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Pourquoi  la France reste à la traîne de la baisse du chômage en Europe
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Mauvais élève

Lanterne rouge européenne, la France ne réussit pas à profiter de l'aubaine que représente la baisse généralisée du chômage actuel. L'OCDE se demande même si l'objectif des 9% est véritablement atteignable.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Cette fois, il n’y a plus de doute : la fameuse courbe du chômage, invoquée perpétuellement par François Hollande s’est inversée : le chômage a reculé au deuxième trimestre grâce à la création de 91 000 emplois, portant l’amélioration à 291 000 depuis un an dans le secteur privé. Le taux d’emploi retrouve ainsi le niveau le plus élevé depuis 1980 à 65% de la population active, avec un chômage qui s’éloigne enfin de la barre des dix pour cent, à 9,5%. 

La France bénéficie ainsi de la reprise de l’économie européenne, mais les experts de l’OCDE s’interrogent déjà sur l’ampleur du mouvement et de sa pérennité. Car la comparaison avec nos partenaires du vieux continent n’est guère édifiante. Paris demeure toujours à la traîne. Des nations comme l’Espagne ou le Portugal qui avaient beaucoup plus souffert de la crise des dix dernières années, ont connu un redressement spectaculaire. Sans parler des Pays-Bas ou de l’Allemagne qui connaissent le plein emploi. Ainsi Outre-Rhin, la proportion de la population âgée entre 60 et 64 ans qui est toujours au travail est deux fois plus nombreuse qu’en France.

Mais l'OCDE s’interroge pour savoir si les progrès récents enregistrés par notre pays ne sont pas proches de leur limite. L’organisation internationale considère en effet que le niveau de chômage ne pourrait descendre au-dessous de 9,2% en l’absence de réformes structurelles pour désarmer les rigidités qui continuent de freiner le marché de l’emploi. Or, nous sommes tout près de ce niveau, ce qui laisse seulement une marge très réduite devant nous. C’est bien pourquoi il ne peut être question de conserver le statu quo actuel : le gouvernement veut prendre le relais en révélant dans les jours qui viennent les mesures qu’il compte prendre pour organiser une certaine flexibilité du marché du travail, dans le cadre des ordonnances annoncées. Celles-ci devraient s’appuyer sur les résultats obtenus par l’amélioration de la conjoncture pour permettre à la France d’abandonner sa place de lanterne rouge et rattraper progressivement le peloton de tête de ses partenaires. 

Le moment parait opportun, mais l’ambition est peut-être excessive dans un pays habitué aux renoncements. Au demeurant, certains esprits s’interrogent pour savoir s’il ne faudra pas surmonter de nouvelles résistances. Il est bien connu que ce n’est pas lorsqu’on sert la vis, lorsqu’on prend des mesures d’austérité, que l’on rencontre le plus d’obstacles, mais bien lorsqu’on tente de desserrer l’étau au moment où la conjoncture donne de premiers signes d’amélioration. Pourquoi, entend-on alors, ne pas poursuivre sur la lancée, puisque les choses devraient peu à peu rentrer dans l’ordre. Espoir chimérique sans doute, mais c’est alors que les opposants durcissent généralement le ton pour réclamer le maintien du statu quo et rejeter les réformes annoncées. Orchestré par le mouvement de la France insoumise, ce danger ne peut être écarté par le gouvernement, dont certains redoutent qu’il cède à la la tentation d’amoindrir le dispositif de départ pour se contenter de mesures plutôt molles qui feraient perdre tout espoir à notre pays de rejoindre le peloton des meilleurs et laisserait se maintenir les déficits abyssaux du commerce extérieur et de la dette publique, avec un chômage qui ne baisserait plus. C’est dire que la fermeté doit continuer d’être la règle du gouvernement en se souvenant qu’on ne peut contenter tout le monde, mais que rien n’est plus difficile que de renoncer à la facilité qui a été l’apanage de la plupart des régimes depuis quarante ans.

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