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Skybox : pourquoi la dernière acquisition de Google va changer le monde
©Reuters

Suprématie technologique

Google a pris possession de Skybox, un spécialiste de l'imagerie satellite. Pour la première fois, le mastodonte va avoir accès à des données encore jamais tombées dans le domaine privé. Petit tour d'horizon des nouvelles capacités du roi du Web.

Mickaël Bazoge

Mickaël Bazoge

Mickaël Bazoge est un spécialiste de la mobilité et de l'informatique portable. Naviguant entre Paris et Montréal, il est rédacteur pour plusieurs sites web orientés geek, Apple, mais aussi économiques.

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Atlantico : Google vient de prendre possession du spécialiste de l'imagerie satellite Skybox, c'est notamment la première fois qu'une institution hors de l'armée a accès à ce genre de données. Que va permettre cette acquisition à Google ? Quels sont les services que Google va pouvoir améliorer ?  

Mickaël Bazoge : Skybox Imaging est une société spécialisée dans les satellites dotés de systèmes d’imagerie en haute résolution. La première utilisation des photographies de la planète tirées de ces satellites est évidente pour Google : le moteur de recherche possède avec Google Maps et Google Earth deux outils de cartographie parmi les plus populaires et les plus précis du marché. Malgré les milliards investis par Google, Nokia, Microsoft et les autres, aucune autre société ne peut prétendre à l’exhaustivité de ces applications de Google.
Google n’en fait d’ailleurs aucun mystère : Skybox va servir à améliorer et mettre à jour la base de données photographiques de ces deux services de cartographie, et ainsi conserver le leadership dans ce domaine stratégique qui, comme on voit, demande des investissements colossaux (Google a dépensé 500 millions de dollars pour Skybox).
Mais ça n’est pas là le seul intérêt pour le moteur de recherche. À terme, l’expertise et le savoir-faire des équipes de Skybox seront mises à profit pour d’une part, améliorer l’accès internet dans des zones du monde reculées ou très mal desservies, et d’autre part pour prévenir et documenter les catastrophes naturelles. 

Google va avoir un oeil sur le monde et notamment développer l'accès à Internet dans les zones complexes, mais que va apporter de plus le géant du web ? 

L’accès à internet dans les zones les moins bien servies (on pense à l’Afrique subsaharienne, l’Asie du sud-est, l’Inde, certains coins reculés de Chine…) est primordial pour les grandes entreprises du net. Google et Facebook se sont d’ailleurs lancés dans une véritable "course à l’armement" en multipliant les acquisitions d’entreprises spécialisées dans le secteur aérien. Google a par exemple racheté en avril Titan Aerospace, une start-up constructeur de drones ; l’entreprise a également mis sur pied avec le projet Loon des ballons atmosphériques capables de relayer internet par les airs.
L’idée est typique de l’esprit qui souffle dans la Silicon Valley. Il y a un aspect "humaniste" qui est d’offrir un accès internet à tous. L’autre volet est plus commercial : en proposant un accès facile et abordable au net, Google et Facebook recrutent des utilisateurs supplémentaires. Facebook compte plus d’un milliard d’abonnés, et recruter le second milliard va nécessiter d’investir aussi dans l’accès internet.

Google avance qu'en cas de catastrophes naturelles ou autre, il pourra permettre des interventions plus rapide. Va-t-il sur un terrain qui n'est pas le sien ? Qu'est ce qu'il apportera de plus que les autorités ? 

On peut parier que les moyens déployés par Google sont sans commune mesure avec ceux que peuvent investir des États dont les caisses sont vides. L’intérêt du moteur de recherche dans cette prévention des catastrophes naturelles est ici de l'ordre de l’image de marque; une fois les satellites dans l’espace, il ne coûte pas très cher de développer une application mobile qui préviendra les utilisateurs de l’imminence d’un tsunami. Cela renforce l’aspect sympathique de Google — qui souffre par ailleurs d’être mal vu par de plus en plus d’utilisateurs reprochant à l’entreprise de se montrer trop indiscrète. La société veut prouver au passage qu’une entreprise privée peut faire mieux et moins cher qu’un service public, ce qui est tout à fait dans l’esprit libéral, presque libertarien, de la Silicon Valley.

Quels sont les risques liés au fait qu'une entreprise privée détienne les mêmes capacités que l'armée ? Quelles sont les dérives possibles ? 

Il ne faut pas oublier une chose. Google est une entreprise dont le coeur battant n’est autre qu’une agence de placement publicitaire. Plus le nombre d’utilisateurs est important, plus cela rapporte à Google dont l’affichage de bandeaux au plus grand nombre est le modèle économique. Tous ces investissements ont un but principal, qui est de multiplier les utilisateurs : plus d’yeux derrière un écran, c’est de l’audience supplémentaire. Et pratiquement captive.
En ce qui concerne les craintes de voir une entreprise privée prendre le pas sur l’armée ou se constituer des technologies capables de rivaliser avec les moyens de défense d’un État, c’est méconnaitre le fonctionnement même et les relations entre le privé et la Défense aux États-Unis. Chacun ont des intérêts communs bien compris.
Le danger est qu’une technologie développée par Google devienne plus intelligente que les humains. Mais on est dans le domaine de la science-fiction…

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