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Pourquoi la France risque de rester le champion de la pression fiscale en Europe
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Edito

La France vient de gagner un titre dont elle se serait bien passée en devenant depuis l’an dernier championne de la pression fiscale en Europe, selon les dernières statistiques officielles publiées par Bruxelles. Le taux de prélèvements obligatoires s’est élevé à 47,6% du produit international brut en 2016, lui assurant de faire désormais la course en tête en Europe.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La France vient de gagner un titre dont elle se serait bien passée en devenant depuis l’an dernier  championne de la pression fiscale en Europe, selon les dernières statistiques officielles  publiées  par Bruxelles. Le taux de prélèvements obligatoires s’est élevé à 47,6% du produit international brut en  2016, lui assurant de faire désormais la course en tête en Europe. Le Danemark la suit avec 47,3% puis la Belgique. L’Allemagne est assez loin à 40,4% tandis que l’Irlande avec son rôle de paradis fiscal bat le record de modération avec 23,8%.

Raison essentielle de la position particulière de la France : le poids des cotisations sociales qui ont représenté l’an dernier 18,8% du PIB, un  record en Europe. A l’inverse, la part de l’impôt sur le revenu ne cesse de se réduire proportionnellement s par rapport aux autres pays en raison des exonérations régulières annoncées au bas de l’échelle et reportant le poids de l’impôt sur les vingt pour cent des contribuables les plus aisés. A l’inverse la fiscalité directe est beaucoup plus   lourde dans les pays du nord, comme la Suède  ou le Danemark. Emmanuel  Macron voudrait infléchir la courbe d’un point par an pour se rapprocher de ses partenaires.  Avec l’espoir de perdre son triste record. Mais rien ne dit que cet objectif pourra être réalisé, en raison des obstacles qu’il faudrait  surmonter. Car les blocages à la désescalade sont innombrables, l’administration et les nombreux lobbies  freinant aussi à tous les niveaux des quatre fers. On le voit à chaque initiative nouvelle qui contraint souvent le pouvoir à reculer, comme sur le dossier des APL, ou à l’occasion du ballon d’essai concernant le gel  du salaire minimum.

En fait, pour contourner l’obstacle, tout l’espoir du gouvernement repose sur l’amélioration de la croissance, qui  permettrait d’engranger des recettes fiscales supplémentaires. Certes, les prévisions demeurent optimistes sur ce plan. Encore que certaines voix commencent à s’interroger sur les perspectives réelles  de la conjoncture. Les milieux boursiers estiment qu’ une correction devrait intervenir notamment aux Etats-Unis après la forte hausse enregistrée cette année, d’autant que les banques centrales ont commencé à resserrer leur politique monétaire et que la hausse des taux devrait  s’accélérer. Le pilotage agréable des instituts d’émission  depuis deux ans toucherait ainsi à sa fin. Pour la France ce serait une nouvelle épreuve qui se traduirait par un  alourdissement des remboursements de sa dette et une aggravation de son déficit, alors  qu’elle éprouve déjà toutes les peines  du monde à vouloir le limiter aux fameux trois pour cent préconisés par Bruxelles. Paris risque d’être contraint de recourir aux  mêmes artifices que François Hollande en camouflant certaines échéances qui avaient ému le Conseil constitutionnel. Ainsi  pourraient être différés certains investissements faute de tailler suffisamment dans les  dépenses courantes et de réaliser des économies suffisantes. Une autre difficulté est en train d’apparaître, avec l’insuffisance de main d’œuvre qualifiée, qui va freiner l’activité, alors que subsiste une masse incompressible de chômeurs non formés. Tandis que l’on ne peut exclure un certain dérapage des dépenses notamment sur le plan militaire en raison de l’aggravation des tensions dans le monde. Au total, pour avoir voulu s’en tenir à la méthode douce, Emmanuel  Macron aura toutes les peines du monde  à réduire l’écart qui sépare la France de ses partenaires, qui dans le même temps font des progrès  en réduisant chez eux la  pression fiscale que nous avons tant de peine à freiner.

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