Primaire, l'effet de souffle : FN, gauche, Bayrou, Macron... personne ne peut en l'état résister à la vague Fillon<!-- --> | Atlantico.fr
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Si on se fie uniquement aux votes des électeurs de la droite et du centre et qu'on enlève la gauche et le Front national, François Fillon est manifestement encore plus haut.
Si on se fie uniquement aux votes des électeurs de la droite et du centre et qu'on enlève la gauche et le Front national, François Fillon est manifestement encore plus haut.
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Dynamique

Alors qu'au second tour de la primaire, François Fillon a réalisé un score de plus de 68% auprès de 4 millions de votants, la droite dispose, en vue de l'élection présidentielle de 2017, d'une dynamique forte. Une situation qui contraste avec celle de la gauche, qui vit un état de tension et d'affrontement inédit.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Quels effets a produit l'entre-deux tours sur le second tour de la primaire de la droite et du centre ? Quels sont les électeurs qui se sont mobilisés ?

Jérôme Fourquet : La participation est assez supérieure à celle du premier tour, ce qui montre que l'engouement de la primaire ne s'est pas démenti, en dépit du fait qu'un candidat important, Nicolas Sarkozy, a été éliminé, et que le score du premier tour laissait assez peu de suspens.

Le fait que Nicolas Sarkozy ait été battu aurait pu démobiliser une partie de l'électorat qui venait de la gauche et qui s'était rendu aux urnes pour le sanctionner. Par ailleurs, l'élimination de Nicolas Sarkozy, en dépit de son appel à voter pour François Fillon, aurait pu se traduire par une démobilisation de son électorat, de son fan club comme on l'avait appelé, qui ne se serait pas retrouvé dans l'offre du deuxième tour.

Avec une hausse de 4 à 5 points de la participation, ces phénomènes ont été largement contrebalancées par une dynamique et un engouement non démenti pour cette primaire. Cet engouement a nettement bénéficié à François Fillon, qui passe de 44% au premier tour à, d'après les estimations dont on dispose, 68%, soit un bond de 24 points, quand son adversaire passe de 28-29% à 32%, soit un gain de 3 à 4 points seulement, ce qui est très faible.

L'espoir caressé par certains juppéistes qu'une part significative des électeurs de gauche viennent rejoindre au deuxième tour ceux qui avaient déjà voté pour Alain Juppé au premier tour ne s'est pas produit.

Au regard des chiffres, on peut penser que les reports en provenance de l'électorat de Nicolas Sarkozy ont été de très bonne qualité. Par ailleurs, il apparait que le climat de l'entre-deux tours et les attaques d'Alain Juppé contre François Fillon ont eu un effet contre-productif pour celui qui les a proférées : ces attaques ont eu pour effet de souder l'électorat sarkozyste à l'électorat fillonien, et de susciter une réaction de mobilisation d'une partie de l'électorat de droite qui n'avait pas voté au premier tour pour venir soutenir leur champion, qui apparait comme le porte-drapeau de la vraie droite.

A la lumière des données sociologiques du premier tour, quels enseignements peut-on tirer des résultats du second tour ?

Il est encore un peu tôt pour le dire. Comme je l'avais déjà évoqué pour Atlantico, se dessine au sein des droites un rapport de force idéologique, très clairement en faveur de la droite "décomplexée", versus une droite plus humaniste, modérée. Nous avions montré que nous étions sur un rapport de 70 en faveur de la droite décomplexée à 30 : c'est à peu près le résultat du second tour, avec, rappelons-le, un score d'Alain Juppé qui tient en partie à l'immixtion dans cette primaire d'un contingent d'électeurs de gauche. Si on se fie uniquement aux votes des électeurs de la droite et du centre et qu'on enlève la gauche et le Front national, François Fillon est manifestement encore plus haut.

Entre le centre, le Front national, la droite et la gauche, et au regard de la situation du Parti socialiste, quelle est la dynamique qui se dessine pour l'élection présidentielle de 2017 ?

Pour la droite, il y a une vraie dynamique : faire un score de plus de 68% auprès de plus de 4 millions de votants, c'est une force propulsive tout à fait importante. Les juppéistes vont jouer le jeu du rassemblement, même s'il y a de la déception et du désarroi dans leurs rangs. François Bayrou hésite encore. Il semble que cette ligne à droite toute est une mauvaise nouvelle pour le Front national puisque cela va réduire significativement la progression du parti. Par ailleurs, cette dynamique et la légitimité très forte dont va bénéficier François Fillon vont jouer en contraste avec ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux à gauche. En effet, la gauche est à deux doigts d'une crise gouvernementale, avec un divorce entre le Président et son Premier ministre et pourquoi pas un affrontement entre les deux premiers personnages de l'Etat et de la gauche dans la primaire socialiste qui se tient dans deux mois.

La gauche fait face à un état de tension, d'affrontement et de fracture inédit. A droite, même si les tensions de l'entre-deux tours laisseront des traces, un candidat a réalisé un score de 68% sur une base électorale de 4 millions de votants. François Fillon a là une force importante, à la fois en absolu, et en relatif. 

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