Querelle de famille chez les Peugeot<!-- --> | Atlantico.fr
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Le groupe PSA jouait son avenir hier en discutant l’arrivée à son capital de l’État Français et du chinois Dongfeng.
Le groupe PSA jouait son avenir hier en discutant l’arrivée à son capital de l’État Français et du chinois Dongfeng.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Le groupe PSA jouait son avenir hier en discutant l’arrivée à son capital de l’État Français et du chinois Dongfeng. Le conseil de surveillance a accepté le principe d’une entrée de l’État et des Chinois au capital, mais cette affaire est tellement stratégique qu’il faudra encore clarifier beaucoup de points et surtout mettre d’accord la famille Peugeot qui se déchire de plus en plus sur les conditions de cet avenir.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le conseil de surveillance de PSA Peugeot-Citroën s’est donc prononcé sur le principe d’accepter un soutien financier important qui doit permettre au chinois Dongfeng et à l’État français de rentrer au capital. En théorie, l’opération devrait se traduire par une augmentation de capital de 3 milliards d’euros. Cette augmentation de capital serait souscrite par l’État français, les Chinois et la famille à raison de 500 millions d’euros chacun. Le solde, 1,5 milliards serait offert au marché. 

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Sur le principe, donc, l’accord est pratiquement au point. A l’heure où le conseil de surveillance se réunissait à Paris, le représentant de l’État français, David Azéma, qui est le patron des participations de l’État français, était même en Chine pour s’assurer des conditions de cohabitation avec Dongfeng. Dans la soirée, Claude Bartolone, le président socialiste de l’Assemblée Nationale garantissait sur BFMTV, l’assentiment de la majorité à cette opération et le fait que les députés seraient informés de tous les détails.

Le problème, c’est que ça n’est pas si simple que de conclure avec des chinois, d’autant qu’il faut aller vite parce que les cérémonies du nouvel an vont tout bloquer et qu’il faut aussi se mettre d’accord sur les objectifs industriels et commerciaux. Dongfeng voit là un moyen d’accélérer la couverture du marché chinois. Il ne s’en cache pas. L’État français, lui, espère que Peugeot pourra ainsi conserver une grande partie de son potentiel de production en France. Les deux objectifs ne sont pas forcément compatibles.

Mais les motifs de dissensions, il y en a d’autres. Cette opération va modifier l’équilibre de l’actionnariat. L’État français et les chinois vont se retrouver à 15 % chacun du capital. La famille Peugeot qui contrôle encore 24% va tomber, elle, a 15 %. En fait, la famille risque fort de perdre son leadership. Au profit de qui ? Au profit d’un management qui va en permanence négocier son pouvoir entre les trois actionnaires principaux.

Cette solution imaginée de longue date, a beaucoup muri à Bercy au cabinet d’Arnaud Montebourg. Elle avait été préparée par Philippe Varin parce que pour lui, elle permettra à Peugeot de débarquer en Chine. Elle a toujours été soutenue par Robert Peugeot qui gère la holding familiale. La solution défendue par Robert Peugeot ne fait pas l’unanimité de tous les membres de la famille.

Thierry Peugeot, qui est le président du conseil de surveillance défend lui depuis le début de la crise un autre scenario. Il reste convaincu et il l’a encore expliqué dimanche, que le groupe pourrait s’en sortir avec une augmentation de capital auprès du seul marché. En clair, il accepte que la famille se dilue un peu mais considère que le groupe n’a besoin ni de l’État, ni des chinois au capital.

Son ambition est claire, dans le scenario officiel, il estime que la famille perdra le pouvoir. Dans le scenario qu’il défend, les Peugeot resteraient les seuls actionnaires de référence. Thierry Peugeot défend l’ambition de conserver au groupe son ADN familiale, son unité, ses implantations traditionnelles à Sochaux, il pense que Peugeot aura besoin d’alliés industriels, mais il estime que Peugeot en trouvera une fois redressé. Pas besoin de vendre son âme à l’État ou aux chinois.

Robert lui a une conception plus ouverte mais qui cache aussi la possibilité qu’auraient les héritiers Peugeot de s’affranchir de cette industrie en déclin (du moins sur l’Europe) et d’investir dans d’autres secteurs. Certains membres de la famille ont déjà quitté Sochaux depuis très longtemps pour s’installer en Suisse. Pas pour des raisons industrielles.

Derrière l’arrivée de l’État et des Chinois, certains y ont vu l’opportunité de sécuriser la marque mais une partie de  la famille y a vu l’occasion de tourner la page et de passer à autre chose. Les Chinois ne sont pas dupes. Ils en jouent, ils savent que la famille n’est pas au diapason.  

Ce clivage entre les deux clans est très important. Il est stratégique et au cœur de beaucoup de groupes français. Comment assurer l’avenir. En répondant à une demande traditionnelle mais saturée ou bien investir et innover sur des marchés nouveaux.

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