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Retour à la vie politique, arbitrage Copé-Fillon... ce qu'il se passe dans la tête de Nicolas Sarkozy
©Reuters

Bonnes feuilles

Qu'a fait Nicolas Sarkozy depuis son échec à la présidentielle de 2012 ? Patrice Machuret, dans son livre "Sa vie après l'Elysée" y répond. Ce journaliste politique a en effet menée une enquête inédite sur la vie privée comme publique d'un homme qui attend son heure... Extraits (1/2)

« Suspendues. » Le terme a été soigneusement choisi par François Fillon, et c’est Jérôme Chartier, son bras droit, qui s’en fait le porte-parole. « Depuis janvier 2013, les relations entre les deux sont suspendues. Ils se reparleront le moment venu… », insiste le député-maire de
Domont (Val-d’Oise). Nous sommes en février 2014, et l’ancien Premier ministre ne veut plus être interrogé sur le sujet. Il s’est tourné vers l’avenir et Nicolas Sarkozy n’en fait plus partie.

Le député de Paris s’estime trahi, « même si une affection réciproque demeure », précise son porte-parole. Avant, pendant et après la crise de la présidence de l’UMP, fin 2012, Fillon et Sarkozy se sont vus et ils auraient parlé en toute franchise. Du moins, le camp Fillon le croyait-il. « Dès la défaite à la présidentielle, en mai 2012, Nicolas Sarkozy a dit à François dans les yeux : “Le prochain candidat de l’UMP en 2017, ce sera toi ! Tu en as l’étoffe et la légitimité” », assure Jérôme Chartier, avant de poursuivre : « Et en même temps, à partir de la fin 2012, Nicolas Sarkozy a commencé à sous-entendre partout qu’il pourrait éventuellement redevenir candidat. Du coup, face à ce double
jeu, François a décidé d’arrêter de le voir. » Les relations ont donc été « suspendues ». L’ancien collaborateur de Matignon ne coopère plus.

Que s’est-il passé dans la tête de Nicolas Sarkozy ? Une opportunité, une tentation. En fin limier, il a sans doute aperçu une fenêtre de tir : le jeu de massacre de l’élection du président de l’UMP de novembre 2012. « Il a longtemps soutenu François Fillon, c’est vrai. Et, si celui-ci avait gagné la présidence du parti à 70 % des voix, jamais l’hypothèse d’un retour de Nicolas Sarkozy n’aurait ressurgi », insiste un collaborateur du « 77 », avant d’ajouter : « Si François Fillon veut rencontrer Nicolas Sarkozy et prendre rendez-vous, il est le bienvenu.» En somme, porté par la presse, Nicolas Sarkozy a pensé que les deux candidats rivaux, Copé et Fillon, n’étaient plus capables de mener sa famille politique vers la victoire. Ils se seraient entredéchirés à jamais.

Et, des cendres de la présidence de l’UMP, il s’est vu renaître en phénix politique. Par « devoir », par « obligation », par « fatalité », ne cessera-t‑il de répéter par la suite. L’ancien leader de l’UMP avait même la morale pour lui. En pleine crise, il avait tenté de réconcilier ses
anciens lieutenants. « Il appelait les deux en direct, il s’est investi dans ce conflit. Le président voulait vraiment trouver une solution pour le parti », rappelle le « 77 ». Pas d’opération Terre brûlée pour le sortant, il était sincère quand il cherchait une sortie de crise, même ses
concurrents politiques à droite le concèdent. Sa médiation a pourtant tourné à l’échec.

C’est d’ailleurs le seul moment où Fillon et Copé se sont mis d’accord, au pic de la tempête. Ils ne voulaient pas le laisser revenir et apparaître comme le sauveur de l’UMP. Quoi qu’il en soit, NS est sorti plus fort et plus déterminé de cette séquence, dans sa tête et dans les sondages. Il reprend sa vieille antienne, celle de l’homme providentiel, incontournable, irremplaçable. « Je suis le seul à pouvoir faire
revenir l’UMP au pouvoir », martèle-t‑il à ses intimes…

Sa machine à gamberger, sur fond d’ego inchangé, s’est ainsi remise à tourner à plein régime. Il serait le seul à droite, mais aussi à gauche. François Hollande, au plus bas des sondages, ne trouve aucune grâce à ses yeux. Et, si Marine Le Pen est au sommet, lui seul sera capable de la faire vaciller au premier tour, un bis repetita de 2012. Du coup, au fil des mois, tout s’est accéléré dans son esprit. Cette idée de retour qui germait a pris racine, progressivement. Elle est redevenue une option.

Extraits du livre "Sa vie après l'Elysée" de Patrice Machuret publié aux Editions L'Archipel

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