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Seconde baisse consécutive de la natalité en France : les dessous choc des statistiques de l’INSEE
©Reuters

Naissance

785 000 nourrissons ont vu le jour en 2016 en France, soit 14 000 de moins qu'en 2015, selon le bilan démographique annuel dévoilé mardi par l'Insee.

L'Insee a publié mardi les chiffres de la fécondité et de la natalité en France en 2016. Pour la deuxième année consécutive, le nombre de naissance a baissé l'an dernier de 14 000. Comment l'expliquez-vous, doit-on parler de problème structurel de la démographie française ?

Laurent Chalard : Deux facteurs sont à l’origine de la diminution du nombre de naissances, qui est continue, pour ce qui concerne la France Métropolitaine, depuis le pic de 802 000 naissances atteint en 2010, soit depuis six ans et non depuis deux ans.

Le premier est un facteur d’ordre structurel, qui est la diminution du nombre de femmes en âge de procréer au fur-et-à-mesure du temps du fait que les femmes des classes nombreuses du baby boom arrivées à la fin de leur période féconde sont remplacées par des générations de femmes en âge de procréer un peu moins nombreuses.

Le deuxième facteur explicatif est la réduction de l’indice de fécondité, qu’on a pu considérer comme conjoncturel dans un premier temps, mais dont la pérennité année par année semble indiquer qu’il prenne, lui aussi, un caractère structurel. En effet, après avoir atteint un maximum en 2010, au-dessus de 2 enfants par femme, l’indice de fécondité diminue régulièrement depuis, se situant à 1,91 enfant par femme en 2016 pour la France entière hors Mayotte (un peu moins pour la France métropolitaine). La tendance à la baisse reste modeste, mais elle semble durable.

L'étude pointe par ailleurs le fait que la baisse de la fécondité, particulièrement marquée chez les femmes âgées de 25 à 29 ans, n'est plus compensée par celles aux âges plus élevés comme c'était le cas jusqu'alors. Quel effet cette baisse laisse-t-elle présager sur la population française à venir ? Le report d'une naissance par toute une tranche d'âge diminue-t-elle également le potentiel de naissances à venir ?

Cette contestation, si elle venait à se confirmer les prochaines années, est plutôt une mauvaise nouvelle pour les partisans d’une natalité soutenue. En effet, jusqu’ici, le rebond de la fécondité chez les femmes plus âgées, produit d’un décalage dans le temps du calendrier de procréation, était, en large partie, à l’origine de la remontée de la fécondité constatée dans les années 2000. Or, cette tendance semble prendre fin. En conséquence, si elle se maintient dans le futur, le nombre de naissances pourrait continuer de se réduire, d’autant que le recul de l’âge à la première maternité se poursuit.
Oui, les enfants non nés une année produisent des classes d’âge peu nombreuses, qui entraîneront mécaniquement une baisse des naissances lorsqu’elles arriveront à l’âge adulte en l’absence de relèvement sensible de leur fécondité par rapport aux classes d’âge précédentes.   

L'étude souligne également la baisse du nombre de femmes en âge de procréer, celles nées pendant le baby-boom sortant de la tranche d'âge précédente. Quelle explication apporter au fait que le baby-boom ait commencé en France en 1942 en pleine occupation ?

En suivant une définition stricte, on ne peut dire que le baby boom ait commencé en 1942, puisque le nombre de naissances cette année-là était moindre qu’en 1939. Le baby boom a réellement commencé en 1946, juste après la guerre, avec une augmentation de 200 000 naissances en une année et de près de 0,7 point de fécondité. Par contre, il est vrai que la fécondité a commencé sa progression à partir de 1942 retrouvant dès 1944 le niveau du début des années 1930. Si certains chercheurs considèrent que cette évolution est le produit de la politique familiale engagée par le gouvernement de Vichy, cela peut tout aussi bien être interprété comme, dans un premier temps, un rebond lié à la paix fragile retrouvée après 1940, année terrible, à l’origine de la faible fécondité de 1941, puis, dans un second temps, comme une conséquence de la perspective de la défaite des nazis, rendant un avenir meilleur vraisemblable, favorable à une hausse de la fécondité.

Sur les 785 000 bébés qui sont nés, quelle est la part de ceux dont les parents sont issus de l'immigration (un ou deux parents étrangers) ? Cette part pourrait-elle être amenée à augmenter au vu des différentes politiques en matière d'aides sociales ?

Pour l’année écoulée, l’Insee n’a, pour l’instant, fourni que des chiffres provisoires, qui ne détaillent pas les naissances selon le statut juridique des parents. Nous savons cependant qu’entre 2011 et 2015, la part des naissances issues d’un ou deux parents étrangers a augmenté de 6 % alors que les naissances issues de deux parents français avaient diminué de près de 8 %. Sans prendre trop de risque, il est fort probable que la tendance s’est poursuivie en 2016, puisque le solde migratoire demeure largement positif.
En théorie, il n’y a aucune raison que cette part augmente du fait des différentes politiques en matière d’aides sociales, puisque ces populations sont autant concernées que les autres par les évolutions de la législation en la matière. Cependant, en pratique, il est vrai que les catégories populaires, dont font partie une large part des populations étrangères, adoptent moins systématiquement leur fécondité en fonction des modifications des politiques d’allocations familiales que les classes moyennes, qui y sont beaucoup plus sensibles.

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