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Autant nous pouvons concevoir que les jeunes ne veulent plus faire d’enfants dans le monde catastrophique dans lequel ils vivent et surtout qu’on leur décrit, autant on comprend moins pourquoi ils ne font plus l’amour !
Autant nous pouvons concevoir que les jeunes ne veulent plus faire d’enfants dans le monde catastrophique dans lequel ils vivent et surtout qu’on leur décrit, autant on comprend moins pourquoi ils ne font plus l’amour !
©Allociné

Amour

Autant nous pouvons concevoir que les jeunes ne veulent plus faire d’enfants dans le monde catastrophique dans lequel ils vivent et surtout qu’on leur décrit, autant on comprend moins pourquoi ils ne font plus l’amour !

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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« Hélas ! cette vie est elle-même un si pénible rêve, pourquoi encore y mêler les nôtres », regrettait déjà Perdican devant la perspective de l’amour sous la plume de Musset…  il est intéressant de prendre connaissance de la dernière étude de l’Ifop sur la sexualité. Autant nous pouvons concevoir que les jeunes ne veulent plus faire d’enfants dans le monde catastrophique dans lequel ils vivent et surtout qu’on leur décrit, autant on comprend moins pourquoi ils ne font plus l’amour !

Hélas, les explications tombent sous le sens, ne serait-ce parce que l’expression « faire l’amour » finit par être inadaptée par rapport à l’expression « avoir sexe » car c’est de cela dont il s’agit de plus en plus. Dommage que l’Education nationale ne mette plus au programme quelques œuvres littéraires romantiques et fondamentales pour apprendre, comprendre et s’inspirer de ce que pouvait être l’art d’aimer.  Le porno sur internet, voire même les cours d’éducation sexuelle sont actuellement les sources d’inspiration et contribuent à déséquilibrer les jeunes. Les enfants et les ados sont exposés au sexe et même au porno dès le plus jeune âge ; au-delà du fait que c’est effondrant, moralement inqualifiable et désespérant par message envoyé, cela peut faire peur à des adolescents qui pensent que c’est la norme. Ainsi certains garçons estiment-ils que la violence et « la créativité » des films, sont la preuve de leur « compétence » et de leur expérience. Les filles ne veulent pas avoir l’air dépassées et pourtant quel traumatisme ; une jeune fille (pas encore tout à fait une femme malgré l’état civil) a une pudeur différente et une quête sentimentale éloignées au départ des gesticulations proposées dans les films auxquels elles sont exposées. Nous voilà donc avec des jeunes plus traumatisés qu’on ne le croit, s’ajoute à cela, la conviction de la pseudo-libération de la pseudo-femme, qui a « le droit » et c’est tendance, de faire toutes les avances qu’elle veut à un garçon avec provocation maximale au nom de l’égalité des sexes. Certes, le concept de « fille facile » a disparu des écrans, il n’en demeure pas moins que le principe de séduction affiché et de drague (aimable) qui était réservé au sexe masculin confortait ce dernier dans des approches traditionnelles et rassurantes pour eux. La conséquence de cette égalitarisme amoureux c’est que certains garçons osent trop et tout, affichent violement leurs demandes, un type de comportement qui exclut beaucoup de formes de sentimentalité.  Parallèlement le discours ambiant fait qu’a contrario ils sont gravement coupables dès qu’ils sifflent une fille même gentiment, ces mêmes filles si peu effarouchées hurlent dès qu’elles sont approchées, #ME TOO a permis d’avancer mais n’a pas forcément pacifié le climat amoureux, on crie au viol très facilement ! Tout cela a détruit pour de bonnes ou mauvaises raisons un équilibre subtil celui d’une forme de sensualité sur un terrain émotionnel, ajoutons à cela les réseaux sociaux et la pêche sur Tinder, et l’on obtient un type de consommation fast Food qui peut amener à la désespérance et a une forme de rejet amoureux. L’univers de la grande conso sexuelle a triomphé, du moins dans nos sociétés rendant d’ailleurs de plus en plus violentes les différences de civilisation. Comment s’étonner que la satiété des rapports sexuels en soit la conséquence …

La magnifiée tolérance gagne du terrain, on « a le droit » à tout et à tout le monde, les parents sous peine d’être ringardisés pensent que les codes d’accès et autres autorisations parentales sont préférables aux explications et à l’éducation, gênés ils se débarrassent de ces sujets en les abandonnant à une éducation scolaire douteuse en la matière. La crainte du jugement familial ou amical était aussi un piment : se cacher rendait la conquête moins facile et plus excitante. On bravait des interdits en tremblant un peu, et c’était exquis, alors que les parents aujourd’hui n’osent plus s’étonner de trouver au petit déjeuner un petit copain inconnu la veille, on ne dit rien sinon le jeune retorquera outré « vous préférez que je me cache ? ». Eh bien oui, peut être ! c’est vrai parfois on aimerait ne pas savoir, on aimerait  pour eux qu’il y ait un peu de mystère, on aimerait que les jeunes « n’osent pas », on aimerait que les filles aient un certain respect d’elles-mêmes et privilégient le fait d’être amoureuse .On regrette parfois le temps ou l’on jugeait sévèrement les « Marie couche toi là », le temps au nom  d’une morale  dépassée ou l’on se gardait pour celui que l’on aimerait ( je suis consciente de cette désuétude assumée) mais surtout pour leur permettre d’atteindre  progressivement une certaine plénitude amoureuse et la découverte de l’amour physique qui peut nécessiter du temps.  

Les relations entre garçons et filles bénéficient d’un régime laxiste qui va du « plan Q » d’un soir, au flirt de la semaine, au copinage sexe à la fac, au petit copain régulier, etc.… mais chacun sa vie on n’est plus fusionnels d’ailleurs : les bandes de filles sont de plus en plus nombreuses, sans compter leurs expériences sexuelles entre elles qui sont monnaie courante et n’engagent à rien, c’est pour voir … cela fait l’objet de récits. Tout être humain est réduit à une relation standardisée, on rencontre n’importe qui en l’embrassant la première fois immédiatement sur les 2 joues et on ne donne plus son nom entier, le prénom suffit. Comment ne pas désespérer devant le romantisme achevé du couple au restaurant chacun sur son portable ? les stats des rapports sexuels ne sont pas bonnes ? et pour cause. L’amour et la jeunesse font face à de sévères adversaires. Sous prétexte de tout désacraliser au graal de la déconstruction, on a fini par casser la magie au profit de l’amour virtuel (cliquez à droite pour « j’aime », à gauche pour zapper).

Rêvons un peu, vous souvenez-vous du baise main ? je ne parle pas du baise-main proustien mais du geste qui traduit simplement respect et tendresse, courtoisie et discrétion, le baise main d’un homme qui s’incline et qui fait vibrer plus qu’on ne l’imagine les cordes de l’âme. La jeunesse est en panne de libido ? Oui, mais voilà on ne badine plus avec l’amour, on le vulgarise.

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