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Qui serait le challenger de Hollande ? La question à 1 000 euros face à laquelle Jean-Christophe Cambadélis met le PS en annonçant l’organisation d’une primaire à gauche
©Reuters

Au pied du mur

En annonçant une primaire de la Belle Alliance Populaire, Jean-Christophe Cambadélis a définitivement enterré le rêve de rassemblement à gauche, et jeté les prémisses d'une campagne qui devrait cliver sur les fondamentaux hollandais identifiés par Terra Nova en 2011.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Mais c'est quoi, la Belle Alliance Populaire?

Le lancement de la "Belle Alliance Populaire" par Jean-Christophe Cambadélis était d'abord apparu comme une farce légère. Le Premier secrétaire lançait un mouvement sans structure, une sorte de diversion en quelque sorte, et sans décortication idéologique claire. Officiellement, ce mouvement se dit démocrate, radical, écologiste, socialiste et citoyen. Dans la pratique il rassemble tous ceux qui à gauche ont intérêt à voir François Hollande réélu.

C'est peut-être le principal point identitaire de la Belle Alliance, dont l'acronyme forme, de façon révélatrice, la "BA". Elle ne s'appuie pas sur un corpus idéologique, ni sur une ambition pour le pays. Elle rassemble des intérêts et poursuit un objectif électoral concret: assurer la réélection du président sortant. 

D'une certaine façon, il s'agit du parti des notables.

Quel programme pour la Belle Alliance?

Pour cet ensemble hétéroclite, où l'on retrouve des défroqués de tous les partis, la construction programmatique est secondaire et se rassemble sous le concept général de réformisme, avec quelques aiguillons qui ne surprendront pas. 

Parmi ceux-ci, l'europhilie républicaine tient une place centrale. On retrouvera sans peine tous les thèmes de la gauche sociale-démocrate développés depuis une trentaine d'années: construire l'Europe, lutter contre le racisme et la xénophobie (ah... le fameux "vivre ensemble"), marquer un intérêt pour l'écologie tout en modernisant l'appareil économique, et faire des réformes. 

Oui mais lesquelles?

On s'amusera de lire par exemple ceci sur le site de la Belle Alliance:

"Il faut rajeunir et rafraîchir. Notre alliance sera donc un lieu ouvert, où la parole est libre".

Rajeunir la politique... on comprend pourquoi cette idée inspire si peu de mesures concrètes à Jean-Christophe Cambadélis. Et l'on voit comment l'écurie présidentielle peine à sortir d'une conception de la politique fondée sur les postures. 

La tentation de Terra Nova

Ce que ne dit pas clairement la Belle Alliance, bien entendu, c'est qu'elle a fait son deuil de toute ambition idéologique, qu'elle a globalement enterré les projets politiques globaux, et qu'elle se recentre sur la fonction "électoraliste" de la machine politique. Son objet est d'assurer une réélection en rassemblant sur un nom des gens divers unis par des intérêts communs.

La stratégie est ici globalement déterminée par la note de Terra Nova qui préconisait de recentrer le Parti socialiste sur son électorat socle: les diplômés, les jeunes, les femmes et les minorités. On mesure le glissement de sens qui s'opère dans la vision hollandiste du pouvoir: finis les délires idéologiques (on les laisse à Mélenchon), et finie la mention de la finance comme ennemie. Désormais, la politique consiste à empiler un certain nombre de mots-clés qui plaisent à des segments d'électeurs qu'il faut contenter.

François Hollande aura définitivement fossoyé l'idée de la politique comme art de l'intérêt général.

Quel sera le programme de François Hollande ?

Sur le fond, quelles mesures préconisera-t-il durant son second quinquennat ? Même si le modèle Chirac (d'immobilisme) devrait s'imposer à lui, il retiendra sans doute quelques idées phare pour drainer à lui les électeurs sur qui il peut encore compter.

Premier point, nous n'échapperons pas à l'autorisation de la gestation pour autrui, et autres calembredaines destinées à satisfaire tous ceux qui confondent la famille et ses pâles imitations. Ce puits sans fond de la revendication minoritaire est une marque de fabrique de la gauche et garantit une sorte de minimum électoral.

Deuxième point, le gouvernement continuera à préférer la mise sous contrôle de toute la population française pour lutter contre le racisme, plutôt que d'isoler les quelques milliers de personnes à risque. C'est le prix à payer pour ne pas se fâcher avec les minorités ethniques.

Troisième point, la politique budgétaire continuera à prôner une hausse des dépenses publiques et évitera savamment toute réforme de structure diminuant le nombre de fonctionnaires ou redonnant de l'air aux petites entreprises.

Quatrième point, le gouvernement fera encore le jeu des grandes entreprises et de la nomenklatura au pouvoir.

Bref, le choix qui sera fait sera celui d'un lent déclin, indolore, à peine perceptible, avec quelques mesurettes pour amuser la galerie. 

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