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Scandale dans l’athlétisme : ce "11 Septembre" que la Russie a fomenté contre elle-même
©Reuters

Roulette Russe

Si elle est reconnue coupable, la Russie pourrait reconnaître ses fautes et faire son mea culpa, à l’exemple de Volkswagen dans un autre domaine. Mais ce n'est pas l'hypothèse envisagée.

Alexandre Melnik

Alexandre Melnik

Alexandre Melnik, né à Moscou, est professeur associé de géopolitique et responsable académique à l'ICN Business School Nancy - Metz. Ancien diplomate et speach writer à l'ambassade de Russie à Pairs, il est aussi conférencier international sur les enjeux clés de la globalisation au XXI siècle, et vient de publier sur Atlantico éditions son premier A-book : Reconnecter la France au monde - Globalisation, mode d'emploi. 

 

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Le monde du XXI siècle renforce la dimension géopolitique et globale du sport de haut niveau qui devient un puissant vecteur d"'aplatissement" de notre planète. Aujourd’hui, des millions de gens partout dans le monde, indépendamment de leurs différences socio-cultuelles, vivent et vibrent en direct, ensemble, au diapason des grands événements sportifs, comme si c’étaient  de gigantesques shows théâtraux à immédiate résonance planétaire, dont l’impact est amplifié par les réseaux sociaux avec leur cortège de réactions et de commentaires instantanés. 

Cette "maison de verre" (selon l’expression d’André Breton), où se déroulent actuellement nos vies, en ce début de nouveau millénaire, impose les nouvelles règles de la transparence totale qui s’appliquent à tous les étages de l’architecture sportive : institutions, logistique, performances des athlètes. Dans ce contexte, tout finit par se savoir, et les techniques de tricheries, de magouilles et d’arrangements "entre soi", qui constituaient il y a encore quelques années la "cuisine interne", obscure et cachée, du grand spectacle sportif, éclatent, logiquement, au grand jour, en se retournant, comme un boomerang, contre ses propres auteurs.

Voilà ce qu’il faut expliquer, en premier lieu, aux dirigeants du sport mondial qui, en essayant de gérer à l’ancienne  leurs "fonds de commerce", ne réalisent pas un véritable changement de monde, intervenu, ces dernières années, dans l’ensemble des activités humaines. Du coup, après un grand déballage à la FIFA, un nouveau tsunami s’abat sur l’univers du sport : les révélations du dopage et de la corruption généralisés au cœur de l’athlétisme russe, avec la complicité et même l’incitation de hautes instances politiques. Ce que le rapport, rendu public, de la commission indépendante de l’Agence mondiale antidopage qualifie de "dopage d’Etat".

Au fond, il s’agit du véritable "11 Septembre", que la Russie d’aujourd’hui, dirigée par un régime autoritaire et archaïque, a fomenté contre elle-même, avec un impact désastreux pour son image internationale. Car, d’une vitrine de sa prétendue force nationale, son sport, érigé en une affaire d’Etat, devient un miroir de sa faiblesse, reflétant son incompréhension des grandes tendances du développement du monde contemporain – global, instantané, interconnecté en permanence, transparent. L’étendard de sa fierté national se mue en un cache-sexe qui ne masque plus le scandaleux deal crapuleux entre ses hautes instances politiques, sportives, ses services secrets et la plupart de ses athlètes, réduits à un rôle de "machines à cash" à l’intérieur de ce système incestueux.

Face à cet effondrement d’un nouveau "village Potemkine", le leadership russe a trois options du comportement.

1.       S’ouvrir à une large enquête internationale, avec l’implication de l’ensemble des protagonistes impliqués (y compris les médias), la seule capable de confirmer ou d’infirmer, en dernier ressort, les accusations formulées par l’AMA ; en d’autres termes, se prêter au jeu de la transparence imposée par la globalisation.

2.       Reconnaître ses fautes et faire son mea culpa, à l’exemple de Volkswagen.

3.       Recourir à sa vieille recette de type soviétique : rejeter en bloc  toutes les conclusions formelles du rapport de l’AMA, en les présentant, à grand renfort de propagande, comme un nouveau complot de l’Occident (à lire les Etats-Unis) visant à "humilier" et à "détruire" la Russie.

Tout porte à croire, hélas, que la Russie, qui s’enfonce dans son auto-isolement, choisira la pire de ces options – la troisième.

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