Pourquoi nous sommes de mauvaise humeur quand on a faim<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
Pourquoi nous sommes de mauvaise humeur quand on a faim
©Pixabay

Montrer les crocs

S’énerver quand on a les crocs est une réaction plutôt commune. Ce qui se passe scientifiquement dans votre corps lorsque vous avez faim peut expliquer certaines tendances à l'agressivité.

Jean-Daniel Lalau

Jean-Daniel Lalau

Jean-Daniel Lalau est médecin, professeur de nutrition au CHU d'Amiens, docteur en sciences et en philosophie.

Il est l'auteur des livres En finir avec les régimes (éditions François Bourin) et Hospitalité - Je crie ton nom (éditions Chronique sociale). 

Voir la bio »

Atlantico : Comment expliquer que le fait d'avoir faim peut nous rendre parfois agressif ?

Jean-Daniel Lalau : Manger est un besoin, un besoin physiologique, un besoin qui commande – comme tous les besoins – d'être satisfait. La non-satisfaction du besoin, la privation dès lors, peut rendre quelque peu agressif. 

Sommes-nous tous égaux face à ce phénomène, ou certaines personnes sont-elles plus sensibles que d'autres au fait d'avoir faim ?

Non, nous ne sommes pas égaux face à la faim. La physiologie, déjà, peut varier d’un sujet à l’autre. Certains peuvent sauter un repas, ou même ne faire qu’un repas par jour, même avec une activité physique intense ; d’autres non. La régulation du métabolisme du glucose, en particulier au niveau de l’hypothalamus (zone du cerveau régulant la faim et aussi la satiété), sous l’influence de nombreuses hormones et neuromédiateurs (certains orexigènes, d’autres à l’inverses anorexigènes) est d’une complexité extrême. Et la complication devient infinie quand on sait qu’en outre de la "faim biologique", il y a la régulation du comportement alimentaire : se nourrir, et non plus simplement manger, porte la marque de l’esprit. Pour le coup, l’adaptation du comportement alimentaire de tout un chacun face au plaisir, face au désir, est des plus variables, selon la tolérance à la frustration, l’anxiété, l’entourage, etc...

Auriez-vous quelques conseils à donner pour diminuer l'agressivité déclenchée par le fait d'avoir faim ?

D’abord, tenter de différencier la "vraie faim", "la faim biologique", de la "faim du stress". La "vraie faim", quand on connaît bien le fonctionnement de son organisme, quand on sait bien écouter son corps, demande à être assouvie. Il faut alors manger ! Ailleurs, dans l’état anxieux par exemple (le fameux bout du gruyère quand on rentré énervé du travail) on peut très bien manger malgré tout pour calmer cette autre faim ; c’est moins mauvais pour la santé que le tabac ou l’alcool. Mais mieux encore est de réduire la sensation de faim en consommant systématiquement lors des repas un féculent et des fibres (céréales complètes au petit-déjeuner, des légumes ou fruits cuits midi et soir) : des féculents pour l’apport énergétique, et des fibres pour que cette énergie tienne dans la durée. Les fibres, en effet, ont l’immense avantage de ralentir la vidange de l’estomac. Eviter donc les céréales soufflées au petit-déjeuner ; je ne "tiens pas" la matinée ainsi !

Propos recueillis par Thomas Gorriz

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !