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Premier trou d'air sur les popularités de Macron et Philippe : cet étroit chemin politique que leur dessinent les attentes croisées des Français de droite ou de gauche dans les sondages
©LOIC VENANCE / AFP

En même temps, c'est maintenant... ou pas

S'ils ont toujours une majorité de bonnes opinions, le président de la République et son premier ministre ont perdu trois points de popularité au mois de juillet selon le baromètre de l'IFOP.

Esteban  Pratviel

Esteban Pratviel

Esteban Pratviel est chef de groupe pour la société de sondages Ifop.

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Atlantico : Si l'on regarde le détail de ce que veulent les gens de droite, de gauche ou du centre, quel est finalement l'attente des Français vis-à-vis de ce gouvernement ?

Esteban Pratviel : Les attentes des Français sont de manière générale constantes depuis plusieurs mois. Selon un sondage Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio, leurs préoccupations sont concentrées sur des problématiques économiques et sociales, à commencer par la lutte contre le chômage (55% de citations) en premier lieu, puis dans une moindre mesure l’amélioration du pouvoir d’achat (41%) et la préservation du modèle de protection sociale français (38%). Les thématiques sécuritaires sont toujours présentes, la sécurité et la lutte contre le terrorisme arrivant en deuxième position des attentes (43%). Mais elles le sont moins que par le passé, malgré les événements qui ont pu avoir lieu ces derniers temps en France et dans le monde. S’agissant du gouvernement et du pouvoir politique qu’ils ont mis en place, les Français n’ont pas fait un choix particulièrement dogmatique ou idéologique à l’occasion de l’élection présidentielle ou des élections législatives. Ils ont davantage cherché à conduire au pouvoir une force politique nouvelle, capable de travailler avec les uns et les autres (« et de gauche, et de droite »), ayant pour objectif de forcer les blocages à l’œuvre actuellement et de transformer en profondeur la société française.

En faisant la somme de la manière dont chaque composante de l'électorat réagit (par exemple électeurs de gauche apprécient beaucoup moins Philippe mais les électeurs de droite lui maintiennent leur confiance. Ils font aussi plus confiance à Philippe qu'à Macron), et de la percée de Jean-Luc Mélenchon 52%), les Français  préfèrent-ils que le gouvernement soit plutôt ancré à droite ou à gauche ? 

Etant donné que la majorité sous le quinquennat précédent était constituée de personnalités issues d’une formation de gauche, un gouvernement conduit par une personnalité issue d’un mouvement de droite est naturellement bien accueilli. Mais lors de l’élection présidentielle et des élections législatives, les Français sont momentanément sortis du clivage gauche-droite, et ont fait prévaloir le clivage modérés-radicaux, en portant le « modéré » Emmanuel Macron à la présidence de la République. Ils ne forment pas dès lors un corps électoral uni et indivisible bien au contraire. Quatre mouvements politiques quasiment irréconciliables se sont exprimés lors du premier tour de l’élection présidentielle, fragmentant de manière durable la vie politique française. L’approbation majoritaire de l’action d’Emmanuel Macron (56%) ou d’Edouard Philippe (60%) dont ils bénéficient dans la vague de juillet du Tableau de bord politique Ifop-Fiducial pour Paris Match et Sud Radio, tient aujourd’hui à une forme de bienveillance et au fait que les principales réformes n’ont pas encore été mises en œuvre et l’exécutif se tient d’ailleurs à un niveau inférieur à ceux de ces prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Fillon en 2007 et François Hollande et Jean-Marc Ayrault en 2012.

Si on regarde les autres sondages, on constate que la politique économique du gouvernement est plutôt validée par les Français. Cependant, des inquiétudes persistent sur les problèmes de justice sociale qu'elle pourrait entraîner. Y a-t-il un sens politique à tout ça ? Quel chemins s'offrent au gouvernement pour choisir le positionnement le plus efficace en termes d'opinion en fonction des sujets ?

La politique économique conduite par la nouvelle majorité est effectivement plutôt bien accueillie aujourd’hui. Mais cette bienveillance demeure très fragile au sortir d’une très longue et violente séquence électorale qui a débuté dès septembre 2016 avec la campagne de la primaire organisée par Les Républicains. Il apparaît difficile de dire si cette bienveillance sera durable tant que les différentes mesures induites par cette politique ne sont pas encore devenues concrètes. Comme je vous le disais précédemment, la politique française est aujourd’hui très parcellisée entre plusieurs courants aux aspirations et aux objectifs très différents. Cet état rend toute réforme particulièrement difficile à mettre en œuvre, même si les Français attendent paradoxalement cette transformation. Le gouvernement devra surtout s’attacher à produire des réformes équilibrées où des gages seront donnés à chacune des parties prenantes, de manière à ce que les efforts soient répartis le mieux possible.

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