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Pourquoi la longue marche de la réforme du travail a pris un départ prudent
©Reuters

Edito

S'il ne s’agit pas de la révolution copernicienne annoncée par Emmanuel Macron, les ambitions du chef de l’Etat sont grandes face à des dossiers complexes.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Le coup d’envoi de la réforme du droit du travail vient d’être lancé. Avec un texte de 159 pages renfermant cinq ordonnances qui entreront en vigueur immédiatement, c’est la première étape d’une longue marche destinée selon les propos du Premier ministre Edouard Philippe, « à rattraper les années perdues ». Elle sera suivie dans la foulée d’une série de textes concernant l’Unedic, la formation et les retraites. Des dossiers très lourds qui donneront lieu aussi à d’âpres discussions pour tenter d’explorer des voies nouvelles.

Les premières réactions à la présentation officielle du premier acte de la nouvelle politique gouvernementale sont mitigées, selon une tradition bien française que tout changement est accueilli avec méfiance et suspicion. Il est vrai aussi que les ambitions du chef de l’Etat sont grandes face à des dossiers complexes. Il ne s’agit pas pourtant de la révolution copernicienne annoncée par Emmanuel Macron. Le code du travail n’est pas jeté aux orties. Le socle institutionnel du fameux modèle social français est maintenu. Mais une série de mesures nouvelles sont introduites que la droite n’a jamais osé faire et qui sont de nature à desserrer l’étau rigide qui protège seulement ceux qui sont en place en compliquant la tâche de ceux qui restent  dehors pour tenter de trouver un emploi.

Ainsi, une sorte de point d’équilibre a été obtenu grâce à la méthode mise en place au terme  d’une série  inédite  de consultations avec les partenaires sociaux. Le résultat est suffisamment modeste pour écarter le danger de la rue que redoutait le gouvernement. Les syndicats n’ignorent pas qu’ils ne pourront pas mobiliser sur les réformes annoncées en raison de leurs divisons internes et aussi parce qu’ils sont le dos au mur face au vent de la modernité qui souffle à travers le monde, alors que se mettent  en place un peu partout de nouvelles  organisations d’entreprises stimulées par l’économie numérique qui transforme les relations du travail et qui requiert une adaptabilité constante face au mur d’airain que représente le vieux code du travail français et ses rigidités.

De leur coté,  les  patrons verront dans les ordonnances souffler la brise légère de la flexibilité qu’ils réclament, en permettant aux plus petites entreprises de négocier directement avec leur personnel en l’absence de syndicats , en obtenant aussi que les indemnités prud’homales  en  cas de licenciements  soient plafonnées. Mais c’est surtout un changement dans les comportements que le gouvernement cherche à implanter, en créant  un état d’esprit favorable  à l’entreprise, en abattant le mur d’hostilité véhiculé par une certaine idéologie syndicale entre les dirigeants et le personnel.  En choisissant la méthode douce,  Emmanuel Macron  cherche à développer  un climat qui diminue la dose anxiogène qui  caractérise trop  souvent les relations du travail en France. Et certains  diront  qu’il a la  baraka,  car la conjoncture lui offre un atout avec la reprise de l’économie mondiale,  l’accélération de la croissance, certes encore bien modeste, mais  qui pourrait retrouver un rythme  proche de deux pour cent  en fin d’année et surtout une création d’emplois presque surprenante puisqu’elle pourrait atteindre trois cent mille sur un an, Autant d’éléments qui génèrent un certain optimisme favorable aux  réformes, que le gouvernement veut continuer de mener  tambour battant. Pour l’instant, il  a pris un bon départ, en sachant qu’il  faut agir vite dans un monde où les embûches demeurent légions.

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