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Que dit ma maman des élections présidentielles et du programme des candidats ?
©ERIC FEFERBERG, JOËL SAGET / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Ma maman a des idées bien arrêtées pour la Présidentielle. Elle ne votera plus Macron. Elle n’en voit pas l’intérêt, ni pour elle, ni pour les jeunes, ni pour l’Europe, ni pour sa ville de Normandie « devenue Turque », ni pour sa région en perdition, ni pour sa culture, bafouée, éreintée.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Elle ne peut pas se résoudre à voter Le Pen, mais n’aurait aucun problème à considérer Zemmour. Pécresse ? Elle la voit très bien, tellement Parisienne, Chirac au féminin, pour remplacer Hidalgo, car elle a honte de ce qu’est devenu « sa » ville et pense que Pécresse ne peut faire que mieux (elle est née à Paris et a fui avec notre famille, en 39/40 pour se réfugier à l’abri, si l’on peut dire, en Normandie, où je suis né par accident dans une petite ville entourée de champs et de vaches blanches et noires). 

Pour elle Macron ce n’est pas le centre, mais le néant, à force de construire sa place sur le démantèlement des autres et la politique du vide autour de lui. A cause de lui, il n’y a plus d’opposition en France, et pour elle l’opposition, c’est la démocratie. Voilà son constat, voyons-le dans le détail, avec l’œil de l’entrepreneur bien entendu !

Ma mère a failli mourir terrassée par les nazis, leur politique d’extermination et leurs bombes. Le jour où Macron a osé prononcer le mot « guerre » pour qualifier le Covid, elle a définitivement rangé le « blanc bec aux yeux bleus qui est trop jeune pour avoir le droit de dévoyer un tel mot » au rang de « jeune du passé » et certainement pas porteur d’avenir. 

La guerre ? Le Covid, elle, du haut de ses 85 ans, n’en a jamais eu peur. Faire se terrer comme pendant la guerre, la vraie, les français dans des caves pour une maladie qui aura finalement si peu tué en dehors des comorbides, elle a trouvé cela insupportable. Voyant son petit-fils (mon fils), entrepreneur, au bord de la déroute, ne plus avoir de festival à mettre sous la dent de son « food-truck », sans raison valable, elle a également bien vu que s’endetter à mort, ruiner l’avenir du pays, pour réparer une machine qu’on a cassé soi-même, n’avait aucun sens. 

Elle a vu, elle, que toutes les entreprises qui existaient à Flers de l’Orne, à ma naissance, ont disparu et n’ont jamais été remplacées depuis. Elle a vu les ravages que la gauche a fait subir à la région, qui a trouvé comme seul business de substitution, de devenir centre d’accueil pour l’immigration nord-africaine, puis Turque, qui constitue désormais 25%, voire plus, de la population rurale ambiante, et faire d’une ville qui a payé si chèrement sa libération en 45, une ville qu’elle considère comme « envahie » par une autre colonisation, et une masse de femmes en burqa dans les rues d’une ville rurale normande. Elle qui a toujours voté au centre, rêve de remettre l’église au milieu du village.

Elle a compris que ce Président, comme les précédents, les Maires, comme les précédents, donnaient tout aux métropoles, et rien aux territoires, et comprend bien que sans entreprises pour alimenter sa ville et sa région, rien ne permettra plus de faire rimer territoire et avenir. Elle a compris que pour avoir supprimé la taxe d’habitation pour se faire aimer des foules, ce Président a oublié de trouver les compensations nécessaires aux communes, et vient encore de voir sa taxe foncière épuiser plus de 2 mois de sa modeste retraite. Elle en est écœurée. La ville se dégrade et son coût augmente. Pour elle c’est une duperie de gauche et un échec de gauche. Pour elle, Macron est de gauche, mais se cache à droite pour rallier un électorat qui lui manque à gauche désormais. Elle n’en veut plus. Elle veut retrouver les usines textiles, les aciéries, qui marquèrent le destin de sa Normandie d’adoption, mais voit bien que la promesse de réindustrialisation, n’est qu’un effet de manche contextuel, pour politiques en mal de réélection. Cela n’arrivera pas. Les entreprises ne reviendront pas.

Depuis qu’une association amicale Maroco-Française a racheté avec un argent dont on ne connaît que trop bien la provenance, l’entrepôt à chaussures d’un grossiste désormais disparu et non remplacé lui aussi, elle a vu année après année, cette « amicale » se dévoiler au fur et à mesure que sa population féminine se voilait. En réalité, une mosquée déguisée, acceptée par le Maire de gauche qui cherche toujours des voix, elle accueille désormais le week-end des petites filles voilées de la tête aux pieds. C’est pour cela qu’elle ne votera pas non plus Pécresse. Chaque année, alors que la totalité du voisinage dénonce cette mosquée non autorisée, mais totalement tolérée par le Maire, à la fin du Ramadan, le député LR, vient également se « prosterner » devant « l’amicale Mosquée » sachant très bien ce qu’elle est en réalité. Elle a décidé que la gauche était coupable, et la droite responsable. Elle ne peut pas voter pour ceux qui se voilent la face, face au voile. 

Et surtout, elle voit. Elle voit que les RG (Renseignements Généraux) l’interrogent sur les va et vient dans la « mosquée » pour les aider à détecter des passages de gens potentiellement dangereux, mais que personne n’en tire aucune conséquence. Elle voit que les entrepreneurs « français » qui osent travailler le dimanche ou sans autorisations affichées, se font durement reprendre et punir et voient les mêmes, Turques, travailler jour et nuit, sur des chantiers non autorisés, en toute impunité. Il y a pour elle, les entreprises normales et les protégées, et elle ne supporte plus que le contrôle administratif, lui aussi se voile la face.

Elle pense que sa culture est en danger et que le « grand remplacement » à Flers, dans l’Orne, est une réalité. Elle n’a pas attendu ni Zemmour, ni Houellebecq pour le réaliser, et ne fait pas confiance aux élus actuels, quel que soit leur niveau, pour y remédier.

Et puis enfin, ma maman, pourtant Républicaine, éprise de liberté, ayant toujours voté au centre, et d’une génération non digitale, ne comprend pas pourquoi un Président aussi jeune, peut être aussi éloigné des réalités et des enjeux. Déformée peut-être, par les avis de son fils (moi) émis dans ses livres récents. Sur l’Ubérisation et la Chine. Elle me demande pourquoi ses petits-enfants n’utilisent que des « trucs informatiques » américains et maintenant Chinois et pourquoi n’y a-t-il rien de Français dans tout cela. « Je pensais qu’on avait les meilleurs élèves du monde », dit-elle !!  Elle ne comprend pas pourquoi Macron propose un plan sur le numérique à 6 mois des élections, quand nous l’attendons depuis son élection. Pourquoi ce trou de mémoire de près de 5 ans, et pourquoi s’en rappeler à 6 mois des élections. Sur le montant du plan, elle trouve que les montants sont énormes (30Mds) et comprend désormais pourquoi ce montant est similaire à un pourboire à l’échelle de la planète, maintenant que son fils (toujours moi) lui a expliqué ce qu’on pouvait faire (rien en gros), avec une somme aussi ridicule, répartie, de plus, sur 5 ans. Elle a peur pour ses petits-enfants, en se disant que « l’on va donc dépendre des autres », et ne comprend pas pourquoi.

En fait, ma mère est pleine de bon sens. Elle n’est pas raciste, elle qui a dans sa famille proche, plusieurs couleurs et religions qui se côtoient sans problème, et considère que réaliser qu’aucun peuple n’est fait pour vivre avec des personnes qui luttent contre le système qui les nourrit pourtant au quotidien, n’a rien de raciste. Que c’est simplement du bon sens. On n’arrive même pas à faire vivre sa propre famille dans sa propre maison, alors qu’elle est de la même éducation et culture, car c’est impossible, alors comment y faire vivre des personnes qui veulent tout y remplacer ou casser ?

Elle aurait été prête à voter Macron à nouveau, s’il avait montré qu’il comprenait les territoires. La crise des GJ a prouvé qu’il n’y connaissait rien. Elle aurait pu voter pour lui, s’il n’avait pas osé comparer le Covid à la guerre, et faire des français des couards terrorisés par une maladie à laquelle ils ont finalement bien survécu, au lieu de les responsabiliser et de laisser le pays entier en « zone libre ». Elle aurait pu voter pour lui, s’il avait investi sur l’avenir de ses petits-enfants, alors que sa politique a failli coûter son entreprise à son petit-fils aîné.

Elle ne votera donc pas pour lui. Ni pour Pécresse. Bien entendu par pour Mélenchon, ni pour les écolos tant qu’ils seront majoritairement « sectaires d’extrême gauche ». Jamais pour une inspectrice du travail qui n’a jamais fait un travail « productif ». Jamais pour Le Pen qui n’a rien d’autre que la répétition et l’héritage comme bagage. Cela laisse un choix limité… Et comme tout bon fils, je respecte les choix de ma maman !

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