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Remaniement, le vrai enseignement : Emmanuel Macron confie l’Etat et l’Etat profond au PS
©BERTRAND GUAY / AFP

Mépris du régalien

Après plusieurs semaines de suspense, pour reprendre l’expression de Boileau à propos de Malherbe, enfin le remaniement vint. Il n’est pas inutile, désormais que l’émotion de ce vaudeville est retombée, de tenter d’en discerner quelques enseignements.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Disons-le tout net : contrairement à ce que d’aucuns, tel Valery Giscard d’Estaing, estiment, ce remaniement n’est pas un « remaniement pour rien » ! La nomination de personnalités de faible envergure, comme Franck Riester ou Christophe Castaner, n’étonnera que ceux qui n’ont toujours pas pris la mesure de l’assèchement terrible du vivier politique de notre pays, problème majeur qui traverse toutes les familles politiques, et dont la France n’a nullement le monopole. Que l’on songe à la difficulté des principaux partis à désigner une tête de liste aux élections européennes ! Quant à l’idée de « nouvelle impulsion », il faut bien peu connaître notre vie politique pour penser qu’un remaniement sans changement du Premier ministre puisse avoir une quelconque réalité en la matière. 

Alors quels sont les enseignements de ce remaniement ? Qu’il soit permis d’en discerner trois.
Premier enseignement : le Président de la République a choisi de confier les quatre plus importants portefeuilles ministériels régaliens à des personnalités issues ou ayant gravité autour du Parti socialiste (PS) : Monsieur Castaner à l’Intérieur (ancien député PS des Alpes de Haute-Provence, Mme Belloubet à la Justice (ancienne Première Vice-Présidente PS du Conseil Régional de Midi-Pyrénées), Monsieur Le Drian aux Affaires étrangères (ancien Président PS du Conseil régional de Bretagne), Mme Parly aux Armées, (ancienne Vice-Présidente PS du Conseil régional de Bourgogne). Qu’il s’agisse de l’échec de 2002, de l’incapacité de fait du PS au pouvoir sous François Hollande de 2012 à 2017 à prendre la mesure des sujets concernés (sauf, dans une mesure qu’il ne faut pas s’exagérer, le dossier militaire), l’on se demande bien par quel fait extraordinaire ce parti, qui s’est tant trompé sur ces sujets, reste de fait à la manœuvre dans notre pays. 
Deuxième enseignement : la mainmise du Parti socialiste sur l’Etat. Cette mainmise atteste qu’Emmanuel Macron n’est nullement l’homme de centre qu’il veut paraître voire l’homme de droite que ceux qui manquent de lunettes croient voir en lui. Elle ne s’arrête pas à la sphère politique : elle plonge au cœur de la Haute administration, ce que les américains qualifient d’« Etat profond ». En effet, à l’occasion du remaniement, plusieurs hauts fonctionnaires ont été écartés de hauts postes de responsabilité auprès des nouveaux ministres, au motif qu’ils/ elles étaient de droite, alors même que les Ministres concernés les avaient choisis. En ce sens, gageons qu’Emmanuel Macron, qui est bien le décideur ultime en la matière, parachève la mise au pas d’une Haute administration qui lui est entièrement dévouée. A côté de l’Etat-Macron, feu l’Etat-RPR et dans une moindre mesure l’Etat-PS, font pâle figure.
Troisième enseignement, qui découle des deux premiers : quand l’on confie au Parti socialiste les rênes de la sécurité des français, la responsabilité de gérer les migrations, la difficile question des religions, le résultat est couru d’avance. Mais au fond, Emmanuel Macron, rendons-lui cette justice, est cohérent avec lui-même. Inspecteur des finances, ancien banquier de chez Rothschild, enfant chéri du CAC 40 et de la presse financière anglo-saxonne, homme de la fluidité, du numérique, de l’ubiquité, ne l’a jamais déguisé : comme Lionel Jospin à propos de l’Islam il y a quelques années, il ne considère par ces sujets comme essentiels, tant, à ses yeux, tout part et revient à l’économie. 
De tout ceci une conclusion émerge : les questions migratoires, de sécurité civile, d’islamisation, la gestion des frontières resteront gérés à la petite semaine. Mais au fond, Emmanuel Macron n’en a cure : il n’a – pour l’instant – pas d’opposition.

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