Edito
Pourquoi la France ne peut plus attendre 2017 pour commencer à se réformer
Les désordres s’accumulent dans le pays avec la multiplication de conflits sociaux dont le caractère violent s’aggrave chaque jour en raison des difficultés que connaissent aussi bien les agriculteurs que les chauffeurs de taxis, mais qui affectent bien d‘autres secteurs tels que le commerce, les banques ou le tourisme.
C’est une atmosphère crépusculaire qui règne en France en ce début d’année, où les épreuves s’accumulent pour François Hollande. Sa grande quête du rassemblement de la gauche a volé définitivement en éclats avec le départ du gouvernement de Christiane Taubira et la pression monte au sein du PS en faveur d’une primaire avant la prochaine élection présidentielle, ce qui compromettrait les espoirs de réélection du chef de l’Etat.
Les désordres s’accumulent dans le pays avec la multiplication de conflits sociaux dont le caractère violent s’aggrave chaque jour en raison des difficultés que connaissent aussi bien les agriculteurs que les chauffeurs de taxis, mais qui affectent d’une manière plus sourde, bien d'autres secteurs tels que le commerce, les banques ou le tourisme. Tandis que la grande promesse de François Hollande, martelée à chaque occasion, concernant le renversement de la courbe du chômage, s’est effondrée de la manière la plus piteuse avec le nouveau record des sans emploi enregistré en décembre dernier. Un bilan consternant, une véritable marque au fer rouge avec sept cent mille individus supplémentaires concernés depuis le début du quinquennat. Un record dont la fameuse exception française se passerait bien, puisque le chômage régresse partout en Europe, sauf dans notre pays. Tandis que les espoirs d’une amélioration paraissent bien précaires, au moment où les grands pays comme les Etats-Unis, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne connaissent un ralentissement de leur rythme de croissance.
La France ne peut indéfiniment compter sur les autres pour améliorer sa conjoncture. Elle subit au demeurant des injonctions de plus en plus pressantes de ses partenaires, du Fonds Monétaire International ou de la Commission européenne pour s’engager résolument dans les réformes. Mais sa réponse est toujours dans le Verbe, jamais dans l’action positive. La communication fait figure de décision, mais le changement ne suit pas. Ce n’est pas faute d’interventions parlementaires. La machine à légiférer tourne même à plein régime, mais c’est pour produire des textes bâclés, qui obligent souvent à revenir en arrière en raison de leur imprécision et qui vont toujours dans le même sens, celui de conforter la situation de ceux qui sont en place, améliorer encore si faire se peut, leurs « droits », en laissant de côté une partie croissante de la population hors des chantiers du travail, en ajoutant toujours un peu plus de complexité et de freins au progrès, la dernière trouvaille dans ce domaine étant la loi sur la pénibilité, pratiquement inapplicable, mais qui va ajouter un surcroît de charges aux entreprises.
En fait, le pouvoir est en proie à un véritable désarroi. Il prend conscience chaque jour des effets de la révolution internet qui transforme la vie économique, en donnant un nouveau visage à une mondialisation qui fait disparaître une grande partie de tous les corps intermédiaires, dont la France est particulièrement dotée. L’économie numérique donne un formidable coup de vieux à notre politique fiscale, éducative et réglementaire. Elle implique une mutation complète du droit social devenu obsolète. Mais devant l’énormité du changement nécessaire, François Hollande est tétanisé et selon son habitude refuse de choisir. Demander à l’ancien ministre de la justice de 1981, Robert Badinter de formuler des propositions nouvelles après toutes celles qui ont déjà été produites était une initiative dérisoire.Tout cela pour en rester aux bouts de ficelle traditionnels : les contrats aidés , ou le recours à une formation inadaptée au monde de demain. A vouloir ménager, comme d’habitude l’ancien et le nouveau, on perdra sur les deux tableaux et les Français, qui sont mûrs aujourd'hui pour accepter le changement que leur refusent les politiques, continueront de ressasser leur amertume devant le déclin du pays qui leur paraît inexorable.
En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.
Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !