Mauvaise nouvelle : il fait beau<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Si vous croisez du blé qui fait cette tête-là en juin, l'été sera chaud et la rentrée encore plus.
Si vous croisez du blé qui fait cette tête-là en juin, l'été sera chaud et la rentrée encore plus.
©

2011, une sécheresse pire que 1976 ?

La France a... chaud. Et s'en réjouit. Les terrasses ne désemplissent pas, les plages ont des airs de mois de juillet, mais... les agriculteurs - et les préfets - commencent à paniquer. En ligne de mire, le spectre de la dramatique sécheresse de 1976. EDITORIAL

Cafetiers et restaurateurs se frottent les mains : la saison démarre sur les chapeaux de roues, avec des terrasses qui ne désemplissent pas. Des températures de rêve, un soleil chaleureux mais encore supportable même à midi – 14 heures à l’heure légale à Paris - et surtout… pas un nuage à l’horizon.

Seulement, il est là le gros problème. Après deux années un brin humides pour ne pas dire mouillées, qui  étaient finalement très fidèles au modèle climatique français, à savoir tempéré, mi-océanique, mi-continental, voici que l’année 2011 s’annonce très ensoleillée… et aussi très sèche.

Dans le schéma « on nous cache tout, on nous dit rien », si la crainte d’une sécheresse majeure n’est pas encore brandie en France par l’organisme officiel – Météo France est une établissement public administratif (EPA) dépendant donc directement de l’Etat – nos voisins suisses tablent déjà sur une sécheresse plus grave que celle de… 1976. Les quatre premiers mois de 2011 y sont en effet pires que l’année de référence pour tous les météorologues en Europe. Pires, car encore plus secs.

D’accord, la Suisse n’est pas la France, mais les symptômes sont les mêmes dans l’hexagone. D’ailleurs, Météo Consult, le « premier bureau européen d’études météorologiques opérationnel privé » a lui, tiré la sonnette d’alarme.  Début avril, Météo Consult évaluait le déficit de pluviométrie à -50 voire -80 % sur une large partie du territoire français. Depuis le début du mois, la situation s’est largement aggravée – à la grande joie, donc, des cafetiers et restaurateurs. – 99 % à Brest et à Perpignan, -97 % à Nice, -95 % à Bastia, - 84 % à Lille, - 83 % à Bordeaux, - 82 % à Paris, - 77 % à Strasbourg et seulement – 72 % à Lyon.

La sécheresse 2011, aux abonnés absents de Météo France...

Pourquoi se plaindre, s’il fait beau ? Toute une partie de l’économie – et des français – ne peut que s’en réjouir. Quand la température monte d’un degré, les marchands de bière et de glace voient leur chiffre d’affaires progresser de 7 %, tous les forains savent cela. Seulement voilà, une autre partie de l’économie commence déjà à tirer la langue. Rappelons nous simplement que l’an dernier, l’Ukraine avait vu sa production de blé tomber à 13 millions de tonnes, contre 24 millions l’année précédente, et ce entre autre à cause… de la sécheresse qui y sévissait.  Conséquence, l’Ukraine n’avait pas exporté.

Seuls trois pays – au monde ! - étaient en situation de compenser la baisse de production ukrainienne : les Etats-Unis, la France, et dans une moindre mesure, l’Argentine. Cela n'a pas empêché les prix du blé de bondir sur les marchés internationaux.  Le vrai grenier à blé de l’Europe, c’est la France, avec ses 36,2 millions de tonnes de blé récoltées l’an dernier, dont la moitié est exportée. Si la France tire la langue pour fournir son pain quotidien à ses clients habituels en fin d'année, le marché des matières premières agricoles fera un nouveau bond. D'où sont parties les révolutions arabes ? Du prix des matières premières, et au premier lieu, de la farine.

Si nous manquons d’eau dès le mois d’avril en France, au moment ou la flore est en pleine croissance et réclame de grosses ressources hydriques, les vacances de Pâques au soleil risquent de se payer cher dans quelques mois. Attendez vous à voir des agriculteurs – et pas que des céréaliers – pleurer sur leurs récoltes perdues, ou en voie de l’être.

A ce moment là, je vous le donne en mille, qui sera responsable ?

L’Etat.

Nous sommes en France, que diable.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !