Relocalisations, un espoir pour la France? A moins que les emplois rapatriés ne soient occupés par des robots...<!-- --> | Atlantico.fr
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La France est quatre fois moins équipée en robots industriels que l'Allemagne.
La France est quatre fois moins équipée en robots industriels que l'Allemagne.
©Reuters

Révolution industrielle

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, lance ce mardi le logiciel "Colbert 2.0". Objectif : faire revenir en France les PME qui ont délocalisé leur production.

Michel Volle

Michel Volle

Michel Volle est économiste français.

Diplômé de l'École Polytechnique et de l'École Nationale de la Statistique et de l'Administration Économique, il est l'auteur d'un blog dédié à l'actualité économique.

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Atlantico : Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, lance ce mardi le logiciel "Colbert 2.0" pour encourager les PME à relocaliser leur production. La relocalisation des activités industrielles semble en partie déjà en marche, mais elle s'accompagne généralement d'une robotisation intensive des usines. Dans ce contexte, celle-ci sera-t-elle vraiment génératrice d'emplois ?

Michel Volle : La délocalisation a permis à certaines entreprises de persévérer dans l'utilisation de techniques obsolètes en tirant parti du faible coût de la main d’œuvre dans certains pays. La relocalisation leur donne l'occasion de se moderniser en adaptant leur appareil productif aux techniques actuelles et notamment en automatisant le travail manuel répétitif. Les emplois recréés ainsi en France seront moins nombreux, mais plus qualifiés que ceux qui avaient été délocalisés.

Sommes-nous à la veille d’une nouvelle révolution industrielle ?  Quelles pourraient les conséquences de cette mutation ?

La troisième révolution industrielle a débuté aux alentours de 1975. Elle s'appuie sur la microélectronique, le logiciel et l'Internet. Elle a suscité la mondialisation, transformé la nature des produits, la façon de les produire et de les commercialiser, la forme que prend la concurrence : les produits deviennent des assemblages de biens et de services, élaborés par un réseau de partenaires ; le marché obéit au régime de la concurrence monopoliste : chaque entreprise ambitionne un monopole temporaire sur un segment des besoins, elle le renouvelle par l'innovation.

Les ouvriers vont-ils définitivement disparaître des usines ?

Les tâches répétitives mentales aussi bien que physiques ont vocation à être automatisées. Les robots se répandent donc dans les usines où ne travailleront plus, à la limite, que des superviseurs et des équipes d'entretien. L'ouvrier tel que nous l'avons connu avant 1975 aura en effet disparu des usines.

A l’inverse, cette nouvelle révolution pourrait-elle être génératrice de nouveaux emplois ? De quel type ?

L'emploi se trouvera essentiellement à la périphérie de la production physique, qui sera fortement automatisée : dans la conception des produits (R&D, design, marketing, ingénierie) et dans les services qu'ils comportent, notamment la relation avec les clients. Le plein emploi ne sera atteint que si la production se diversifie et si les entreprises se multiplient.  

Les usines françaises sont 4 fois moins équipées en robots industriels que les usines allemandes. Faut-il voir dans ce retard l’une des causes de notre déclin industriel ?

C'est plutôt un symptôme, parmi d'autres (mauvaise qualité des systèmes d'information, maintien des relations hiérarchiques, réticence à développer les services qui conditionnent la qualité du produit etc.), du retard avec lequel la France prend le train de la troisième révolution industrielle.

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