Résidence alternée pour les enfants de couples divorcés : avantages-inconvénients d'une pratique en pleine expansion <!-- --> | Atlantico.fr
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"Pour une bonne garde alternée, il faut communiquer en permanence autour de l’enfant."
"Pour une bonne garde alternée, il faut communiquer en permanence autour de l’enfant."
©Reuters

Coupé en deux

Le Sénat a adopté mercredi un amendement qui favorise la résidence alternée pour les enfants de parents séparés.

Edith Tartar Goddet

Edith Tartar Goddet

Edith Tartar Goddet est psychosociologue et psychologue clinicienne. Elle est spécialiste de la gestion des adolescents au sein de la structure familiale et de l'adolescence dans le cadre scolaire, ainsi que des dysfonctionnements relationnels toujours dans le cadre scolaire. Elle a notamment collaboré au projet Comment réussir ses vacances ? et est l'auteur, parmi de nombreux ouvrages, de Développer les compétences sociales des adolescents par des ateliers de parole aux Editions Retz. 

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Atlantico : Le Sénat a adopté le 18 septembre un amendement qui favorise la résidence alternée. Le texte, qui rend ce système prioritaire si un de deux parents la demande, s'inscrit dans le cadre de la loi sur l'égalité homme-femme. La question de la garde alternée divise, quels sont les avantages et les inconvénients de cette formule pour les enfants ? 

Edith Tartar-Goddet : L’avantage principal c’est évidemment que l’enfant voit ses deux parents et qu’il a des temps de vie quotidienne avec son père et sa mère. Ce n’est pas la même chose de passer uniquement des vacances qui sont des périodes « exceptionnelles ». La garde alternée permet de garder le contact avec la réalité. Dans cette situation, les deux parents ont un rapport direct avec l’école, avec les choses du quotidien.

Mais il y a plus d’inconvénients que d’avantages, car cette situation est compliquée. Pour qu’elle se passe au mieux, il faut impérativement que le conflit entre les parents soit réglé. Car pour une bonne garde alternée, il faut communiquer en permanence autour de l’enfant.

Si ce n’est pas les deux parents qui la demandent, c’est d’autant plus compliqué, car la garde alternée demande des aménagements particuliers pour les parents. Il faut ajuster les emplois du temps, les détails techniques…. Cela implique beaucoup de souplesse et une entente au moins cordiale entre les deux.

Le risque c’est de voir des enfants ballottés, obligés d’être responsables et matures trop tôt. Il faut expliquer à l’enfant les changements que cela va impliquer, pour qu’il s’adapte au mieux à ces deux familles. Une séparation qui se déroule au mieux peut faire de l’enfant un être plus souple et plus adaptable, même dans le milieu scolaire. Il répond de ce qui lui arrive.

Est-ce tant une question de résidence que d'entente entre les deux parents ?

Quand les deux parents sont encore dans un conflit, c’est très compliqué pour l’enfant. L’alternance oblige d’être dans une relation apaisée des parents. Il faut que dans la vie quotidienne les enfants soient tranquilles. Si les couples se déchirent, l’enfant est souvent celui qui en souffre le plus. L’idée principale, c’est la souplesse.

En quoi l'autorité parentale peut-elle être plus difficile à mettre en place lors d'une résidence alternée ? L'enfant peut-il tirer profit de cette situation ?

Non, l’enjeu de l’autorité se trouve aussi dans un modèle classique de résidence principale. Si le conflit est apaisé, l’enfant ne manipulera pas l’un contre l’autre. L’enfant se saisit des conflits des parents. Si tout se passe bien, l’enfant va s’enrichir des situations chez l’un ou chez l’autre, et être plus souple. Il ne va pas comparer l’un par rapport à l’autre.

Observe-t-on des troubles particuliers chez les enfants qui sont en résidence alternée ou ceux qui résident uniquement chez l'un des deux parents ?

Les problèmes des enfants résultent du conflit des parents. Si l’enfant est médiateur du conflit cela peut entrainer des troubles, et ce dans les deux formules de garde. Les problèmes des parents doivent le rester, et l’enfant doit être à l’écart de tout ça.

Faut-il réellement légiférer sur ce point, le cas par cas n'est-il pas préférable ?

C’est intéressant que le juge ait cette possibilité là, mais ils ne sont pas forcément formés à la psychologie, et ils peuvent réagir de façon subjective au vu de leur parcours personnel.

C’est une alternative à considérer, mais elle est préférable pour des enfants plus grands, c’est à dire en primaire. L’enjeu principal est que l’école soit dans la mesure du possible entre les deux résidences parentales. 

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