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Retour sur le meurtre du père Olivier Maire : le dévoiement de l’Etat de Droit
©©Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Protection de tous les citoyens ?

Au-delà de l’émotion qu’a suscitée le décès du père Olivier Maire, assassiné par une personne dont il s’occupait dans la plus belle expression de la charité chrétienne, ce meurtre nous rappelle combien l’ennemi de la sécurité des citoyens n’est pas celui qu’on croit.

Claude Robert

Claude Robert

Après des études supérieurs d’Arts Appliqués et de Sciences Humaines, un Master et un mémoire de DEA de Marketing et différents postes à responsabilités dans les domaines des études de marché, du marketing et de l’audit opérationnel, Claude Robert est actuellement consultant international en organisation. Il a exercé à ce jour dans près d’une trentaine de pays aux environnements politiques, ethniques et religieux les plus variés.

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Qu’un individu en situation irrégulière depuis 2012 ait pu mettre le feu à la Cathédrale de Nantes, être reconnu comme déséquilibré puis tuer l’année suivante un prêtre alors qu’il était sur le coup de quatre procédures d’OQTF dont la simple exécution aurait évité ces actes de barbarie, résume en effet la gravité du problème.

Car ce genre de crime n’a malheureusement plus rien d’exceptionnel. Il génère toujours la même consternation populaire, mais il perdure et rien ne semble pouvoir y mettre fin. 

Qui donc est cet ennemi qui nous empêche d’assurer la protection des citoyens ? 

En Europe comme chez nous, cet ennemi sournois crée des dégâts considérables. Ce n’est en réalité qu’une idéologie. Mais son déguisement en une espèce de morale implicite l’a rendue irrécusable. Tout un pan de la fonction politique s’est même affaissé sous sa férule. Au point que la plupart des Etats européens ne peuvent agir contre certains crimes avérés ou potentiels, sous couvert de préserver des intérêts devenus indiscutablement supérieurs.

Paradoxalement, tout laisse à penser que cette idéologie, parée de toutes les vertus, n’est que le triste résultat du croisement de cette charité chrétienne poussée un peu trop loin et d’un progressisme compulsif qui s’en inspire mais pour mieux la détruire. Analyse. 

Une charité chrétienne qui a mal tourné

Le meurtre récent du père Olivier Maire nous fournit une espèce de synecdoque du problème qu’il est doublement intéressant d’analyser. Mû par son souci de l’Autre, ce prêtre dévoué en a perdu la vie. La magnifique oblativité de son geste ne peut empêcher de relever une espèce d’angélisme qui confine à la naïveté. 

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Ne soyons d’ailleurs pas naïfs nous-même : avec sa générosité, son don de soi, le père Olivier Maire serait autrement plus utile à la communauté s’il s’était méfié du danger et avait assuré sa survie. N’en déplaise aux beaux sentiments qui parfois nous aveuglent, en termes froidement économiques, à fortiori épistémologiques, l’hébergement d’un déséquilibré sous procédure d’extradition s’est soldé par un échec patent. 

Il en est généralement de même de toutes les déviations du sentiment altruiste, de tous les débordements irraisonnés de l’amour de son prochain. L’Histoire fourmille d’exemples où le résultat d’une action fondamentalement généreuse s’avère à l’opposé même du but recherché, tout simplement parce que cette action allait au-delà du raisonnable : aide aux pays pauvres, salaires minimums, assurances chômage, transferts sociaux, annulation de dettes, etc… Il semble d’ailleurs que la France, pays chrétien s’il en est, cumule à elle seule un grand nombre d’exemples.  

Un courant idéologique qui n’a de progressiste que le nom 

Comme chaque fois, les raisons invoquées pour justifier des crimes commis par des personnes sous procédure d’expulsion non exécutée sont de trois ordres : 

-juridique : l’état de santé de la personne, sa situation familiale ou politique, ou un contrôle judiciaire en cours constitue un obstacle à l’expulsion ;

-administrative : les délais de traitement des demandes d’asile ou autre ne sont pas épuisés et bloquent le processus ;

-diplomatique : le pays d’origine refuse d’accueillir la personne à expulser.

Il est parfaitement vain de rentrer dans le détail technique de ces motifs. Il faut surtout en souligner le caractère ridiculement insignifiant. Bien qu’ils soient présentés comme indiscutables par la justice ou par les politiques, et qu’ils soient le fruit de règles destinées à protéger des abus, aucun de ces motifs ne peut en effet justifier l’inaction qui conduit à la mort à répétition d’innocents. 

Jusqu’à preuve du contraire, un Etat de Droit est au service de la protection de ses citoyens. Or, par un incroyable renversement des valeurs, on ne compte plus le nombre de victimes de criminels en situation irrégulière notoire, connus des services de police ou dont la présence sur le territoire n’aurait jamais dû se produire. 

De toute évidence, au fil du temps, la préservation des intérêts des minorités dominées s’est développée jusqu’à l’hypertrophie paralysante actuelle. La magnifique prise de conscience occidentale de sa propre domination sur d’autres cultures, prise de conscience forcément inspirée par les valeurs chrétiennes, a progressivement dégénéré, avec les meilleures intentions du monde, en une noria de précautions juridiques et administratives dont les effets sont devenus à présent accablants. 

La culpabilité coloniale semble avoir été une étape décisive dans ce processus de dévoiement qui fait que certaines catégories de dominés, pour des raisons d’origine ethnique ou religieuse, se trouvent surprotégés de leurs propres fautes.

A ce jour, le lien entre une certaine immigration et l’insécurité est largement démontré. Cependant, l’idéologie progressiste est devenue trop forte et empêche toute remise en question de ces montagnes de précautions juridiques prises en faveur d’étrangers provenant de cultures dont nous nous imposons d’être redevables jusqu’à une certaine forme d’abnégation. 

Des politiques qui commémorent les morts et ostracisent les pays réfractaires

Cette idéologie a tellement imprégné les mentalités qu’à chaque nouvelle victime, au lieu d’agir concrètement et à titre préventif, la classe politique fuit dans la surenchère commémorative. Le président ou l’un de ses ministres se déplace sur les lieux du crime, les hommages officiels sont médiatisés de façon grandiloquente. Tout cela n’est pourtant que du théâtre, et parfaitement inopérant, tant pour faire revivre les personnes assassinées que pour éviter celles à venir. 

Cette inaction opérationnelle camouflée derrière un rideau de surenchère cérémoniale est insupportable de cynisme. Elle constitue la preuve irréfutable d’un abandon de la fonction politique. A l’échelle européenne, cet abandon se matérialise par un ostracisme systématique des pays qui osent défier l’idéologie du moment. Parce qu’ils privilégient la sécurité de leur peuple, ils sont montrés du doigt et accusés d’être des « pays racistes ».

Cette mise au ban est d’autant plus caricaturale que la fonction première d’un Etat est au minimum d’assurer la sécurité de ses concitoyens. Ayons le courage de le dire : il n’y a rien d’égoïste ni d’immoral à cela, surtout lorsque dans les pays laxistes comme le nôtre, les crimes se reproduisent à cause de cette morale dévoyée. A ce jour, il est quasiment devenu impossible pour un pays européen de déclarer vouloir privilégier les intérêts de ses habitants et réguler les flux à ses frontières alors qu’il s’agit de la première de ses missions !  

La Communauté Européenne, et la France en particulier s’enferment dans le déni, refusent de prendre la mesure du risque que constitue l’absorption de personnes dangereuses parce qu’issues de cultures que l’on a décidé de placer au-dessus de tout. Lentement mais sûrement, sans le vouloir, l’Europe fait ainsi le lit d’un communautarisme pourtant officiellement réfuté. Elle prépare de ce fait les conditions favorables à une dissolution progressive des spécificités pourtant merveilleuses de sa propre culture, et prend le risque potentiel d’un futur chaos. Un chaos dont la teneur ne fait aucun doute : montée des racismes, recrudescence de la violence et retour du religieux.   

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