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Pourquoi la politisation à outrance de l'amélioration conjoncturelle va conduire au relâchement
©Reuters / Pool New

Editorial

Soixante mille chômeurs de moins le mois dernier ne suffisent pas à gommer la hausse survenue depuis un an, d'autant qu'il y a dans ce chiffre un certain trompe l'œil, dans la mesure où l'augmentation de dix pour cent des entrées en stage ont eu une influence artificielle sur le nombre réel des sans emplois.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le « ça va mieux » de François Hollande est devenu l'arme de la mobilisation générale de la gauche pour conduire le chef de l'Etat à briguer un second mandat. Les ministres ont reçu pour tâche de marteler ce slogan à tout propos et en toute occasion, selon la bonne vieille méthode Coué, dans l'espoir de tordre le cou au scepticisme viscéral qui continue d'étreindre les Français. Ces derniers ont pourtant toutes les raisons de rester circonspects, tant les indices d'amélioration de la conjoncture restent fragiles. Certes, on vend davantage de voitures, on met en chantier plus de logements, il y a moins de faillites d'entreprises, mais l'on vient de si loin que tôt ou tard, un rebond était logique, d'autant que l'on continue de figurer parmi les derniers de la classe européenne sur le plan de la performance. Partis plus tard que les autres, nous continuons d'avancer moins vite.

Soixante mille chômeurs de moins le mois dernier ne suffisent pas à gommer la hausse survenue depuis un an, d'autant qu'il y a dans ce chiffre un certain trompe l'œil, dans la mesure où l'augmentation de dix pour cent des entrées en stage ont eu une influence artificielle sur le nombre réel des sans emplois. Par ailleurs, le vent favorable qui venait de l'extérieur avec la chute des cours du pétrole, la baisse des taux d'intérêt et de l'euro, a cessé de souffler. La conjoncture internationale est plus hésitante, avec un ralentissement marqué de la conjoncture en Grande-Bretagne dans l'attente du referendum de juin et des Etats-Unis, qui connaissent une fin de cycle, alors que l'Espagne est engagée dans une nouvelle période électorale et que la Grèce amorce une rechute.  Plus que jamais, les perspectives du commerce mondial manquent de visibilité et la France doit désormais compter avant tout sur ses propres forces qui n'ont pas été remusclées parce que les réformes de structure n'ont pas été accomplies. Au total note un grand patron, la situation est moins pire qu'avant, mais le soulagement n'est pas ressenti encore dans la population qui continue de préférer faire des économies en conservant son argent liquide plutôt que de consommer.

A l'aube du quinquennat finissant, la tentation est grande pour la gauche de jouer le statu quo, tant la moindre tentative de réforme se traduit par l'échec d'un pouvoir qui ne maîtrise plus sa majorité et tente de lâcher le moins de lest possible pour ne pas trop creuser les déficits à chaque nouvelle revendication. Mais cette situation chaotique ne libère pas pour autant le champ d'action de la droite. Pour l'instant, ses candidats affichent presque tous des programmes spectaculaires de rénovation du pays, en tablant sur des sondages assurant que l'opinion est désormais acquise à la nécessité d'une transformation en profondeur. Pourtant quelle serait la réaction du peuple à la suppression de l'ISF qui demeure l'un des impôts les plus populaires parce qu'une minorité seulement y est assujettie ? Et comment serait vécue une forte diminution du nombre de fonctionnaires au niveau local ou régional ? La droite propose une offre courageuse sur le papier, mais qui risque aussi de buter devant l'obstacle, si l'on parvenait à une stabilisation du chômage. Le danger serait alors le retour aux errements passés, le sentiment qu'on pourrait encore attendre avec à la clé le relâchement général qui conduirait la France à perdre encore quelques places dans la compétition internationale.

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