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Semaine cata pour Facebook : 120 milliards de dollars partis en fumée après avoir perdu 19% de sa valeur
©GERARD JULIEN / AFP

Business

Alerte rouge ou ajustement salutaire,les marchés financiers ont sévèrement sanctionné Facebook, le champion mondial de l’économie digitale, cette semaine.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les marchés financiers ont donc sévèrement sanctionné Facebook puisqu’en quelques heures, le groupe de Mark Zuckerberg a perdu jusqu'à 25% de sa valeur, pour stabiliser sa chute à 19% en fin de semaine. Facebook a donc cédé près de 120 milliards de dollars en valeur. 120 milliards partis en fumée.

Alors, beaucoup expliqueront qu’il ne s’agit que de valeur boursière, laquelle retrouve ses niveaux de l‘année dernière, sans doute, sauf que cette cotation reflète l’appréciation des analystes et des épargnants qui ont été surpris des résultats du dernier semestre et surtout qui s’inquiètent des perspectives qui vont obliger l’entreprise à modifier son modèle.

Et pour beaucoup d’observateurs, Facebook est à la veille d’une crise structurelle qui va bouleverser complètementl’entreprise. Après les nombreux scandales, et notamment l’affaire Cambridge Analytica,le réseau social a connu une nouvelle baisse du nombre d’utilisateurs et de son chiffre d’affaires au deuxième trimestre de cette année.

« Nous vivons une année cruciale » a expliqué Mark Zuckerberg après la publication de ses résultats trimestriels« Nous investissons tellement dans nos systèmes de sécurité que cela va commencer à avoir un effet sur notre rentabilité, nous commençons à le voir ce trimestre » déclarait-il pour expliquer la déception sur les résultats.

Facebook comptabilisait à la fin de ce deuxième trimestre 2,23 milliards d’utilisateurs mensuels actifs (+11 %), mais moins que les 2,25 milliards anticipés par les marchés. Mêmephénomène sur le nombre d’utilisateurs quotidiens actifs, Facebook n’est qu’à 1,47 milliard alors que les marchés en attendaient 1,49 milliard.

Les raisons de ce reflux sont évidentes. Sur le coup, les scandales n‘ont pas eu d’incidence à très court terme, sauf qu’ils ont marqué la nécessité de modifier les procédures. Par ailleurs, la mise en œuvre de la RGPD dans l’Union européenneaaccéléré la prise de conscience des utilisateurs de Facebook sur les risques de dérive dans l’utilisation des donnéespersonnelles.

Risques d’autant plus ressentis que les explications données par Mark Zuckerberg n’ont pas toujours été très clairement perçues.

En fait, Facebook a provoqué depuis quelques mois un débat quasi religieux dans le monde des affaires et des analystes financiers sur son avenir.

Une partie des observateurs, des partenaires, des salariés, des actionnaires et des clients, considèrent que Facebook est arrivé à un moment où l’entreprise va être obligée de consentir à des investissements considérables pour modifier son modèle et accroitre la sécurité sur la confidentialité des données. Facebook, avec ses plus de 2 milliards de visiteurs dans le monde, est devenu le phénomène incontournable de l’économie digitale. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’y a pas d’autres entreprises qui connaitraient aussi intimement autant de clients. L’usager de Facebook passe en moyenne 54 minutes par jour sur l‘application et livre une quantité d’informations d’ordre privé, voire intime, absolument gigantesques, qui sont ensuite utilisées par l‘ensemble des acteurs de l’économie pour approcher au plus près ses clients.

Pour Facebook, le recrutement de nouveaux visiteurs n’est sans doute pas saturé, mais la monétisation de toutes ces datas commence à poser problème.

D’un côté, l’ensemble de l’économie a besoin de connaître les clients et Facebook est évidemment très bien équipé pour apporter cette connaissance. De l’autre, ces datas sont tellement riches que Facebook est en risque de piratage à des fins politiques ou idéologiques.

Enfin, le système qui consiste à récupérer (sans les payer) des données personnelles qu'on va ensuite vendre à des entreprises pour affiner leur business commence à soulever chez les utilisateurs de Facebook un questionnement légitime. Questionnement d’autant plus légitime que Facebook est désormais en position hégémonique puisque l'entreprise draine désormais plus de la moitié des budgets de publicité digitale dans le monde 

Facebook ne pourra poursuivre son activité et croitre que si et seulement si les dirigeants apportent la garantie absolue que les données personnelles récoltées seront protégées.

Si le contrat de confiance n’est pas renforcé, Facebook va affronter la mauvaise humeur de ses utilisateurs, la méfiance des annonceurs et la grogne des pouvoirs politiques. Si la Chine a interdit Facebook sur son territoire, c’est bien parce que les dirigeants chinois ont compris l’intérêt qu’il pouvait y avoir dans la connaissance des données personnelles de leur population.

La construction d’un contrat de confiance nécessite un système de garantie absolue avec procédure de transparence et de contrôle infaillible.

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