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La plateforme de streaming Deezer est une des licornes françaises.
La plateforme de streaming Deezer est une des licornes françaises.
©Martin BUREAU / AFP

Recette miracle

Le nombre de licornes, ces start-up valorisées à plus d'un milliard de dollars, est en forte augmentation. Mais portées par le surplus de liquidités sur les marchés, ces entreprises ne sont pas toutes aussi innovantes que leur nom le laisse penser.

Christopher Dembik

Christopher Dembik

Avec une double formation française et polonaise, Christopher Dembik est diplômé de Sciences-Po Paris et de l’Institut d’Economie de l’Académie des Sciences polonaise. Il a vécu cinq ans à l’étranger, en Pologne et en Israël, où il a travaillé pour la Mission Economique de l’Ambassade de France et pour une start-up financière. Il est responsable de la recherche économique pour le Groupe Saxo Bank. 

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Atlantico : Qu’est-ce qu’une licorne en économie ? Que nous dit le terme de « licorne » de la manière dont sont considérées ces entreprises ?

Christopher Dembik : Une licorne est une ancienne startup ou jeune pousse qui a atteint un niveau de valorisation supérieur à un milliard de dollars et qui est considérée comme un fer de lance technologique par les autorités.

Les appeler « licorne » traduit l’idée que nous sommes dans une période, notamment en France, où il faut aimer l’entreprise. J’ai beau être pro-business, je trouve qu’il y a un peu de naïveté autour de ces licornes. Ce nom véhicule tout un imaginaire qui est très décalé par rapport à la réalité, mais qui correspond à l’air du temps.

A quel point les licornes se multiplient-elles en ce moment ?

Le mouvement s’est accéléré avec la pandémie de Covid-19, mais depuis plusieurs années on observe un fort développement de ces entreprises. L’augmentation du nombre de licornes reflète l’appréciation des cours boursiers et des niveaux de valorisation des entreprises : il y a tellement de liquidités sur les marchés depuis plusieurs années, notamment en raison de banques centrales très accommodantes ! Le phénomène a connu une augmentation avec la pandémie parce que des quantités astronomiques d’argent public ont été mises sur la table et que les banques centrales ont mis en place des rachats d’actifs. Pour certains, cela a été l’occasion d’investir dans les entreprises considérées comme ayant un fort potentiel de développement. Cela témoigne aussi d’une forme de surplus de liquidités sur les marchés. Résultat : les valorisations sont parfois exagérées.

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Faut-il s’inquiéter de la multiplication des licornes en raison de cette ambivalence ?

En effet, les licornes peuvent être la démonstration de développements intéressants des entreprises, c’est l’aspect positif, mais l’aspect négatif ,c’est l’exubérance. L’afflux de liquidités est permis par les banques centrales et des taux d’intérêts ultra-bas. Aujourd’hui, avec les craintes au niveau de l’inflation, les banques centrales s’apprêtent à remonter leurs taux d’intérêt et normaliser la politique monétaire. Cela va inciter les investisseurs à réfléchir à deux fois avant de placer leur argent dans ces licornes. Avoir des licornes c’est bien, mais il faut un tissu économique. Si les licornes ne produisent pas d’effet d’entraînement, je ne suis pas certain que l’apport économique soit magistral. Pour l’instant, les licornes n’ont pas fondamentalement changé la structure de l’économie.

Y-a-t-il des secteurs plus propices à l’émergence de licornes ?

En bourse, il y a des effets de mode. Aujourd’hui, si vous voulez introduire une société en bourse en Europe, pour attirer des investisseurs institutionnels, on va vous conseiller d’être sur le secteur du CBD, considéré comme un investissement d’avenir. Souvent, être adossé à une technologie attire également fortement les investisseurs institutionnels. Parfois c’est une erreur.

Les investisseurs en private equity sont très fortement derrière ce mouvement, notamment parce qu’ils ont une très forte quantité de liquidités.

Comment la France se positionne-t-elle par rapport aux licornes ?

Nous sommes encore très loin des Etats-Unis ou même du Royaume-Uni mais il y a eu une éclosion de licornes importantes ces dernières années. Elles ont majoritairement un pan technologique et sont des business un peu plus matures qu’aux Etats-Unis ou des startups peuvent devenir licornes. Du point de vue des autorités, il y a une course aux licornes. Plus un pays en est doté, plus il est considéré comme compétitif et innovant, parfois à tort, mais cela rentre dans le discours de la « startup nation » qui est très présent depuis 2017.

L’une des problématiques à l’heure actuelle c’est qu’il faut que les licornes soient intéressées par un développement en France ou en Europe. Or, souvent, elles préfèrent se tourner vers les Etats-Unis.

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