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Saviez-vous que Londres repose sur un mille-feuille archéologique de 9 mètres dans lequel on fait des trouvailles tous les jours ?...
©DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Découvertes

Dans ses entrailles reposent des milliers d'objets et d'os miraculeusement protégés grâce à la fameuse humidité londonienne.

Au milieu de la cité britannique, il suffit presque de se baisser pour faire des découvertes étonnantes. En creusant sous la chaussée, on peut tomber sur une fresque romaine du Ier siècle, une paire de patins à glace médiévaux, une dent d’éléphant, etc. Cette plus vieille capitale d'Europe a été érigée par les Romains, les Saxons, les Normands, les Tudors, les Georges, les dandys de la Régence et les Victoriens, chacun ajoutant une strate à l’édifice. C'est pourquoi la ville repose sur un millefeuille archéologique de 9 mètre de haut, rapporte le National Geographic. L'énorme problème pour les chercheurs réside dans la densification de la métropole : plus de 8 millions d'habitants vivent sur ces trésors archéologiques.

La "Pompéi du Nord"

Mais régulièrement, de grands travaux permettent de sonder les entrailles de la ville. Et les découvertes sont plus foisonnantes les unes que les autres. Les millions d’objets exhumés relatent l’histoire d'un peuplement le long de la Tamise qui remonte à il y a quelques 11 000 ans, au début du mésolithique, jusqu'à l’époque victorienne de la fin du XIXème siècle. En outre, des milliers d'ossements de Londoniens anonymes et oubliés ont été mis à jour. "Ces fouilles nous ont fourni un aperçu saisissant de la vie des Londoniens à travers les âges", explique Don Walker, spécialiste des os au Museum of London Archaeology. "Et cela vous fait prendre conscience que vous n’êtes qu’un petit figurant dans la longue histoire de l’humanité".

En 2010, un site qui remonte à l'an 60 après JC a été révélé. Un site si exceptionnel que les archéologues l'ont baptisé "la Pompéi du Nord" : plus de 14 000 objets dont des pièces de monnaie, des amulettes, des assiettes en étain, des lampes en céramique, 250 sandales et bottes en cuir, et plus de 900 caisses de poteries ! Leur conservation admirable est dûe à la Tamise et à ses affluents. La fameuse humidité anglaise préserve les objets en cuir ou en bois qui ailleurs pourriraient ou rouilleraient.

Comprendre pourquoi la peste sévissait

Mais la fouille la plus spectaculaire a été lancée au printemps 2015, en face de la station de Liverpool Street lors du creusement d'une nouvelle liaison ferroviaire souterraine, qui doit relier le Grand Londres d'Est en Ouest. Les restes de plus de 3 300 Londoniens, morts pour la plupart au cours des XVIème et XVIIème siècles, ont été exhumés dans le premier cimetière municipal de la ville, celui de Bedlam, à une époque où la peste sévissait. A l’époque, les cimetières des églises débordaient de victimes, et les officiels décidèrent de faire bâtir un cimetière public pour répondre à l’urgence. Selon les archéologues, tout le spectre de la société y est représenté, des fous aux criminels, en passant par l’épouse d’un ancien maire de Londres. "Nous cherchons à élucider un mystère : pourquoi la peste ne s’est-elle plus jamais manifestée à Londres après 1665 ?", explique Jay Carver, l'archéologue en chef du site. "Jusqu’à cette date, c’était une visiteuse assez régulière, mais plus par la suite. Pourquoi ? Qu’est-ce qui a changé ? Nous espérons que ces tests apporteront des réponses".

Une marmite remplie de restes humains incinérés

Lorsque les archéologues ont atteint la première couche romaine de ce millefeuille londonnien, ils ont fait une découverte intrigante : une marmite encore coiffée de son couvercle, remplie de restes humains incinérés. Quelqu’un l’avait enterrée le long de la rivière, il y a environ deux mille ans. À proximité, ont aussi été retrouvés quarante crânes, sans doute ceux de criminels ou de rebelles exécutés. "Nous savions depuis longtemps que des crânes de l’époque romaine se trouvaient le long de la rivière, mais nous avions toujours supposé que le cours d’eau les avaient charriés hors d’un cimetière romain et emportés plus bas", raconte Jay Carver. Les dernières trouvailles mènent donc à une autre piste. "Nous allons devoir réexaminer les découvertes faites par ici au cours des deux derniers siècles et repenser ce qui se passait alors", juge le spécialiste.

L'intrigante "pierre de Londres"

Dans les fondations d’une ancienne banque, près de la station Cannon Street, on peut voir un bloc de calcaire : c’est la "pierre de Londres". Sa fonction originelle est inconnue, même si une légende raconte que la ville serait détruite si la pierre était enlevée ou abîmée. William Camden, antiquaire du XVIème siècle, pensait qu’elle était la borne milliaire indiquant le point zéro à partir duquel toutes les distances étaient mesurées dans la Bretagne romaine... Cette pierre est mentionnée dans des pièces de William Shakespeare et des poèmes de William Blake.

"Ce qu’est exactement la pierre de Londres reste énigmatique", reconnaît Jane Sidell, inspectrice pour Historic England, l’organisme britannique en charge de la protection des monuments historiques. "Mais cette pierre est importante dans l’histoire de la capitale."  Quand Sir Christopher Wren reconstruisit l’église Saint-Swithin après le grand incendie de 1666, il prit la peine d’ériger un édicule autour de la pierre de Londres voisine pour la protéger. C’est le premier exemple connu d’une personne qui allait faire un geste délibéré pour préserver une pièce archéologique sur un chantier.

Et aujourd'hui, ce geste se perpétue au cœur de la City...   

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