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Sortie de crise : les Français commencent à y croire
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Sondage exclusif

Selon un sondage Ifop exclusif pour Atlantico, les Français seraient sensibles au contexte macro-économique favorable de ces derniers mois. S'ils sont 13% de plus à penser que le plus gros de la crise est passée, la tendance devra encore se confirmer avant de profiter au gouvernement.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : A la question sur la perception de la situation économique, 63% des Français déclarent que nous sommes toujours en crise, 22% que le pire est derrière nous, et 15% qu'elle s'améliore ou qu'elle est résolue. Quelle évolution sur ce thème ces chiffres font-ils paraître ?

Jérôme Fourquet : A partir de la crise économique de 2009, nous avons avons posé deux questions barométriques qui visaient à évaluer la perception des français sur l'état de la situation économique. Si on compare ces résultats aux mesures de novembre dernier par exemple, on observe un véritable changement de climat. En effet, à l'époque, 76% des sondés pensaient qu'on était en pleine crise, soit 13% de plus qu'aujourdhui. Il faut en réalité remonter à la fin de l'année 2011 pour retrouver un taux de ce niveau. Pour autant, ces résultats montrent que l'évaluation globale est toujours très pessimiste, pour les deux-tiers des Français en tout cas.

Quels éléments permettent d'expliquer ce revirement ?

Peut être que les différentes annonces faites ces derniers mois sur le cours de l'euro, le prix du pétrole et autre, qui étaient présentés comme des éléments laissant entrendre qu'on pouvait espérer une reprise, ont été entendus. Par ailleurs, la consommation des ménages est repartie à la hausse. Evidemment, on met de côté des évolutions, seuls 14% Français des interrogés pensent que la situation économique s'améliore progressivement. Mais c'est peut-être une première phase avant une reprise de la confiance à un niveau généralisé.

Ces résultats peuvent être lourds de sens à la fois politiquement et économiquement. Le gouvernement et François Hollande répète que l'économie a une grande dimension psychologique. Et la volonté du gouverenement était justement de parvernir à susciter ce choc de confiance pour relancer la consommation, la machine économique, et voir les patrons réinvestir. Si ce scénario se profile effectivement, ce choc cela pourra laisser penser que le gouvernement a réussi à créer les conditions. D'autant que cette question pour Atlantico a été posée à un nombre de personnes suffisantes pour sortir des marges d'erreur. Il faut donc attendre pour voir si le résultat se confirme dans les semaines qui viennent.

Observe-t-on des disparités entre les individus ? Ceux-ci s'accordent-ils avec les adhésions politiques ?

Bien évidemment, le jugement que l'on porte sur la situation va être indexé sur sa sensibilité politique. Ainsi, parmis l'électorat de Nicolas Sarkozy ou de Marine Le Pen,  ceux qui considèrent que la crise est belle et bien là sont plus nombreux, dans les alentours de 70% (66% et 78% respectivement). Les électeurs socialistes se rangent quant à eux derrière l'action de leur président, et ne sont plus qu'à 39%, alors qu'au centre ils sont à 61%.

Au-delà de la perception de la crise à l'échelle nationale, les Français en ressentent-ils les effets ? Si cette question sur la perception de la crise est importante, concrètement comment la vivent-ils ?

Bien que la réponse à cette question dans le sondage montre une très légère amélioration, la situation concrète des Français est encore morose. Il faut dire que nous avons vécu dans une longue séquence de difficultés. Encore ¾ des français déclarent qu'eux-mêmes ou leurs proches ressentent les effets de la crise, et ça n'a pas changé. Autant la première question montre une perception, et une certaine anticipation de l'avenir, autant sur le factuel la proportion des sondés ressentant les effets de la crise n'a quasiment pas bougé. Mais, il y a effectivement plus de Français qui estime que ça va mieux. 

On a pu observer au cours de l'enquête que ce sentiment dominant était plus marqué dans les milieux populaires plutôt que chez les cadres supérieurs, même si ces derniers ressentent malgré tout les effets de la crise. On voit aussi que des territoires ruraux dans lesquels on annonce une poussée du FN sont effectivement plus exposés à la crise.

Pour autant, ces éléments pourraient-ils influencer les prochaines élections départementales ?

Il faudra sans doute attendre une amplification de cette tendance pour en percevoir les effets dans les scores, je crains que cette attitude ne soit trop précoce pour les élections départementales. Le meilleur délai pour que le Parti socialiste puisse en bénéficier serait donc pour les élections régionales en fin d'année. Et pour la favoriser, il faudrait que l'euro reste bas, que le chômage baisse sensiblement, que la consommation augmente, qu'une grande entreprise vienne en France... Soit des événements symboliques ou médiatiquement puissants.

La perception de la crise par les Français a-t-elle toujours été accordée à la réalité économique ? Quelles ont été les grandes causes de l'évolution de l'opinion depuis son origine ?

Nicolas Goetzmann : La première vague de forte baisse de confiance des Français dans l’économie a débuté à la mi 2007, notamment suite au déclenchement de la crise des subprimes aux Etats Unis, et à sa propagation dans les milieux bancaires tout autour du globe. L’affaire "Kerviel" éclate en janvier 2008 et vient alourdir le déjà faible climat de confiance dans les banques. Et la première grande faillite date de mars 2008 avec la banque d’affaires Bear Stearns, soit 6 mois avant la chute de Lehman Brothers. Le déroulé se poursuit jusqu’à l’automne 2008, ou la crise financière atteint son paroxysme. Les Français sont alors totalement recroquevillés sur eux-mêmes. Les différents indices de confiance marquent alors leur plus bas historique. Le premier retournement de tendance va avoir lieu dès 2009, l’activité repart doucement, même si le niveau de base est très faible. Pour les Français, la perception est que le plus "dur" est passé et que les choses vont s’améliorer. Cette embellie va perdurer jusqu’en avril 2011, date à laquelle la Banque centrale européenne va commettre une erreur colossale en resserrant ses taux d’intérêts, bien trop tôt. C’est un nouveau point de départ pour la perte de confiance des français dans leur économie, qui se couple avec une incapacité des autorités européennes à répondre efficacement aux problèmes de la Grèce, de l’Espagne etc…Le climat est à nouveau très anxiogène. Et le chômage va parfaitement suivre cette tendance, car le mois d’avril 2011 marque également le point de départ de la seconde "jambe" de hausse du taux de chômage dans le pays. Une hausse qui ne s’est interrompue que le mois dernier, et qui doit encore être confirmée lors des mois à venir.

Ce qui est également perceptible, c’est une accentuation du niveau de défiance dans le temps qui témoigne d’une certaine lassitude. Si les français sont plus pessimistes aujourd’hui qu’ils ne l’étaient en 2009, cela traduit une accoutumance à la crise, le sentiment de déclin s’ancre dans les esprits. Les variations sont perceptibles, mais "l’impact" est plus présent aujourd’hui qu’il ne l’était il y à 6 ans. 

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