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Si Trump réformait le capitalisme en le protégeant ?
©SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

L’avantage de ne pas avoir de dogme, c’est que l’on peut faire tout et son contraire. Trump apparaît comme le champion des riches, et comparé à lui, ce que Macron fait en France, où la classe politique a encore difficilement dépassé l’après union soviétique, apparaîtrait comme un socialisme léger.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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L’avantage de ne pas avoir de dogme, c’est que l’on peut faire tout et son contraire, ou ce qui apparaît comme son contraire. Trump apparaît comme le champion des riches, et comparé à lui, ce que Macron fait en France, où la classe politique a encore difficilement dépassé l’après union soviétique, apparaîtrait comme un socialisme léger. Trump a misé sur le « ruissellement », cette théorie qui veut que l’enrichissement des uns rejaillisse inévitablement sur les autres. Tous les autres. Dans des proportions diverses bien entendu.

C’est partiellement vrai d’ailleurs, mais pour le moment ce n’est pas un mouvement de fonds, puisque les USA, comme l’Europe, connaissent une dégénérescence identique de la classe moyenne, qui se paupérise, une frange croissante, localisée en dehors des grandes villes, qui meurt, rien de moins, et une petite partie, qui effectivement s’enrichit, parmi les cadres.

Trump baisse les impôts, les charges, et la bourse américaine est au bord de l’orgasme, ne parvenant même plus à trouver les aigus nécessaires, tant son chant du cygne pourrait à la fois briser les verres et consolider l’arrivée inévitable, d’une crise financière majeure, à moins de 3 ans. Selon la plupart des grands financiers en tous cas. Mais les crises font aussi des heureux..

Trump apparaît, pour l’Europe, comme le président inconséquent, d’une classe de copains du business, qui lui soufflent des mesures qui pourraient profiter à ses propres affaires, quand il redeviendra citoyen. Il serait corrompu, versatile, léger, incapable de concentration. C’est certainement largement vrai. Mais il surprend aussi et de façon impressionnante, comme pour cette dernière annonce faite cette semaine. Une annonce, qui si elle se confirmait, pourrait changer le visage du capitalisme pour le siècle à venir.

J’écrivais dans ces colonnes il n’y a pas si longtemps, que certaines femmes et hommes de la finance, avaient le pouvoir de changer notre univers, en relativement peu de temps, si nous donnions à cette finance la capacité de s’investir autrement. Tout commence par changer l’objectif, les modalités, et le terme des investissements. De changer les critères de réussite d’un investissement. Mais surtout, de tuer la maladie du court terme, et de laisser au long terme la possibilité de redevenir l’étalon de mesure de la réussite d’une économie et d’une société. Bertrand Badré, Larry Fink, Elisabeth Corley, Lynn de Rothschild, autant de champions de ce qui est nommé l’impact investing, autant de champion de l’éradication du court terme, comme étalon de temps pour gouverner le monde.

Si Trump réussissait à interdire la production de résultats trimestriels, comme il a annoncé vouloir le faire, sous la pression amicale de personnes à qui il voue une forme d’admiration, comme Waren Buffet, il pourrait changer le monde en moins de 5 ans.

Interdire la production trimestrielle reviendrait à transformer toutes les habitudes de la finance, sur la totalité de sa chaîne de valeur. Obligés de se passer du trimestre, elle se concentrera sur l’année, pour commencer. Des observations à 2, 3 ou 5 ans pourraient être amenées à se développer. Les directions auront plus de temps pour réfléchir à leur stratégie, qui sera moins centrée sur le cours de bourse quotidien, qui lui même devra se chercher d’autres indicateurs pour dicter ses variations. Ceux qui parient à la seconde ou au quotidien, devront revoir leurs sales habitudes et se souvenir qu’une entreprise c’est du temps. Et si dans le même temps, l’impact investing fait son chemin, la totalité de la chaîne s’en trouvera modifiée. Et Trump pourrait revendiquer la plus grande révolution financière jamais réalisée en 50 ans.

La théorie du chaos serait à nouveau vérifiée. Si il parvient à faire passer cette mesure, le chaos aura prouvé une fois de plus, que du positif peut sortir du néant. Ce qui est une assez bonne définition de la politique de Trump. On est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle, quelque soit la situation et l’homme. Pour le coup, si il passe, je lui brûle un cierge et j’en ferai avec plaisir l’invité d’honneur de l’événement mondial que nous organisons à Monaco, le 28 novembre prochain, Day One (www.dayone-event.com ) dont l’un des objectifs et de promouvoir l’impact investing comme moyen d’adapter et de revenir à la raison pour ce système capitaliste, dont les dérives sont délirantes, mais qui a le pouvoir de se réformer, car il reste le meilleur qu’on ait inventé.

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