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Pourquoi le chômage fait de la résistance
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Edito

Alors que les grands patrons et les entreprises témoignent de leur optimisme concernant la croissance, l'économie française continue d'être plombée par un mal récurrent : le chômage.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’hymne à la croissance s’étend sur toute la planète. Les grands patrons réunis à Davos témoignent de leur optimisme de plus en plus partagé par le Fonds Monétaire international qui révise à la hausse ses prévisions. En France aussi l’était d’esprit a changé : la confiance est de retour. Les embauches sont à l’ordre du jour dans les entreprises, alors que les dépôts de bilan sont tombés à leur niveau le plus bas. Le rythme de l’expansion approche de deux pour cent l’an. Et pourtant le secteur le plus sensible de l’économie, l’emploi, qui a contraint François Hollande à renoncer à se représenter, continue à faire des siennes, car le chômage fait de la résistance.

Les statistiques sur l’ensemble de 2017 qui viennent d’être publiées, sont décevantes : alors que l’activité donne le sentiment de fonctionner à plein régime, le nombre des chômeurs a seulement baissé de 15 700. Un chiffre dérisoire par rapport à une masse de 3 467 000 personnes, représentant 9,2% de la population, lorsqu’en Allemagne, on est à un plus bas historique de l’ordre de quatre pour cent. Nul doute que ce résultat risque de faire l’effet d’une douche froide auprès d’une opinion bercée depuis des semaines à la musique douce de la « résurrection » de la France.

Les explications de ce phénomène ne manquent pas : d’abord les statistiques de 2016, qui apparaissent paradoxalement comme un meilleur crû avaient été gonflées artificiellement par des contrats de formation concernnt 500 000 personnes qui avaient été ainsi retirées des statistiques du chômage et qui désormais  rentrent dans le rang. Il y a aussi ceux qui avaient renoncé à chercher du travail et qui se réinscrivent à Pole emploi, par l’espoir que suscite l’amélioration de la conjoncture. Mais la raison essentielle vient peut-être de l’inadéquation entre l’offre et la demande. Les propositions d’embauche connues non satisfaites sont évaluées entre 200 000 et 330 000, en progression de plus de trente pour cent depuis un an. Elles révèlent les lacunes criantes de la formation, malgré les sommes considérables dépensées. Tout le monde est conscient que le système actuel fonctionne mal dans notre pays. Chacun réclame une réforme, que le gouvernement a fixé comme l’une de ses priorités. Mais les discussions qui ont commencé avec les partenaires sociaux se révèlent décevantes. Sur l’apprentissage comme sur la formation, se livre une bagarre d’égos pour défendre son pré carré et tenter de mettre la main mise sur des budgets juteux, sans se préoccuper de l’intérêt général, mais en privilégiant seulement sa propre chapelle. Un comportement qui n’a pas varié depuis des décennies et qui conduit à l’immobilisme que nous connaissons, obligeant finalement l’Etat à intervenir avec les maladresses que l’on a connues si souvent dans le passé.

Une solution consisterait à mobiliser davantage les grandes entreprises par un effort d’autant plus légitime qu’elles sont souvent les mieux placées pour former à des emplois nouveaux qui n’existent pas encore et qu’il faut inventer en raison des progrès techniques. Mais cela prend du temps : il faudrait dessiner une perspective d’une dizaine d’années au moins, alors que les gouvernements sont prisonniers de l’actualité et de résultats rapides réclamés par une opinion publique impatiente. Un casse-tête dont Emmanuel Macron se serait bien passé, alors que dans le même temps, la Cour des Comptes l’enjoint inlassablement d’engager les réformes structurelles indispensables pour rattraper nos voisins et condamne la politique à courte vue du rabot, qui reste trop souvent l’alpha et l’omega du pouvoir politique.

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