Renouvelables à durée limitée : les éoliennes géantes tombent de plus en plus (littéralement)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les éoliennes géantes suscitent de nombreuses questions sur le plan de leur viabilité.
Les éoliennes géantes suscitent de nombreuses questions sur le plan de leur viabilité.
©JEAN-PIERRE MULLER / AFP

Gigantisme

Des incidents concernant la structure ou les pales des éoliennes se multiplient aux Etats-Unis et en Europe. Certaines éoliennes géantes s'effondrent au bout d'un an.

Fabien Bouglé

Fabien Bouglé

Fabien Bouglé est un expert sur les questions énergétiques. Il est l'auteur de "Guerre de l’Energie au cœur du nouveau conflit mondial" (2023), "Nucléaire : les vérités cachées" (2021) et "Eoliennes : la face noire de la transition écologique" (2019), publiés aux éditions du Rocher.

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Atlantico : Aux États-Unis mais aussi en Europe, de nombreuses éoliennes ont vu leurs pales, voire leur structure s’effondrer de manière spectaculaire. Quels sont les derniers exemples en date ? 

Fabien Bouglé : Les exemples sont nombreux en Europe, ainsi qu’en mer du Nord. En France, on peut citer une pale de près de 3 tonnes qui s’est détachée en décembre 2021 en Creuse. Ces incidents deviennent de plus en plus communs. Le 1er janvier 2018, une éolienne s’est complètement effondrée dans la commune de Bouin, en Vendée. Cet incident a eu lieu lors du passage de la tempête Carmen. C’est assez paradoxal de constater que le vent, combiné à des problèmes techniques, a pu faire tomber une éolienne ! Cela démontre une certaine inefficacité de l’éolien puisque sans vent les machines sont à l’arrêt, ce qui est également le cas en cas de vent trop violent… Les pales de cette éolienne ont déstabilisé la structure entière, abîmant le mat. On constate donc qu’une éolienne, composée de fibre de carbone, de métal et d’un bois nommé le balsa reste donc relativement fragile. 

Comment expliquer la multiplication d’incidents de ce type ? La course au gigantisme menée par les principaux constructeurs est-elle en cause ?

Il n’y a pas eu, au cours des dernières décennies, énormément d’évolutions technologiques dans la conception d’éoliennes. Ces dernières s’apparentent grosso modo à une dynamo de vélo. La seule solution pour augmenter la production d’électricité reste la course au gigantisme car les vents sont plus puissants en altitude. Ainsi, il y a une vingtaine d’années, les éoliennes mesuraient environ 120 mètres de haut, pales comprises, contre 200 à 220 mètres aujourd’hui. Les éoliennes en mer sont encore plus hautes et peuvent atteindre les 300 mètres. C’est absolument gigantesque. Évidemment, à cause de cette course à la hauteur, les risques augmentent. 

Il y a quelques années, un projet de construction de plusieurs dizaines d’éoliennes en mer du Nord présentait des défauts de conception. Cela est dû à une certaine course à la rentabilité, qui présente également des risques. D’ailleurs, les trois principaux fabricants d’éoliennes, à savoir General Electric, Siemens et Vestas accusent de nombreuses pertes et difficultés financières en raison de leur section renouvelable. Le patron de Siemens a d’ailleurs évoqué ces pertes, qui seraient dues à l’augmentation des prix des matériaux nécessaires à la fabrication. Je pense que ces fabricants sont donc tentés d’être moins regardants sur la fiabilité de leurs éoliennes. 

Face à la pression pour investir dans des projets verts et à l’expansion mondiale de la capacité de production éolienne, passée de 100 gigawatts en 2007 à 840 gigawatts en 2021, selon des données de Bloomberg, faut-il craindre une augmentation de ce type d’incidents ?

C’est incontestable. Mécaniquement, une augmentation des installations génère un facteur de risque plus important. De plus, cette augmentation des risques n’est pas liée à une augmentation de la production d’électricité : ce n’est pas parce qu’on augmente la puissance installée qu’on augmente la production. En Europe, il y a des modifications structurelles des régimes de vent. Ainsi, l’Institut Copernicus de la Commission Européenne a dévoilé une diminution notable de la production d’électricité des éoliennes suite à la baisse historique des régimes de vent depuis 1979. D’ailleurs, il est établi que le facteur de charge des éoliennes terrestres anglaises passe de 22% la première année contre 15% au bout de 10 ans et 10% au bout de 15 ans. En somme, la multiplication des éoliennes n’induit pas une augmentation de la production électrique puisque les éoliennes les plus vieilles voient leur productivité baisser. Il est également intéressant de constater que dans des rapports comme ceux de Wind Europe ou du GWEC (Global Wind Energy Council), on ne voit jamais un chiffre qui met en liaison la puissance installée avec sa production au cours des années. 

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