Science du climat : pourquoi les travaux des lauréats du Prix Nobel de physique sont une avancée majeure (et vers quoi…)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les membres du Comité Nobel devant un écran affichant les co-lauréats du Prix Nobel de physique 2021, Syukuro Manabe, Klaus Hasselmann et Giorgio Parisi à Stockholm, le 5 octobre 2021.
Les membres du Comité Nobel devant un écran affichant les co-lauréats du Prix Nobel de physique 2021, Syukuro Manabe, Klaus Hasselmann et Giorgio Parisi à Stockholm, le 5 octobre 2021.
©JONATHAN NACKSTRAND / AFP

Lauréats

Le prix Nobel de physique 2021 a récompensé deux experts de la modélisation physique du changement climatique, Syukuro Manabe et Klaus Hasselmann, ainsi qu'un théoricien des systèmes physiques complexes, Giorgio Parisi. Leurs travaux vont-ils permettre de mieux comprendre et d'agir efficacement contre le réchauffement climatique ? 

Anna Alter

Anna Alter

Anna Alter est journaliste et écrivain. Docteur en astrophysique, elle a été journaliste à Science et Vie, à l'Evènement du jeudi, grand reporter à Marianne et rédactrice en chef adjointe de La Recherche. 

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Atlantico : Le prix Nobel de physique 2021 a été accordé aux trois chercheurs Syukuro Manabe, Klaus Hasselmann et Giorgio Parisi pour leur prédiction de l’impact du réchauffement climatique sur la planète. Qu’ont-ils découvert du comportement climatique ?

Anna Alter : Ils sont trois, un japonais naturalisé américain, un allemand et un italien à avoir été récompensés par l’Académie Royale des Sciences de Suède pour leurs travaux sur les systèmes complexes dont le plus bel exemple est le climat de notre planète mais ce n’est pas le seul, nous en avons un aussi dans nos têtes où les interactions non linéaires entre neurones provoquent des tempêtes sous le crâne. Selon les mots du jury de Stockholm, le  Nobel de physique 2021 a été décerné à ce trio de chercheurs pour leurs « contributions révolutionnaires à notre  compréhension des systèmes physiques complexes ». Les deux premiers lauréats qui ont déjà reçu ensemble un prix moins prestigieux attribué par le groupe financier multinational BBVA, travaillent depuis des lustres sur le climat et vont se partager la moitié de la somme du Nobel de cette année. Syukuro Manabe est un pionnier de la modélisation et de l’utilisation de l’informatique dans les simulations du changement climatique, c’est à lui que nous devons la compréhension détaillée de l’effet de serre produit par le dioxyde de carbone qu’injectent dans l’atmosphère les tuyaux d’échappement de nos voitures et les cheminées d’usine. Dès les années 60, il a montré comment et combien une augmentation des niveaux de CO2 dans l’air entraînait une montée de la température globale de la Terre. Dix ans plus tard,  Klaus Hasselmann a mis la main à la pâte et montré que les systèmes complexes qui induisent des effets chaotiques rendent impossible les prédictions météorologiques à long terme, mais permettent en revanche de prévoir l’évolution du climat sur des décennies voire des siècles. Il a également démontré que le changement climatique en cours était bien dû aux émissions de gaz carbonique de l’humanité. Enfin le troisième homme, l’italien Giorgio Parisi qui a remporté dans les années 90 beaucoup de médailles va recevoir l’autre moitié de la somme pour « la découverte des interactions entre l’état désordonné et les fluctuations dans les systèmes complexes de l’échelle atomique à l’échelle planétaire », autrement dit des recherches beaucoup plus générales qui portent sur l’action de l’infiniment complexe dans l’infiniment petit et au niveau de notre planète plongée dans l’infiniment grand.

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Comment leurs travaux permettront-ils de comprendre le réchauffement climatique ? 

Le Nobel ne récompense pas des travaux récents mais qui ont fait leurs preuves, les premiers résultats des lauréats remontent aux années 60- 70, seulement pour les faire entrer dans les crânes et les mœurs il y a encore du boulot. Ces travaux qui ne datent pas d’hier permettent déjà de comprendre en théorie le changement climatique en cour et démontre que l’homme y joue un rôle non négligeable, ce qui n’empêche pas en pratique les « climatosceptiques » de dire le contraire en invoquant les fluctuations de l’activité solaire et l’histoire mouvementée de notre planète qui est passée par des chauds et des froids au cours des temps géologiques. Nous vivons actuellement dans un âge interglaciaire très long qui nous a permis de développer notre civilisation, mais demain nous pourrions à nouveau être pris dans les glaces et un réchauffement du climat qui compenserait le gel général serait même le bienvenu, sauf qu’aujourd’hui le changement climatique est tellement rapide qu’il est inexplicable autrement que par l’activité humaine et si nous ne prenons pas de dispositions draconiennes à présent nous n’atteindrons sans doute jamais cet âge glaciaire futur.

Ces découvertes pourraient-elles influer  sur les dirigeants de la planète afin de les faire agir sur le climat ? 

Elles auraient dû influer sur les dirigeants de notre planète, mais ne l’ont pas fait jusqu’à présent. Espérons que le Nobel leur redonnera du poids pour peser sur les politiques qui réagissent en paroles mais n’agissent que très mollement alors qu’il y a urgence. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », avait reconnu Jacques Chirac en 2002.

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