SOS chinois disparus : ces 280 milliards de dollars qui manquent au tourisme mondial à cause du Zéro Covid de Pékin <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Une touriste chinoise qui prend la pose devant la pyramide du Louvre à Paris, 15 août 2018
Une touriste chinoise qui prend la pose devant la pyramide du Louvre à Paris, 15 août 2018
©LUCAS BARIOULET / AFP

Trou noir pour le tourisme mondial

Avec la fermeture des frontières suite à la politique du Zero Covid, les touristes chinois, qui figurent parmi les plus dépensiers sur la planète, ne peuvent plus quitter le pays. Pour le marché du tourisme, le manque à gagner est énorme

Emmanuel Véron

Emmanuel Véron

Emmanuel Véron est géographe et spécialiste de la Chine contemporaine. Il a enseigné la géographie et la géopolitique de la Chine à l’INALCO de 2014 à 2018. Il est enseignant-chercheur associé à l'Ecole navale.

Voir la bio »

Atlantico : Suite à la politique Zéro Covid décidée par les autorités du PCC et la fermeture des frontières du pays, le marché du tourisme se voit privé des voyageurs chinois, considérés comme parmi les plus dépensiers. La perte serait ainsi de 280 milliards de dollars au niveau mondial. Quelles peuvent être les conséquences de cette absence de voyageurs chinois pour les acteurs du marché du tourisme ? Quels sont les parties du globe les plus touchées ?

Emmanuel Veron : Le secteur du tourisme est semble-t-il l’un des pans entiers de l’économie qui est et sera durablement affecté par la pandémie de Covid-19 et par la mise à l’arrêt des circulations des hommes. Le choix du régime de Pékin a considérablement touché ce secteur aussi bien en Chine même qu’à l’international. D’un côté, le tourisme international en Chine a quasi disparu. De l’autre, le tourisme des chinois dans le monde est lui aussi mis à l’arrêt. Alors que ces derniers représentaient jusqu’à janvier 2020 une clientèle très importante en Asie, en Europe, en Russie et en Amérique du Nord, ce sont les tous les acteurs et les lieux de tourisme qui sont affectés. Depuis plus de deux ans, l’ensemble des acteurs du tourisme ont reconsidéré leur activité, en lien avec la clientèle chinoise, gardant l’espoir (vain) d’un redémarrage…

Ce sont bien les hauts lieux du tourisme chinois en Asie (Thaïlande, Japon, Corée, Sri Lanka etc.), en Europe (Paris, Côté d’Azur, Bordeaux, Alsace, Rome, Venise, Londres etc.), en Russie (St Pétersbourg) et en Amérique du nord qui sont concernés.


L’impact de cette absence de touristes serait particulièrement visible à Hong Kong, première destination des touristes chinois en 2018, mais aussi dans des villes européennes comme Venise ou Rome. Doug Lansky, consultant indépendant en tourisme, estime que ces destinations ont besoin d’être « China Un-Ready », c'est-à-dire avoir un plan solide au cas où les visiteurs chinois ne reviendraient pas. Les acteurs du tourisme s’adaptent-ils à cette incertitude ?

Hong Kong est souvent perçu (à travers les statistiques officielles du régime) comme la première destination chinoise, ce qui n’est pas entièrement exagéré. L’ensemble des acteurs du tourisme font avec … rappelons le, que ce soit l’hôtellerie, la restauration, les guides, les transporteurs etc, c’est bien toute la chaîne des acteurs du tourisme dans laquelle le gros de la clientèle chinoise évoluait qui a soit disparu, soit recomposé en profondeur ses activités, ses salariés et son offre.

A l’heure de l’allègement des restrictions sanitaires à travers le monde, peut-on espérer un retour des touristes chinois ? La pandémie aura-t-elle changé le marché ?

Le retour de la clientèle chinoise n’est pas pour demain, facteurs à la fois politique (année 2022, du 20eCongrès du PCC), stratégique (guerre en Ukraine et rivalité croissante avec les Etats-Unis, le Japon, une partie de l’UE…) et de choix politico-sociétal interne du « 0 Covid ». En ce sens, si des acteurs du tourisme à l’international ont envoyé des signaux pour une reprise des flux, notamment chinois (Thaïlande le 1eroctobre 2021…), jamais le régime n’assouplira sa politique et laissera partir des touristes chinois à Paris, Phuket ou Rome ! La pandémie a bien changé la donne, le secteur dans son ensemble, en particulier vis-à-vis de la clientèle chinoise qui correspondait à une temporalité de vingt ans grosso modo, aujourd’hui révolue. Les acteurs du tourisme s’adaptent et recomposent leur offre et activités avec une forme de clientèle, certains n’en sont pas moins satisfaits…

Il est néanmoins intéressant d’observer l’utilisation du tourisme en Chine comme facteur politique et sociétal. Après plusieurs mois de confinement, les autorités avaient organisé une opération de communication pour la levée du confinement à Wuhan (point de départ de la pandémie) et plus largement avaient ouvert des dizaines de sites touristiques importants dans diverses provinces, tout en incitant sa population à s’y rendre (parcs, temples, musées, etc.). En ce sens, le tourisme qui est un outil du politique pour le régime de Pékin (divertir et contrôler par le récit organisé des lieux visités) est et sera de plus en plus développé pour faire « voyager » sa population en Chine, refermée sur elle­-même, et dans des lieux recréer comme si le citoyen chinois visitait le monde….

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !