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Quand le président du nouveau monde s’inspire largement de l’ancien
©LUDOVIC MARIN / AFP

Edito

On avait décrit l’annonce de la conférence de presse d’Emmanuel Macron comme une mission impossible.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Il est vrai que depuis son report à la suite de l’incendie de la cathédrale Notre Dame, les médias en avaient fait leur principal sujet, faisant ainsi monter un climat qui devenait progressivement anxiogène, car on savait qu’il ne pourrait satisfaire toutes les revendications exprimées à travers les multiples séances du grand débat.

Pour ce premier exercice, Emmanuel Macron a réussi une partie de son pari grâce à une aisance oratoire que personne ne lui conteste, jouant aussi au rôle du professeur qu’il affecte face à un auditoire de journalistes attentifs et plutôt disciplinés, dont les questions ont été généralement convenues. Sur le fond, sa performance ne se situe pas au même niveau, car elle reprend pour l’essentiel ce qui était déjà connu, sans que l’on perçoive le souffle qui était réclamé et espéré. Il s’est contenté de tirer une deuxième salve plus modeste après les dix milliards qui avaient été concédés, au moment de la crise ouverte des gilets jaune. Il a annoncé une baisse de l’ordre de cinq milliards de l’impôt sur le revenu pour les classes moyennes. Il a aussi fait marche arrière sur plusieurs points, notamment vis-à vis des retraités qui bénéficieront l’an prochain du retour de l’indexation de leur pension sur l’inflation au-dessous de deux mille euros, mesure qui sera étendue à l’ensemble de la catégorie à partir de l’année suivante. Il a décrété une sorte de statu quo sur les fermetures d’établissements ou de services publics dans les zones rurales, pour dissiper le malaise des régions.  A part quelques cas isolés, il n’a pas déroulé un éventail général de mesures concrètes, qui aurait aussitôt suscité la critique de ceux qui auraient pu être oubliés. Car c’est toujours au moment où l’on enregistre un léger mieux dans la conjoncture générale avec une baisse du chômage et la création de nouveaux emplois que les revendications se font plus fortes, chacun craignant de bénéficier moins que son voisin de l’amélioration de son pouvoir d’achat.

C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron, qui confesse- ce qui ne peut manquer de surprendre – qu’il a mis près de deux ans pour comprendre la France d’aujourd’hui et certaines souffrances comme celles des femmes divorcées ayant des enfants à charge, a l’intention de se mettre en retrait, d’abandonner sa position jupitérienne, pour renvoyer au gouvernement, aux collectivités locales, aux syndicats une part des responsabilités qui leur incombent dans la transformation du pays. Insensiblement, on revient ainsi peu ou prou au monde d’ancien, avec la multiplication en perspective d’organismes de concertation, de missions chargées de rapports comme celle qui concerne le mode de recrutement des fonctionnaires, de créations nouvelles comme « un conseil de défense écologique pour mettre en oeuvre l’urgence climat ». Avec l’accent mis sur la décentralisation, le transfert de pouvoirs exercés par l’Etat aux collectivités. Ces dernières seront consultées sur le degré de responsabilités qu’elles entendent assumer. Une tâche délicate car il s’agira d’harmoniser des points de vue souvent contradictoires, comme l’ont montré les réunions du grand débat, et qui risquent de prendre beaucoup de temps.

On risque ainsi de s’orienter vers une France bavarde, d’autant que le chef de l’Etat a fait part de sa volonté de multiplier les occasions de dialogues citoyens. On peut s’interroger sur leur efficacité, quand on voit le peu d’avancement de certains dossiers comme celui des retraites. Attendre l’essentiel des réflexions de la base dans l’espoir de dégager un consensus démocratique alors que le développement des technologies, la multiplication des réseaux sociaux , conduisent les individus à évoluer dans un univers de plus en plus virtuel qui encourage l’affrontement plutôt que la compréhension de l’autre, risque de se traduire par d’interminables palabres, au moment où l’autorité de l’Etat devrait se manifester par des décisions réelles qui font aujourd’hui cruellement défaut.

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