Usine à gaz
Pourquoi les PME boudent la BPI
La Banque publique d'investissement disposerait de suffisamment de crédits et de fonds propres disponibles pour les PME... Seule la demande des entreprises ferait défaut.
Leonidas Kalogeropoulos
Atlantico : Lundi 24 juin une convention a été passée entre la Banque publique d’investissement (BPI) et la Banque européenne d’investissement (BEI). La BEI mobilisera 1,2 milliard d'euros renforçant ainsi la capacité de financement au profit des PME. Pourtant, le problème de la BPI ne serait pas, selon son président, Nicolas Dufoucq, le manque de crédits ou de fonds propres disponibles pour les entreprises, mais plutôt le manque de demandes. Comment expliquer que les PME ne se tournent pas davantage vers la BPI ?
Les financements de la BPI sont-ils difficiles à obtenir ?
Il est trop tôt pour se prononcer sur les mécanismes propres à la BPI et donnons crédit à tous ses dirigeants d'avoir très certainement mis la meilleure volonté à rechercher les mécanismes les plus simples et opérationnels pour faciliter la vie des entrepreneurs. Néanmoins, nous sommes face à une banque "publique", et les chefs d'entreprises ont coutume de savoir que les administrations fonctionnent toutes selon des règles tatillonnes avec des cases à remplir auxquelles le projet dont on est porteur ne correspond jamais. Prenez le statut de Jeune entreprise innovante qui pouvait représenter un espoir pour de très nombreuses pousses entrepreneuriales. Le nombre d'entrepreneurs qui ont abandonné tout espoir de rentrer un jour dans les cases administratives correspondant à ce statut est légion, les mouvements d'entrepreneurs collectionnent tous des anecdotes plus caricaturales les unes que les autres sur ces anomalies administratives. Même Facebook, s'il était né en France, n'aurait pas obtenu ce statut. Ce contexte amène naturellement les entrepreneurs à appréhender une banque "publique" avec une réticence naturelle dès le départ. Mais ce procès d'intention spontané n'est peut être pas justifié, ce sera à la BPI de démontrer que ces réticences sont malvenues...à moins qu'on ne constate rapidement qu'elles étaient légitimes. Mais il est indéniable que les entreprises sont réticentes à se tourner vers ce qui apparaît d'abord et avant tout comme une nouvelle administration.
L’objectif de cette convention ne serait pas de baisser les taux d’emprunt mais de combler quelques failles de marché. Quelles sont les failles du marché auxquelles les PME sont actuellement confrontées ? Comment les pallier ?
Il est vrai que les relations entre les PME et les banques privées ne sont pas aisées, et que les réticences des banques à prendre des risques et à accompagner les entreprises dans leurs projets ou à surmonter leurs difficultés passagères, mettent en péril le dynamisme de notre économie. Fallait-il pour autant demander à une banque publique de supplanter les carences des banques privées? Ça a été le choix du gouvernement et il faudra en faire le bilan dans quelques mois. Mais il est indéniable que le diagnostic de départ est juste : le coup de frein des banques face à toute prise de risque a véritablement asséché les projets des entreprises. Peut-être fallait-il, en contrepartie des soutiens dont elles ont bénéficié de la part du gouvernement ou de la BEI, exiger qu'elles se montrent plus enclines à la prise de risque, ce qui est après tout la justification des taux d'intérêts qu'elles pratiquent.
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