Pourquoi les écoutes américaines ne doivent pas perturber les négociations sur le TTIP <!-- --> | Atlantico.fr
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Le partenariat transatlantique est remis en cause.
Le partenariat transatlantique est remis en cause.
©Reuters

Alibi illégitime

Alors que mercredi 24 juin, Wikileaks mettait à disposition des documents prouvant que les États-Unis ont mis sur écoute les trois derniers présidents français, la question du partenariat transatlantique refait surface. Car ce n'est pas vraiment des comportements que l'on peut attendre d'un allié.

Hervé Guyader

Hervé Guyader

Hervé Guyader est avocat au Barreau de Paris, Docteur en Droit et Président du Comité Français pour le Droit du Commerce International.

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Voici quelques jours que fut révélé le fait que les grandes oreilles américaines écoutaient nos Présidents de la République. Nul doute que, nonobstant les fausses pudeurs du Président Obama, ils continuent leur espionnage à grande échelle qui ne doit épargner aucun de nos grands dirigeants du secteur public comme privé.

Ce comportement est intolérable, injustifiable ! L’unité nationale qui semble se dégager derrière François Hollande doit être pleinement approuvée en ce qu’elle condamne cette attitude indigne d’un allié.

Cette attitude est d’autant plus inqualifiable que les services de renseignements français sont engagés auprès de leurs confrères américains dans la lutte anti-terroriste à laquelle la France prend tout sa part.

Il est triste de voir les Américains traiter ainsi leurs amis de plus de 200 ans.

Pour autant qu’il soit important que le message adressé soit fort et dépourvu d’équivoque, il serait bon de ne pas se tromper d’ennemi.

Certains responsables écologiques ainsi que communistes ont saisi cette occasion inespérée pour demander la cessation immédiate des négociations en vue de conclure le partenariat transatlantique (TTIP) considérant que ce projet de traité est néfaste aux intérêts français.

Cette idée repose sur l’idée que nous aurions le choix. Tel n’est pas le cas. La France de Jeanne d’Arc est passée. Nous sommes à l’heure de la globalisation économique où chaque français possède en son foyer déjà bien des produits de consommation fabriqués hors de nos frontières.

Dresser des barricades et des miradors aux quatre coins de l’hexagone ne peut être sérieusement envisagé. Le commerce mondial est désormais une réalité dont il ne nous appartient que de dessiner les contours.

La question n’est donc pas de savoir si le traité transatlantique est une bonne ou une mauvaise chose, s’il sera profitable ou dangereux. La question doit être de savoir quel en sera le contenu.

Ce n’est pas parce que les Américains ont une vision très singulière de notre souveraineté qu’il nous faut leur claquer la porte au nez car d’autres seront bien pires.

Si l’on fait l’économie de l’idée absurde consistant à imaginer la France vivant en parfaite autarcie, leur tourner le dos supposera de se rapprocher d’autres partenaire économiques d’envergure.

Imaginerait-on, ne serait-ce qu’un instant que Chine, par exemple, ou Russie se comportent comme des partenaires plus fréquentables que les Américains ?

Leur conception des droits de l’homme, de la démocratie, de la justice indépendante, leur traitement de la corruption…sont autant de sujets qui devraient nous amener à réfléchir à deux fois.

Quant aux modèles du commerce international, tous ceux qui ont eu l’occasion d’en traiter avec les Etats évoqués pourront témoigner sans réserve de ce qu’il est infiniment plus confortable de travailler avec l’Oncle Sam qu’avec les autres.

La faute commise par les USA est impardonnable. Mais elle doit servir aux Européens de motivation pour prendre les négociations transatlantiques à bras le corps au lieu de chercher à se terrer.

Le monde est en marche.

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