Quand les Etats-Unis revoient leurs plans pour faire face à une tempête solaire extrême et à ses conséquences potentiellement dramatiques<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Etats-Unis revoient leurs plans pour faire face à une tempête solaire.
Les Etats-Unis revoient leurs plans pour faire face à une tempête solaire.
©Reuters

Sale temps pour la planète

Le soleil pourrait déclencher une vague de plasma magnétiquement chargée qui endommagerait gravement ou détruirait des systèmes électriques importants, des satellites et autres moyens de télécommunications. Reste à savoir quand...

La météo ne se limite pas aux nuages, aux vents, aux différences de températures et aux précipitations que l'on a l'habitude d'expérimenter sur Terre. La surface en fusion du soleil génère son propre temps, ou météo spatiale, envoyant d'immenses vagues bouillantes de plasma vers l'atmosphère terrestre. 

Une des principales préoccupations concernant cette météo spatiale est celle-ci : dans un futur potentiellement proche, le soleil pourrait déclencher une vague de plasma magnétiquement chargée qui endommagerait gravement ou détruirait des systèmes électriques importants, des satellites et autres moyens de télécommunications. 

La Maison Blanche, réalisant qu'une tempête solaire d'une extrême violence pourrait mettre en danger la vitalité et la sécurité de la nation, a publié un plan pour se préparer à contrer une éventuelle menace de la météo spatiale et coordonner des réponses. "Cette stratégie a été motivée par le fait que nous avons besoin d'un réseau électrique national cohérent pour renforcer la résistance et déterminer ce que nous devons savoir pour agir", a ainsi expliqué Bill Murtagh, directeur adjoint de la météo spatiale au Bureau de la science et de la technologie Politique de la Maison Blanche : "C'est un danger réel et actuel, une vraie menace."

L'élaboration du plan a été l'oeuvre de sept cabinets ministériels et treize agences qui sont tous conscients des risques causés par la météo spatiale. Si la plupart des tempêtes solaires sont bénignes et se produisent régulièrement, les événements extrêmes que les scientifiques craignent sont heureusement rares. L'infrastructure actuelle n'a pas été testée pour ce type de tempête, mais les scientifiques savent qu'elles sont possibles. Ils se sont en effet basés sur les activités récentes du soleil et les enregistrements passés.

A lire aussi - Alerte aux tempêtes solaires : la Terre menacée par une méga tache identifiée sur le soleil

En 2012, une tempête solaire hors-norme a manqué la Terre de peu. Elle aurait pu provoquer plus de mille milliards de dollars de dégâtsPlus précisément, selon cette étude relayée par le site MaxiSciences, "plusieurs éjections de masse coronale (CME) faisant suite à d'intenses éruptions solaires se sont succédé rapidement". Ces nuages de particules magnétiques ont été projetés dans l'espace vers les autres planètes dont la Terre. Fort heureusement, à neuf jours près, cette tempête solaire a manqué la Terre. Car si elle l'avait atteinte, ce phénomène aurait eu des conséquences cataclysmiques. Selon MaxiSciences, elle aurait perturbé l'ensemble du réseau électrique, rendant les satellites et GPS aveugles et interrompant ainsi les vies connectées de millions de personnes.

Et la Maison Blanche a bien raison de vouloir se préparer au pire car si l'on en croit le physicien Pete Riley, qui a consacré un article à la probabilité des événements météorologiques spatiaux extrêmes, la probabilité serait de 12% pour qu'une tempête solaire de type Carrington se produise dans les dix prochaines années...

Pour rappel,  le "Carrington Event", la plus grosse tempête solaire jamais enregistrée jusqu'ici, s'est déroulée en 1859, et, comme le rapporte history.com, il y eut des conséquences importantes. De nombreuses lignes télégraphiques furent coupées, et il faut se souvenir qu'à l'époque, c'était le seul moyen de communication à longue distance. L'atmosphère était tellement chargée d'électricité que les opérateurs pouvaient débrancher leurs batteries et continuer pourtant à transmettre des messages, lorsqu'il y avait encore des lignes disponibles. Des lignes télégraphiques en feu déclenchèrent des incendies dans les bureaux télégraphiques.

Les quotidiens de l'époque relatent des événements spectaculaires. Les aurores boréales descendaient à des latitudes beaucoup plus basses (jusqu'à Hawaï et Cuba), rendant parfois la nuit aussi lumineuse que le jour. "Un peu après minuit, nous fumes réveillés par la lumière des aurores, si brillante qu'on pouvait facilement lire son journal", rapportait un journaliste du Rocky Mountain News cité par Arstechnica.com.

L'astrophysicien Francis Rocard, responsable du programme d'exploration du système solaire au CNES depuis 1989, a expliqué pour Atlantico les conséquences de ce phénomène : "Les effets au sol se ressentent surtout au niveau des réseaux électriques, car l'éruption crée une variation brutale du champ électrique à la surface de la Terre, ce qui génère des surtensions violentes, qui peuvent faire disjoncter lesdits réseaux. C'est ce qui s'est produit au Canada dans les années 80 : un réseau a disjoncté, la demande s'est transférée vers d'autres réseaux, qui eux-mêmes ont disjoncté, parce que trop sollicités. L'effet domino pourrait donc être très grave, mais aujourd'hui nous avons une meilleure expérience face à ce genre de scénario, les autorités forceraient la baisse de la consommation avant le passage en mode de surcharge."

Une idée-phare du plan de la Maison Blanche consiste à établir des références pour les événements météorologiques spatiaux. Dans un rapport de 2011, l'OCDE, elle, avait établi un scénario qui évaluait le coût d'une coupure d'électricité liée à une tempête solaire à 6 milliards de dollars pour les seuls Etats-Unis. Une étude de l'académie nationale des sciences des USA, citée par la NASA, parle elle d'un impact économique d'une telle super-tempête à 2.000 milliards, soit vingt fois le coût généré par l'ouragan Katrina qui a dévasté la Nouvelle-Orléans en 2005.

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