Quelle (habile) stratégie politique se cache derrière les annonces de Barack Obama en faveur du climat ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Barack Obama s'est engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Barack Obama s'est engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique.
©Reuters

Diviser pour mieux régner

Barack Obama l'a annoncé, la lutte contre le réchauffement climatique va devenir un thème central de la fin de son mandat. Cette déclaration aux faux airs d'angélisme cache en réalité une stratégie politique redoutable qui met les Républicains dans l'embarras et prépare la candidature d'Hillary Clinton.

François Durpaire

François Durpaire

François Durpaire est historien et écrivain, spécialisé dans les questions relatives à la diversité culturelle aux Etats-Unis et en France. Il est également maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise.

Il est président du mouvement pluricitoyen : "Nous sommes la France" et s'occupe du blog Durpaire.com

Il est également l'auteur de Nous sommes tous la France : essai sur la nouvelle identité française (Editions Philippe Rey, 2012) et de Les Etats-Unis pour les nuls aux côtés de Thomas Snégaroff (First, 2012)

 


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Atlantico : Barack Obama a récemment annoncé qu'il fallait que les Etats-Unis s'engagent en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique, faisant ainsi de l'écologie un thème majeur de la dernière partie de son mandat. Comme on pouvait s'y attendre, de nombreux candidats à l'investiture républicaine, les favoris en tête, se sont opposés à cette prise de position d'Obama, dans une tentative de se différencier du président sortant de et de se rapprocher de leur électorat. Des républicains ou d'Obama, qui a su le mieux décrypter les positions de l'opinion publique sur le réchauffement climatique ? 

Francois Durpaire : Cela dépend de l’échelle que l’on considère.

Incontestablement, les enquêtes au niveau national montre que les Américains dans leur ensemble semblent prêt à évoluer dans le sens de réformes. Ce serait donc Obama et les démocrates, à cette échelle, qui seraient dans le vrai.

Cependant, au niveau local, il y a des opinions publiques à l’intérieur de chaque Etat à ne pas négliger. Dans des Etats où l’énergie électrique est un enjeu économique majeur – je pense au Michigan, à la Pennsylvanie, à l’Ohio – les gens peuvent craindre la destruction de milliers d’emplois. Il faudra fermer un tiers des centrales thermiques pour respecter le plan d’Obama. Donc à cette échelle on comprend que les républicains soient attachés à leurs électeurs. Mitch McConnell, le leader de la majorité républicaine au sénat, est un élu du Kentucky : on comprend que son programme se résumait à trois mots : « Dieu », « les armes », « le charbon ».

 Les républicains ne sont-ils pas un eu tombés dans le piège que Barack Obama leur a tendu ? En se précipitant pour rassurer leur électorat le plus dur, ils viennent de se couper d'une partie importante de l'opinion publique qui semble désormais comprendre les enjeux du réchauffement climatique. 

Oui tous quasiment – Jeb Bush, Marco Rubio, Ted Cruz, etc. – ont dénoncé la « guerre contre le charbon » qu’aurait entrepris Obama. Pensant aller à la chasse aux donateurs et flattant des lobbies puissants, ils prennent le risque de se couper de la majorité des Américains. L’un des problèmes essentiels des Républicains est de ne pas comprendre que les Américains ont changé : sur le mariage gay, sur l’immigration, sur la défense de l’environnement. Si le candidat républicain à l’élection présidentielle apparaît comme un homme de Néandertal, il lui sera difficile de l’emporter. D’autant que tous les candidats démocrates – Hillary Clinton, Martin O’Malley et Bernie Sanders – ont emboité le pas d’Obama.

Comment les républicains peuvent-ils s'y prendre pour sortir de ce piège dans lequel Obama les a précipités ? Quel devra être la position sur le climat du candidat républicain qui sera élu par la parti ? 

Je préfère laisser cette question aux stratèges en communication des candidats républicains. Comment ne pas se couper de leur base conservatrice tout en parvenant à parler au plus grand nombre, là est la question. D’autant qu’Obama a été très habile. Il a appris du piège dans lequel était tombé Clinton en 1997. Il avait signé le protocole de Kyoto mais le Congrès ne l’avait pas suivi... En anticipant de plusieurs mois la conférence de Paris, Obama dit aux Américains : « Nous ne faisons pas cela parce que la communauté internationale nous y contraint, mais parce que c’est l’intérêt des Etats-Unis ». Et d’ailleurs le nom du plan le rappelle : il s’agit d’un plan américain (« America’s Clean Power Plan »). D’autre part, en discutant de tout cela avec les Chinois en novembre dernier (Chine et Etats-Unis sont les deux premiers émetteurs de dioxyde de carbone, moteur du dérèglement climatique), il entend prouver que les Etats-Unis ne se pénalisent pas par rapport à son nouveau grand concurrent.

Quel sera la place accordée à la lutte contre le réchauffement climatique aux prochaines élections présidentielles américaines ? Obama ne souhaite-t-il pas en faire un thème principal pour couler les républicains et ainsi favoriser Hilary Clinton ?

C’est officiel depuis hier : le climat est devenu un enjeu de la campagne. Le clivage est tellement fort entre démocrates et républicains, les enjeux sont tellement grands sur le plan social et économique qu’il ne peut pas en être autrement. Ce sera sans doute la première fois de l’histoire du pays que la question environnementale sera un des thèmes importants de la campagne. Une bonne nouvelle pour la planète...

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