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Pourquoi la France se laisse emporter par le toboggan des dépenses nouvelles
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Editorial

Valérie Rabault, rapporteur du budget à l'Assemblée nationale, a déjà évalué à quatre milliards les dépenses nouvelles auxquelles il faudra faire face dès cette année, tandis que Gilles Carrez, président de la Commission des Finances estime que l'on est déjà sur une facture supplémentaire proche de six milliards.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La frénésie des dépenses publiques gagne le gouvernement au fur et à mesure qu'approche la fin du quinquennat de François Hollande. Sous prétexte que le déficit a été légèrement inférieur aux prévisions à 3,5%du produit intérieur brut l'an dernier, alors que l'on reste encore loin de la barre des trois pour cent qui reste l'objectif en Europe, les pouvoirs publics se sont remis à charger la barque des engagements financiers. Valérie Rabault, rapporteur du budget à l'Assemblée nationale, a déjà évalué à quatre milliards les dépenses nouvelles auxquelles il faudra faire face dès cette année, tandis que Gilles Carrez, président de la Commission des Finances estime que l'on est déjà sur une facture supplémentaire proche de six milliards. Dernière en date, la prime d'activité mise en place connait un succès fulgurant : deux millions trois cent mille foyers en bénéficient déjà alors qu'on avait fixé la barre à deux millions au départ. Le plan de soutien à l'emploi, la diminution des charges des agriculteurs ne sont qu'une partie de l'arsenal qui est en train de se déployer. Ces mesures font peu à peu boule de neige pour obérer encore davantage le budget de 2017, où vont apparaitre d'autres diminutions de charges en faveur des entreprises. Parallèlement, les rentrées fiscales ont tendance à plafonner faute d'inflation et aussi parce qu'on observe une diminution de la part des contribuables qui acquittent les contributions les plus élevées, en  raison de la poursuite des mouvements de départ de l'hexagone, sur lesquels le ministère des finances demeure très discret, et qui explique aussi le plafonnement du rendement de l'ISF.

Comme toujours, le gouvernement va recourir aux expédients, pour éviter que le toboggan des dépenses publiques prenne trop d'ampleur. Avec le recours à la célèbre politique du rabot, qui consiste à bloquer des crédits, à repousser le démarrage de certains programmes. Une politique à la petite semaine parce que les vrais problèmes qui conditionnent l'avenir du pays ne sont pas posés. En vertu d'une tradition universaliste issue de l'histoire, la France refuse de prendre en compte l'état du monde et de voir les réalités en face. La querelle récente autour de l'impôt de solidarité sur la fortune, en fournit la meilleure illustration, car le débat est aussitôt déplacé sur le plan politique, voire idéologique, en refusant de voir les dégâts que ce prélèvement procure dans le domaine économique avec une fuite régulière de capitaux qui affaiblit le pays en frappant son potentiel industriel. Avec le sentiment issu des racines catholiques du pays que gagner de l'argent est condamnable, alors que c'est l'un des ressorts essentiels qui anime la plupart des pays, y compris ceux qui sont en développement. Il en résulte qu'on favorise en France la rente, la détention de l'immobilier, les objets d'art ou l'or, au détriment de l'investissement. D'où un blocage qui empêche les réformes et nous fait prendre du retard, par un refus d'adapter nos structures à l'évolution du paysage économique. La fiscalité du capital incite les créateurs à déserter l'Hexagone et à s'installer à l'étranger, tandis que ce qu'on appelle l'attractivité française consiste pour nos partenaires à nous déposséder de nos plus beaux fleurons, ce qui va réduire notre place sur l'échiquier mondial. L'opinion publique en est de plus en plus consciente, mais les préoccupations de la société civile ne parviennent pas pour l'instant à pénétrer la sphère politique et les leaders de l'opposition parlementaire continuent de rester dans leurs vieux schémas sans parvenir à surmonter les blocages et à proposer les vrais remèdes qui permettraient à notre pays d'épouser son siècle. 

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