Quitte à boycotter Israël, une petite liste de tous les autres pays qui le mériteraient largement autant<!-- --> | Atlantico.fr
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Les appels au boycott d'Israël se multiplient à travers le monde
Les appels au boycott d'Israël se multiplient à travers le monde
©REUTERS/Jean-Paul Pelissier

Motifs d'indignation

Alors que le conflit au Proche-Orient provoque de nombreux appels à boycott, il est étonnant que d'autres situations critiques comme le servage moderne au Qatar, ou encore les (très) jeunes exploités des usines de textile au Bangladesh, ne suscitent pas autant l'indignation...

Patrick Baudouin

Patrick Baudouin

Patrick Baudouin est avocat au sein du cabinet Bouyeure Baudouin & Associés.

Il est spécialisé en droit international.

Il anime un Groupe d’Action Judiciaire au sein de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme.

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Béatrice Giblin

Béatrice Giblin

Béatrice Giblin est géographe et membre fondatrice, avec Yves Lacoste, de la revue de géographie et de géopolitique Hérodote, dont elle est actuellement codirectrice. Elle a fondé, en 2002, l’Institut français de géopolitique, université Paris-VIII.

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Patrick Baudouin : Les conditions déplorables des travailleurs chinois

La Chine reste une dictature fermée, et sur le plan économique elle se situe dans un libéralisme sauvage, avec une expansion économique considérable et bien souvent un manque de respect des travailleurs chinois. Ce n’est plus un régime communiste. Le film Still Life (film chinois ndlr) évoque d'ailleurs très bien cette difficulté pour les travailleurs , avec des conditions de travail épouvantables, où les ouvriers n’ont pas de protection sociale, et où les salaires sont dérisoires.

L’Organisation mondiale du travail impose des règles minimum, comme le fait de ne pas faire travailler les salariés dans des conditions excessives, qu’il doit y avoir des protections pour ceux qui pratiquent des métiers dangereux, où les risques sont identifiés, et ce n’est pas le cas de la Chine aujourd’hui.

Ce n’est pas pour rien que de très grandes révoltes éclatent dans ces régions. Boycotter jusqu’à ce que les chinois appliquent les normes internationales du travail serait un moyen d’interférence économique intéressant pour améliorer cette situation.

Au Qatar, l’émergence d’un servage moderne

Là où la dimension est différente par rapport à la Chine, c’est que les travailleurs du Qatar sont étrangers, et que leurs passeports sont retirés pour ne pas qu’ils puissent en partir. On entend souvent parler de ce problème par rapport aux ouvriers qui préparent les lieux de la coupe du Monde de football de 2022, mais l’action est hélas plus généralisée. Des employés de maison, des salariés non qualifiés...  Les conditions vont très loin dans la maltraitance humaine.

Le plus grave, c’est que le Qatar est un pays extrêmement riche, avec un PIB de 94 000 dollars par habitant, et qu'il entretient des rapports très soudés avec l’occident, il y a une une entente cordiale avec des états comme la France par exemple. Ce qui est choquant, c'est que les exploités construisent des bâtiments, des hôtels et les stades dans lesquels évolueront en 2022 les représentants du monde entier, comment se fait-il que cela ne choque personne ? Il faut renoncer à cette coupe du monde jusqu’à ce que les conditions de travail de ces pakistanais pour la plupart deviennent décentes !

Des "chartes éthiques" de façade pour les enfants-ouvriers au Bengladesh

Il y a eu des abus considérables concernant le travail des enfants au Bengladesh, avec des horaires de plus de 10 heures par jours, pour des enfants du plus jeune âge… Depuis les différents scandales, et même si toute une série de grandes enseignes européennes ont réévalué leurs contrats de sous-traitance avec ces usines de textiles, le plus souvent sous la pression des ONG, on constate pourtant que des problèmes subsistent. Nous sommes très loin d’avoir réglé la situation, les contrats éthiques doivent être couplés à des contrôles, et ce n’est pas ou insuffisamment le cas aujourd’hui.

Béatrice Giblin : Les Ouïghours du Xinjiang, une ethnie réprimée

Les Ouïghours sont une minorité turcophone musulmane qui se trouve à l'extrême ouest de la Chine, leur territoire (1 660 001 km2 le sixième du territoire chinois) que les Chinois appellent  Xinjiang-  qui signifie nouvelle frontière, a été conquis au XVIIIème siècle. Comme leurs voisins les bouddhistes tibétains dont la lutte est beaucoup plus connue que la leur, les Ouïghours luttent pour préserver leur langue, leur religion, leur culture qui se trouvent menacées, car le gouvernement chinois pratique une politique de migrations de peuplement des Hans pour que les Ouïghours deviennent minoritaires sur leur territoire. Pour le gouvernement chinois le Xinjiang est stratégique, il est frontalier de huit Etats et il a en charge l’administration d’une région l’Aksaï Chin qui est revendiquée par l’Inde, comme appartenant au Jammu et Cachemire. Les manifestations ouïghoures qui se font plus fréquentes sont de plus en plus durement réprimées.

Une guerre civile en Centre Afrique qu’on croyait pacifiée

Du fait de la déliquescence de l’Etat, La RCA connaît un état de guerre civile depuis 2004, dans laquelle s’affrontent les partisans de Michel Djotodia (chef de l’UFDR Union des forces démocratiques pour le rassemblement) et ceux de François Bozizé, qui s’est emparé du pouvoir à la suite d’un coup d’Etat en 2003. En 2007, grâce à l’intervention de forces extérieures (armée française, tchadienne et force africaine internationale) un accord de paix est imposé mais très précaire jusqu’en 2012, date où la guerre civile reprend. La victoire militaire des troupes rebelles de Michel Djotodia sur les troupes centrafricaines officielles ne ramène pas la paix. Au cours de l’année 2013, la guerre civile s’aggrave prenant un caractère de guerre entre communautés religieuses, les milices de la Séléka très majoritairement musulmanes fidèles au nouveau président Djotodia s’affrontent aux milices d’auto-défense chrétiennes (milices anti-balaka c’est-à-dire anti machette). Le cycle de la vengeance se traduit par des exactions organisées tant contre les civils chrétiens que contre les civils musulmans. L’armée française sous couvert de l’ONU intervient de nouveau aux côtés de forces tchadiennes mais insuffisamment nombreuses elles ont beaucoup de mal à rétablir l’ordre et la sécurité.  

23 ans d’anarchie en Somalie

Depuis la chute du général Muhammad Siyad Barre en 1991, la Somalie est en proie à des luttes internes entre clans pour le pouvoir qui dégénèrent en guerre civile. L’anarchie est telle qu’une partie au nord du territoire la République du Somaliland a proclamé son indépendance en 2011. Malgré des aides internationales importantes et l’intervention d’armées extérieures dont la force d’intervention de l’Union Africaine (AMISOM) la situation ne s’améliore guère notamment dans le sud où les milices islamistes, les Schebaab, exerce leur contrôle sur les populations. La situation des déplacés internes (plus d’un million) est catastrophique particulièrement celle des femmes qui subissent des violences sexuelles. Celle des réfugiés (plus d’1 million sont réfugiés dans les pays frontaliers, dont plus de 500 000 dans le camp de Dadaab au Kenya) est nettement plus favorable.

En 2012, l’élection d’un président et l’adoption d’une constitution et l’instauration d’un nouveau Parlement fédéral sont les signes d’un début d’amélioration et de la reprise du contrôle de certaines villes dont Mogadiscio, mais la situation reste très fragile.

On ne peut demeurer indifférent aux massacres de victimes civiles en particulier femmes et enfants même si en tant que citoyen on ne peut pas y faire grand chose. Par ailleurs on doit s'inquiéter de voir des milices islamistes qui souhaitent instaurer un régime soit disant religieux. Leurs comportements et agissements "barbares" contribuent à donner une mauvaise image de l'Islam  auprès d'une opinion publique occidentale révoltée et choquée.

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