Sondage : une large majorité de Français estime que ni Juppé ni Sarkozy ne géreraient mieux les mouvements sociaux actuels que le gouvernement (mais les Républicains pensent que l’ancien Président ferait mieux que le maire de Bordeaux)<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Sondage : une large majorité de Français estime que ni Juppé ni Sarkozy ne géreraient mieux les mouvements sociaux actuels que le gouvernement (mais les Républicains pensent que l’ancien Président ferait mieux que le maire de Bordeaux)
©Reuters

Info Atlantico

Seuls Alain Juppé (26%) et Nicolas Sarkozy (23%) se démarquent réellement des autres candidats testés à la question de savoir s'ils géreraient mieux ou non la mise en place de réformes libérales.

Philippe Bilger

Philippe Bilger

Philippe Bilger est président de l'Institut de la parole. Il a exercé pendant plus de vingt ans la fonction d'avocat général à la Cour d'assises de Paris, et est aujourd'hui magistrat honoraire. Il a été amené à requérir dans des grandes affaires qui ont défrayé la chronique judiciaire et politique (Le Pen, Duverger-Pétain, René Bousquet, Bob Denard, le gang des Barbares, Hélène Castel, etc.), mais aussi dans les grands scandales financiers des années 1990 (affaire Carrefour du développement, Pasqua). Il est l'auteur de La France en miettes (éditions Fayard), Ordre et Désordre (éditions Le Passeur, 2015). En 2017, il a publié La parole, rien qu'elle et Moi, Emmanuel Macron, je me dis que..., tous les deux aux Editions Le Cerf.

Voir la bio »

Atlantico : Dans quel contexte ce sondage a-t-il été réalisé ?

Jérôme Fourquet : Les questions de ce sondage ont été posées dans un contexte de contestation sociale qui s'installe dans la durée en France, contre la loi El Khomri portée par un gouvernement de gauche. Mais aussi dans un contexte où on retrouve une droite dont les principaux candidats développent leurs propositions dans la perspective des primaires, notamment en matière économique et sociale, exercice dans lequel ils défendent des réformes libérales assez ambitieuses. Certains de ces candidats critiquent le gouvernement en disant qu'il n'est pas à la hauteur des enjeux, et que la loi serait vidée de ses dispositions vraiment intéressantes tout en provoquant un blocage du pays.

La réflexion était donc de savoir quelles étaient les perceptions des Français à la fois sur la manière de mener des réformes en matière économique et sociale, de choisir la négociation ou de le faire de manière éclair dès le lendemain des élections. Nous avons aussi cherché à savoir quels regards ils portent sur la capacité prêtée à ces différents protagonistes de faire face si d'aventure la droite était élue et si la droite décidait de mettre en application leurs mesures libérales.

Un certain nombre de ces candidats, en plus de présenter des réformes très libérales, souhaitent également convaincre de leur aptitude à faire face à des mouvements de grogne de l'opinion et à accomplir ces réformes. Cette enquête tente de montrer ce qu'en pensent les Français.

Quels enseignements peut-on donc en tirer, principalement pour les candidats à la primaire de la droite ?

Quand on regarde les résultats, entre 50% et 64% des Français, soit plus d'un sur deux estiment que dans la même situation les 4 candidats ne feraient pas mieux. Cela relativise le scénario d'une réforme libérale rapide en cas de victoire de la droite, la fameuse formule "tout dire maintenant pour tout faire après". Certains de ces candidats pensent que François Hollande paye aujourd'hui le décalage entre sa politique et son discours du Bourget. Ce n'est pas complètement faux, mais en adoptant uniquement cette explication, on fait l'économie de la question de savoir s'ils ne seront pas eux aussi confrontés à des mobilisations…On peut aussi penser qu'ils anticipent des répliques de cette séquences si la droite arrive au pouvoir en 2017.

Hormis Alain Juppé (26%), les Français pensent d'une manière générale qu'ils gèreraient ces réformes de la même manière que François Hollande. Dans le détail, chez les sympathisants LR, une hiérarchie s'opèrent entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy et de l'autre côté des personnalités comme François Fillon et Bruno Le Maire qui ne les trouve pas très crédible, même pour François Fillon qui a pourtant le programme le plus ambitieux. La plupart des Français pensent qu'il ferait moins bien ou la même chose.

Sur la capacité à tenir le choc avec les mouvements sociaux, chez les sympathisants LR, Nicolas Sarkozy a une petite prime devant Alain Juppé. C'est peut-être la conséquence de ses apparitions médiatiques et de ses déclarations sur sa propre capacité, pendant ses précédents mandats, à tenir tête aux contestataires.

Les sympathisants centristes sont sans surprise très juppéistes, et l'électorat de gauche pense que Nicolas Sarkozy et Alain Juppé géreraient ces réformes de la même manière que le gouvernement actuel.

Sur la troisième question, à savoir comment le gouvernement devrait procéder pour mener ces réformes, le pays est littéralement coupé en deux : 49% qui pensent qu'il va falloir travailler très rapidement, par ordonnance ou référendum et en passant outre les corps intermédiaires.

Et la même proportion pense qu'il faut associer largement la représentation nationale et les partenaires sociaux au débat.

Il est très intéressant pour éclairer toute la primaire de droite : un Français sur deux pense que réformer très rapidement n'est pas la bonne méthode.

Ce rapport de force varie très sensiblement selon les familles politiques : l'électorat socialiste est lui aussi coupé en deux. La culture de gauche les pousse à dire qu'il faut être dans la concertation, et les autres qui sont dans une ligne plus vallsiste sont dans la logique inverse, mais il y a peu de chances que ce niveau de réponse se retrouve en cas de victoire de la droite. A droite, ce rapport est à 60-40, loin de ce que l'on aurait pu imaginer.

Le pole réformateur se retrouve par contre chez les sympathisants centristes avec 76% pour la rapidité. Le Front national, lui est coupé en deux. La suite des opérations pour la droite est loin d'être tranquille…

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !