Pourquoi la position de Nicolas Sarkozy par rapport à Alain Juppé est moins inconfortable qu'il n'y paraît<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour la première fois, un sondage montre que Nicolas Sarkozy pourrait réellement être devancé à la primaire.
Pour la première fois, un sondage montre que Nicolas Sarkozy pourrait réellement être devancé à la primaire.
©Reuters

Surprise

Dans un sondage sur les primaires chez les Républicains, publié par Le Point le 9 septembre, Alain Juppé passe devant Nicolas Sarkozy à 40% contre 34% au premier tour et 56% contre 44% au second tour.

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : Qu'est-ce que le sondage, plaçant Alain Juppé favori au premier tour devant Nicolas Sarkozy va changer dans la stratégie de l'ancien président ?

Bruno Jeudy : Je ne suis pas certain qu'un seul sondage suffise à Nicolas Sarkozy pour bouleverser sa stratégie.

Pour l'instant il n'avait pas prévu d'accélérer sa pré-campagne pour la primaire. On contraire à La Baule il a plutôt temporisé en appelant ses concurrents à neutraliser la course des primaires pendant la campagne des régionales, et à attendre le mois de Janvier pour se lancer.

Malgré tout, pour la première fois ce sondage montre que Nicolas Sarkozy pourrait réellement être devancé à la primaire - sous réserve de voir d'autres sondages avec des échantillons plus importants, qui testeraient également d'autres candidatures avec plus de concurrents au départ, comme des centristes. Il s'agit de la première fois  que la droite s'engage dans une primaire, il n'y a donc pas de comparaison possible et nous n'avons absolument aucune idée sur le nombre de votants à cette primaire. Il convient donc d'être prudent. Incontestablement, on voit que la rentrée d'Alain Juppé est payante. Après son livre, son offensive dans les médias lui permet de prendre de l'avantage alors Nicolas Sarkozy est plus discret. L'ancien président ne s'est manifesté qu'avec le discours de La Baule. Cependant, il va sans doute être beaucoup plus présent dans les semaines qui viennent.

Ce qui est certain, c'est que Nicolas Sarkozy va en tirer des leçons. Il avait certes prévu d'être plus présent dans les semaines qui viennent. Il a annoncé deux déplacements par semaine et une forte présence auprès des candidats aux régionales. Mais je pense qu'il va devoir dévoiler un peu plus ses cartes et formuler plus de propositions, pas uniquement sur les secteurs régaliens où il est très présent - on le voit ce matin dans le Figaro avec sa position sur les migrants – mais surtout sur les points où les sympathisants de droite sont restés sur leur faim: les questions économiques et l'école. Ce sont deux autres domaines dans lesquelles la droite est dans l'attente.

Dans un entretien accordé au Figaro hier, l'ancien chef de l'Etat appelle à "refonder la politique migratoire européenne" et adopte un discours offensif envers François Hollande, les migrants, l'Etat islamique … Comment analyser le ton qu'il emploi ?

En tant qu'ancien président, il ne pouvait pas se contenter d'un discours flou et général. D'autant plus qu'Angela Merkel a pris une position à 180 degrés de leader européen et de la droite. Il ne pouvait pas rester sans propositions. C'est pourquoi il propose dans le figaro un statut de vrai réfugié de guerre. On voit que Nicolas Sarkozy essaye de mettre sur la table des propositions pour ne pas être absent dans les gros dossiers de l'actualité, mais surtout il essaye de trouver une position compatible entre ce qu'Angela Merkel a décidé de faire et la façon dont François Hollande emboite de la chancelière. Il a une nécessité d'être en opposition avec François Hollande mais en même temps de ne pas être en contradiction avec Angela Merkel, leader de la droite Allemande. On voit dans tous les cas que pour Nicolas Sarkozy, il est temps de passer aux choses concrètes, et d'accélérer sur le dossier de migrants mais aussi sur les autres dossiers. Alain Juppé de son côté a décidé de formuler des propositions: l'école à la rentrée, le régalien dans quelques semaines. L'ancien président ne veut pas à laisser Alain Juppé s'échapper.

Il a choisi un ton résolument offensif et même agressif envers le président de la république, car il veut être le premier opposant à François Hollande. Il s'agit de ce à quoi il s'emploie depuis son retour l'année dernière. Il clive sur la question de la Russie. Sur ce point-là il n'a pas changé. Nicolas Sarkozy avait de bonnes relations avec Poutine, même s'il l'a critiqué sur le dossier Ukrainien. Sur la Syrie, dès l'été 2012, Il était intervenu pour envisager et réclamer une intervention.

Pour la première fois, Alain Juppé endosse le statut de favori. Qu'est-ce que cela va changer pour lui ?

Ce n'est jamais facile de s'installer dans la position du favori, surtout un an avant une échéance comme celle de la primaire.  Il va devenir à la fois une cible de la droite, avec la compétition de la primaire, mais aussi de la gauche, parce qu'il serait un conçurent beaucoup plus redoutable pour François Hollande si l'on en croit les sondages. D'autant que si Alain Juppé était le candidat à la présidentielle, François Bayrou ne le serait pas, auquel cas il serait beaucoup plus haut. Il entre donc dans la position du favori et va être la cible de toute la droite et de toute la gauche. La position de favori est probablement la plus inconfortable à un an d'une échéance électorale.

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