Edito
Pourquoi le chômage remonte lorsque l’économie repart
La reprise du chômage constitue une sorte d’énigme pour laquelle il existe plusieurs hypothèses.
C’est la nouvelle la plus surprenante en cette période de fin d’année. Le nombre des sans emplois a augmenté de soixante mille personnes au troisième trimestre, alors que les spécialistes tablaient sur la poursuite de la décrue engagée depuis plusieurs mois. Pour éviter les à coups provoqués par la publication des chiffres mensuels soumis aux aléas conjoncturels, le gouvernement avait décidé de limiter ses analyses aux statistiques trimestrielles : cela devait éviter d’entretenir un climat anxiogène, tendant à décourager les efforts déployés par les pouvoirs publics. Or, les derniers chiffres publiés vont à l’’encontre des objectifs recherchés, puisqu’ils font état d’une aggravation de la situation de l’emploi dans notre pays, avec une hausse du chômage de 0,2% à 9,4%, concernant 2,7 millions d’individus.
La surprise est d’autant plus grande que les indicateurs de la conjoncture sont au vert : reprise de la consommation et de l’investissement, hausse du marché immobilier, traduisant une accélération de la croissance qui passerait progressivement d’un rythme de 1,1% prévu en début d’année à 1,6, voire 1,7%. L’entraînement de nos voisins où les performances sont en moyenne plus élevées constitue au demeurant une assurance supplémentaire sur la poursuite du mouvement.
Dans ce contexte, la reprise du chômage constitue une sorte d’énigme pour laquelle il existe plusieurs hypothèses. La première évoque la recherche d’économies dans certaines entreprises ou collectivités territoriales, liées en partie à une réduction des subventions publiques. Mais il existe aussi une autre explication plus positive : le nouveau climat existant depuis l’arrivée à l’Elysée d’Emmanuel Macron pourrait conduire un certain nombre de personnes qui étaient désespérées par le laxisme du quinquennat précédent et qui avaient abandonné toute recherche, à espérer à nouveau dans le marché du travail et à s’inscrire désormais en demandeurs d’emploi, venant gonfler à court terme les statistiques.
Dans ce contexte l’Insee s’attend plutôt à court terme à une stabilisation des indices qui pourraient se maintenir à un taux de chômage de 9,4% en fin d’année, avec l’espoir d’un retour de la décrue l’an prochain qui ne pourra qu’être lente, car les pouvoirs publics ont choisi la méthode douce dans la transformation de l’économie, plutôt que les mesures radicales qui auraient conduit dans un premier temps à une augmentation du chômage. On le mesure au demeurant au fait que les dépenses publiques ne vont pas diminuer en 2018 : elles seront en hausse de 1,9%, sans que l’on puisse exclure un certain dérapage, car, au fur et à mesure de la discussion budgétaire, le gouvernement opère certains retours en arrière pour ne pas trop alourdir la facture. Par ailleurs, en l’absence d’élections prochaines, les collectivités locales ont tendance à laisser les dépenses repartir à la hausse, tandis que la lutte contre l’absentéisme pourtant particulièrement élevé, ne marque aucun progrès, alors que l’âge moyen du personnel municipal ou régional ne cesse de s’élever : en dix ans, il est passé de 44,2 ans à 46,7 et un quart du personnel a plus de 50 ans, avec des rémunérations qui augmentent avec l’âge.
Le sentiment prévaut que le gouvernement mise trop sur la croissance pour résoudre les difficultés de l’économie, ce qui exerce une influence paralysante et risque de réduire les efforts annoncés pour remettre le pays sur les rails. A Bruxelles, les jugements ont tendance à se durcir sur les capacités de la France à se réformer et au risque de retomber dans les erreurs du passé.
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