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La France reçoit de moins en moins d'argent des invetisseurs étrangers.
La France reçoit de moins en moins d'argent des invetisseurs étrangers.
©Reuters

Décrochage

A l'horizon 2014, la France pourrait être éjectée hors du top 10 du classement mondial des pays recevant des investissements directs étrangers.

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

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Au regard d'une comparaison internationale et européenne, il apparaît que la France souffre d'un retard majeur en terme d'investissement des entreprises. Or dans un contexte de réduction des dépenses publiques conjugué à une hausse des prélèvements obligatoires, l'investissement des entreprises doit être considéré comme un axe central la stratégie de croissance de l'économie nationale.

Les investisseurs nationaux sont trop frileux depuis la fin des années quatre vingt-dix touchés par la baisse tendancielle de leurs marges et méfiants face à une instabilité juridique des régimes sociaux et fiscaux. L’appareil de production français souffre de décisions d’investissement centrées sur le renouvellement plutôt que l’innovation conduisant à l’obsolescence marquée des outils de production.

Alors que la compétition internationale s’accroît et réclame un investissement de plus en plus important dans des équipements plus performants, l’industrie française a tendance à adopter un comportement conservateur en déclassant de moins en moins d’équipements et en essayant de prolonger la durée de vie des machines existantes. Alors que le nombre d’entreprise ne déclassant aucun équipement dans l’année était de 18% sur la période 1991-1996, 19% sur la période 1996-2001, il est passé à 25% entre 2001 et 2006 et même 30% entre 2006 et 2011. Si la crise de 2009 a sans doute eu un impact, les autres périodes ne sont pas non plus exemptes de cycles de récession ou ralentissement (1993, 1996, 2002, 2003). Les raisons mêmes du déclassement témoignent de ce comportement très prudent, puisque le déclassement d’un équipement ancien suite à l’acquisition d’un nouvel équipement plus performant représentait 38% des causes de déclassement sur la période 1996-2001 contre seulement 28% sur la période 2006-2011, soit une baisse de plus de 25%.

Les investisseurs internationaux ont longtemps permis de combler ce retard d'investissement. Mais l’année 2011 a marqué le plus faible volume de création d’emplois par des investisseurs étrangers depuis 2003. Au niveau du classement mondial des investissements directs étrangers, la France est passée entre 2010 et 2011, de la 4ème à la 9ème place, cédant 30% en valeur. La France est le seul pays parmi les 15 premiers, avec dans une moindre mesure les Pays-Bas, à avoir vu son stock d'IDE entrants rapportés au PIB baisser entre 2005 et 2011. A l'horizon 2014, la CNUCED considère même que la France sera éjectée hors du top 10 où l'Allemagne et le Royaume-Uni, que nous dépassions il y a encore trois ans, conserveront les 7ème et 8ème places. Les investisseurs soulignent avec une certaine régularité comme principaux freins à l'investissement en France le coût du travail, la productivité du travail et la fiscalité des entreprises.

Pire encore, de multiples attaques ont été portées ces derniers mois contre les produits qui assuraient l'investissement dans des entreprises : remontée des plafonds du livret A et livret de développement durable qui a créé un appel d'air défavorable aux contrats d'assurance-vie, amenant des ressources excédentaires sur le fonds de centralisation de la Caisse des Dépôts et des Consignation qui n'a d'autre choix que de les placer dans la dette de l'Etat français ; multiplication des entraves fiscales et juridiques votées à l'encontre des investisseurs français ont conduit à une baisse d'un tiers des volumes d'investissement dans les start-ups sur le quatrième trimestre 2012 et au fait que 80% des sociétés d’investissement françaises disposent désormais de moins de 30% des fonds qu’elles gèrent pour investir dans de nouvelles entreprises. Comme le soulignait Olivier Duha, président de CroissancePlus dans une interview à la Tribune : "Le gouvernement a reconnu avoir fait une erreur avec sa nouvelle fiscalité des plus-values et n'a pas réussi à la corriger pour des raisons idéologiques et anti-économiques."

Dans ces circonstances, il ne semble plus rester grand monde pour se risquer à investir dans les entreprises, avec les forts risques d'instabilité fiscale. Or dans les systèmes de production moderne c'est l'investissement qui doit permettre de construire un appareil productif puissant capable d'exporter.

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