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Roselyne Bachelot chroniqueuse, Eric Besson patron de club de foot : cet étrange recyclage des dirigeants politiques...
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Retraites médiatiques

Après avoir été ministre, Roselyne Bachelot fera ses premiers pas de chroniqueuse dans le talk-show qu'animera Laurence Ferrari à la rentrée sur Direct 8. Le symbole d'une évolution de la pratique du métier de dirigeant politique.

Bastien Millot

Bastien Millot

Bastien Millot est un chef d'entreprise, ancien dirigeant de l'audiovisuel public.

Maître de conférence en communication politique à Science Po Paris, il anime tout l'été l'émission Les secrets de com' sur Europe 1.

Il est l'auteur de Mediatic Circus (Editions du Moment / 2010) et de Politiques, pourquoi la com' les tue (Flammarion / 2012).

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Atlantico : Roselyne Bachelot chroniqueuse à la rentrée sur Direct 8, Eric Besson qui a annoncé prendre prochainement la tête d’un club de foot, Lionel Jospin sur LCI, Daniel Cohn Bendit consultant en foot : comment expliquez-vous ces reconversions étonnantes d'hommes politiques français ?

Bastien Millot : Ce phénomène semble étrange en France, mais existe depuis des décennies dans les pays anglo-saxons. Dans notre pays, on a encore beaucoup de mal à imaginer une deuxième vie après une carrière politique : comme si les hommes politiques devaient le rester jusqu'à leur mort. 

Aux Etats-Unis, il assez fréquent que les hommes politiques deviennent présentateur télé. C'est par exemple le cas de George Stephanopoulos, ancien conseiller en communication de Bill Clinton, devenu présentateur de la matinale sur une grande chaîne américaine. De même, Alastair Campbell, "spin doctor" de Tony Blair s'est reconverti dans une carrière médiatique. Il n'y a rien de choquant à voir quelqu'un qui a une bonne connaissance de ce milieu en devenir un observateur. 

Est-ce propre à la nouvelle génération d’hommes politiques ?

Aujourd'hui, les carrières politiques sont plus brèves et moins attractives que par le passé, notamment pour les responsables issus du secteur privé. La nouvelle génération sera amenée plus régulièrement à imaginer cette deuxième vie, comme observateur et analyste du monde politique, plutôt que comme acteur.

A l'époque de François Mitterrand ou Jacques Chirac, les carrières politiques pouvaient durer 60 ans d'affilée. François Mitterrand obtient son premier portefeuille ministériel à 28 ans et quitte l'Elysée à 79 ans. Aujourd'hui, on n' imagine plus des carrières aussi longues. Le temps médiatique et politique s'est accéléré, notamment avec le quinquennat. Par ailleurs, on ne peut plus faire une carrière politique pour gagner de l'argent puisque la rémunération des principaux responsables a diminué. 

Le risque n'est-il pas que les hommes politiques deviennent des "people" comme les autres ? 

Oui, les hommes politiques doivent arrêter d'être des "people" ou des observateurs et se singulariser par la rareté de leur parole.

Pour autant, les hommes politiques peuvent très bien faire une carrière politique pendant 10 ou 15 ans, avoir une parole rare et forte, puis par la suite devenir analystes du monde politique puisqu'ils le connaissent de l'intérieur. Simplement, les hommes politiques ne peuvent pas faire les deux en même temps : ce n'est pas le même métier. 

Le fait que les hommes politiques passent du statut d'acteur à celui d'observateur traduit-il leur perte de pouvoir ? Y a-t-il une dévalorisation de la fonction d'homme politique ? 

Exactement. C'est la raison du retour des idéologies. Si les hommes politiques n'ont plus de véritable socle d'idées et de valeurs, il ne reste plus que du "bruit". Personnellement, je plaide pour une parole politique plus forte avec un affrontement très dur sur de vrais clivages. 

Les hommes politiques, lorsqu'ils sont en fonction, critiquent très souvent les journalistes. Pourtant, on a le sentiment qu’ils font plus que jamais partie du même jeu médiatique… N'est-ce pas un peu paradoxal ? 

Les politiques et les journalistes se connaissent extrêmement bien et ont l'habitude de travailler ensemble. Ils jouent sur le même terrain de jeu, mais dans des rôles différents. Les journalistes et les politiques ont tendance à s'observer, à se critiquer, mais aussi parfois à s'apprécier. C'est n'est pas un hasard si cela se termine parfois en histoire d'amour. Les exemples ces dernières années ne manquent pas. 

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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