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Pourquoi le ralentissement de l’activité dans le secteur des services, essentiel à la création d’emplois, commence à devenir inquiétant pour l’économie française
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Après deux mois de croissance modeste, l’Indice final Markit de l’Activité de Services en France s’établit à 49.9, un plus bas de 3 mois. Ce recul de l'activité du secteur des services trouve son explication dans la détérioration du climat social avec la loi El Khomri, le terrorisme, la remontée récente du chômage, les inondations, le Brexit... et annonce un ralentissement de la croissance économique française.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

Voir la bio »

Atlantico : Après deux mois de croissance modeste, l’Indice final Markit de l’Activité de Services en France s’établit à 49.9 (51.6 en mai), un plus bas de 3 mois. Quelles sont les causes de cette quasi-stagnation de l'activité dans le secteur des services ? Dans quelle mesure les mouvements sociaux ont-ils impacté ce recul de l'activité ?

Jean-Paul Betbeze : L’indice Markit des services est, sans doute, l’indicateur le plus sensible dont nous disposons pour savoir ce qu'il se passe, ou plutôt ce qu'il se passera en France. 

Voilà en effet plusieurs mois que nous vivons un "effet de ciseaux" entre une économie qui s’améliore dans les chiffres, en particulier dans l’industrie, mais qui se détériore dans les têtes. Depuis quelques mois en effet, la France bénéficie d’un effet de rattrapage, avec l’amélioration de ses voisins et avec l’amélioration de ses marges, sous l’effet du CICE. 

Cependant, si l’on regarde ce qu'il se passe dans les services et dans les têtes, la situation est plus inquiétante. La détérioration du climat social avec la loi El Khomri, le terrorisme, la remontée récente du chômage, les inondations et maintenant le Brexit font penser que nous allons dans des territoires nouveaux, plus inquiétants. De fait, en matière de services, on voit des interrogations croître pour le transport, le tourisme, l’hôtellerie et aussi l’immobilier. On les retrouve dans le sondage.

Quelle est la part des services dans la création d'emplois en France ? Alors que les services sont censés être un moteur de la reprise économique en France, dans quelle mesure leur faible croissance est-elle inquiétante ? 

Le secteur des services est profondément diversifié et décisif dans la création actuelle d’emploi, puisque l’industrie et l’immobilier en détruisent. Il comprend par exemple les soins et la santé, qui vont se développer avec le vieillissement de la population, et les nouvelles technologies qui sont également en expansion. Cependant, à côté, il abrite le secteur de l’hébergement-restauration qui souffre de l’effet Airbnb, comme celui de la communication qui se trouve lui-même concurrencé par les nouvelles technologies (mail). Les secteurs de la banque et de la finance sont actuellement sous forte pression des nouvelles technologies, là encore, avec les tentatives de "désintermédiation" et des taux d’intérêt très bas. Dans tous ces domaines, il est de plus en plus clair que la croissance sera très modérée. 

Au total, en matière de création d’emplois, les services ne rempliront leurs promesses qu’avec plus de formation que jamais. Il ne s’agit plus de s’imaginer que les services vont se développer aux deux bouts : à un extrême, dans des emplois très qualifiés, dans le big data par exemple, et à l’autre extrême dans des endroits peu ou pas qualifiés, dans les services à la personne par exemple. Il faudra partout de la qualification, de plus en plus, et constamment.

Quelles sont les perspectives d'activités ? Alors que les dernières données datent d'avant le Brexit, quel pourrait être l'impact de la sortie du Royaume-Uni sur la santé du secteur ? 

Le Brexit va avoir un premier effet négatif sur l’hôtellerie, le tourisme, les campings et les maisons secondaires, très prisées par nos amis britanniques, en Dordogne notamment. Cet effet Brexit, par l’inquiétude et la baisse de la livre sterling, pourrait durer si la situation se détériore durablement au Royaume-Uni. Mais, en sens inverse, si le ralentissement économique se poursuit, les taux d’intérêt sont appelés à baisser encore, ce qui soutiendra l’immobilier. 

A terme plus éloigné, s’il apparaît que la France, et plus particulièrement la place de Paris, gagne au Brexit, ceci aura des effets très positifs sur les services. Mais nous n’en sommes pas là. Pour le moment, ce sont plutôt les interrogations qui demeurent, avec la préparation, de part et d’autre, de négociations qui ne seront pas nécessairement amicales. Au total, la croissance française, qui était bien partie, peut vivre actuellement une phase de ralentissement, dont les services sont le signe annonciateur.

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