des matières premières à PSB (Paris School of Buisness) et chargé de cours à l'université Paris-Descartes.

Son dernier livre est Introduction inquiète à la Macron-économie (Les Petits matins, octobre 2016) co-écrit avec Frédéric Farah. 

Il est également l'auteur de TAFTA : l'accord du plus fort (Max Milo Editions, octobre 2014) ; Le mirage du gaz de schiste (Max Milo Editions, mai 2013).

Il a coordonné l’ouvrage collectif Regards sur un XXI siècle en mouvement (Ellipses, aout 2012) préfacé par Jacques Attali.

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Atlantico : Selon un article publié par The Telegraph, l’Arabie Saoudite serait proche d’une situation de faillite, pointant un déficit public proche de 20% du PIB, selon le FMI, soit 140 milliards de dollars, marquant l’échec de la politique pétrolière du pays, notamment vis-à-vis de la concurrence de la concurrence américaine. La situation saoudienne est-elle à ce point désespérée à court terme, ou ses ressources sont-elles sous-évaluées ?

Thomas Porcher : Il est clair que l’économie de l’Arabie Saoudite ne va pas très bien. Son économie n’est pas diversifiée et dépend principalement des revenus du pétrole qui représentent, comme beaucoup de pays de l’OPEP, plus de 90% des exportations. Or, comme le prix du pétrole a été multiplié par cinq entre 2000 et 2010, les dépenses de l’Arabie Saoudite ont augmenté. Aujourd’hui, avec un prix du pétrole divisé par deux en un an, le retournement des recettes pétrolières est particulièrement difficile pour l’économie saoudienne.

Mais il ne faut pas oublier que l’Arabie Saoudite a un fonds souverain, la SAMA Foreign Holdings, qui détient 739 milliards de dollars. Le problème est que le FMI à l’habitude de traiter le recours au fonds comme un déficit budgétaire. Le cas du Chili à la fin des années 1990 en est un exemple. Le FMI insistait pour que le Chili traite les dépenses de son fonds comme un déficit. La vision du FMI est donc juste mais fait abstraction du fonds.

Sur le plus long terme, la stratégie saoudienne est-elle tenable ? Quels sont les prochains enjeux à venir ?

Tout dépend du prix du pétrole. S’il reste autour de 50$ alors l’économie de l’Arabie Saoudite va en pâtir. Mais ce ne sera pas la seule. Les compagnies pétrolières vont réduire drastiquement leurs investissements. La production de pétrole de schiste aux Etats-Unis risque de progresser moins vite et ces conditions peuvent préparer un effet-rebond sur les prix en compressant l’offre future. A l’inverse, si les prix remontent à 70$ d’ici un an comme le prévoit la majorité des analystes, alors l’économie saoudienne réduit son déficit mais les chances de fortes augmentations des prix se réduisent et auront lieu sur un cycle plus long. Au final, l’économie de l’Arabie Saoudite est suspendue au cours du baril.

Malgré la baisse du nombre des nouveaux puits américains, la production pétrolière continue d’augmenter. Quelles sont les conséquences à attendre d’une telle guerre d’usure ?

A la dernière forte baisse des prix du pétrole après la faillite de Lehman Brothers en 2008, la production américaine avait continué à croitre jusqu’en 2011 pour ensuite commencer à diminuer puis repartir avec la hausse des prix. Cela correspond aux cycles de production des pétroles de schiste de 5 ans avec une forte décroissance après les deux premières années de production. Nous vivons aujourd’hui le même phénomène, donc s’il y a baisse de la production, elle devrait intervenir au premier semestre 2016. Mais c’est sans prendre en compte la flexibilité des compagnies du schiste et l’augmentation de leur productivité.

D’autres pays subissent-ils des conséquences plus lourdes concernant la baisse du prix du pétrole ?

La plupart des pays pétroliers sont dans une position beaucoup plus délicate que l’Arabie Saoudite. Je pense au Venezuela, au Nigéria, à l’Iran où même à des pays pauvres et producteurs de pétrole comme la République du Congo. Ces pays ont fait des investissements et développé des projets en tablant sur des prix élevés du pétrole. Or, ces pays n’ont pas de fonds souverains, ni de stabilisateurs automatiques et souvent les banques ne veulent plus leur prêter d’argent quand les recettes pétrolières se retournent. Ces pays sont dans une situation très compliquée aujourd’hui.

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