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Pourquoi les obsédés de la (dénonciation de la) droite dure pervertissent le débat politique
©Thierry Zoccolan / AFP

Noms d'oiseau

La candidature de Laurent Wauquiez à la présidence des LR a suscité de nombreux commentaires, notamment pour qualifier la ligne politique défendue de "droite dure".

Chantal Delsol

Chantal Delsol

Chantal Delsol est journaliste, philosophe,  écrivain, et historienne des idées politiques.

 

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Atlantico : La candidature de Laurent Wauquiez à la présidence des LR a suscité de nombreux commentaires, notamment pour qualifier la ligne politique défendue de "droite dure". Dans une interview donnée au Figaro, Laurent Wauquiez déclare "Je suis parfois surpris de ce que j'entends. Je défends les valeurs de travail, d'effort, les classes moyennes, je refuse le communautarisme et l'intégrisme islamique qui petit à petit ronge notre société. Je considère que l'on a besoin d'assumer notre histoire et nos racines et que la France n'a pas à se renier pour retrouver du souffle et de l'ambition. Depuis quand ces valeurs seraient-elles celles d'une droite dure ?" En quoi ce terme de droite dure pourrait être considéré comme inadapté au regard de la ligne politique défendue ? Quel danger y a-t-il à accepter un tel qualificatif ?


Chantal Delsol : En parlant de droite dure on suppose une comparaison. Droite et gauche sont relatives. Laurent Wauquiez est sans aucun doute à la droite de Jupé ! lequel est considéré par nombre de Républicains, comme de gauche…

Ce qui est intéressant c’est que les réformes que propose Laurent Wauquiez sont beaucoup moins « à droite » d’un point de vue économique et social, que les réformes de Macron qui sont en train de s’accomplir. Qu’aurait-on dit si Wauquiez proposait d’enlever aux syndicats une partie de leur pouvoir, ou de cesser de tirer au sort l’entrée à l’université ? On ne trouverait plus de mots pour nommer son extrémisme de droite… La réalité c’est que le parti Les Républicains n’a plus aucun intérêt, puisqu’à force de ne pas oser être de droite, il s’est fait dépasser sur sa droite… par la gauche ! Le seul point sur lequel Les Républicains pourraient être de droite, c’est le côté conservateur, c’est à dire les réformes sociétales, que Macron ne risque pas de leur voler. Mais imagine-t-on que Les Républicains osent poser ouvertement les questions dites sociétales ? C’est impensable.

En raisonnant par symétrie, n'y a-t-il pas un décalage entre une gauche "radicale" représentée par Jean Luc Mélenchon, et le qualificatif de droite "dure" accolé à Laurent Wauquiez et à sa ligne politique ?

On extrémise toujours ce que l’on déteste, afin de le déconsidérer. On sait bien que n’importe quel libéral se fera immédiatement appeler « ultra-libéral », parce que le libéral est mal vu en France. C’est pareil pour la droite. Il n’y a pas de « droite » ; il y a l’ultra-droite, la droite dure, la droite extrême, l’extrême droite. Parler de gauche « radicale » à propos de Mélanchon, c’est le protéger, le favoriser –et parler de « droite dure » à propos de Wauquiez, c’est laisser entendre qu’il n’est pas loin du fascisme. Vous aurez remarqué que lorsque Nuit Debout casse, pille et incendie, on ne dit rien. Si la droite se permettait ce genre de comportement, l’indignation serait immense, et on crierait à l’arrivée du fascisme. On ne passe rien à la droite, parce qu’elle est créditée de mauvaises intentions, tandis que la gauche, qui n’aurait que de bonnes intentions, suscite  l’indulgence…

Quelles sont les conditions nécessaires à ce que les cadres de droite puissent "assumer" un tel positionnement ?

Ils n’ont qu’à avoir du courage. Voilà cinquante ans qu’ils tremblent de peur devant la gauche.

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