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Pour les milieux d’affaires, une finale Le Pen-Macron redistribue les cartes politiques mais les projets s’avèrent aussi flous d’un côté que de l’autre
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Atlantico Business

Le premier grand débat télévisé a confirmé la perspective d’un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Un duel violent sur le plan de l'idéologie mais qui restera très théorique quant aux projets précis, et incertains sur les moyens politiques.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les milieux d’affaires s’attendent à un duel final entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Le duel est intéressant, il marque un vrai clivage dans la société politique. Tous les deux ne sont ni de droite, ni de gauche.

Pour les chefs d’entreprise, ils sont tous les deux un peu comme des architectes. Ils ont dessiné un croquis, une esquisse, ils se sont assurés de l'orientation de la maison qu'ils veulent construire.

Mais ils n‘ont pas dessiné les plans précis, ils n’ont pas fait les calculs de résistance, les tests d’habitabilité. Il va donc y avoir un problème.

Macron-le Pen, ils ne se reconnaissent ni à droite, ni à gauche. Le problème du coup, c’est que leurs programmes sont ailleurs, c’est à dire flous et parfois vide de projets concrets et cohérents.

Le premier grand débat télévisé a un grand mérite : il a confirmé l’existence d’un clivage de la société politique qui n’a plus rien à voir avec le clivage habituel entre la droite et la gauche. Cette grand’messe télévisée a confirmé l’existence d’une rivalité entre deux candidats, Macron et Le Pen qui dominent complètement cette campagne présidentielle.

Cela étant, ce clivage ne débouche, ni du côté Macron, ni du côté Le Pen sur un programme de mesures, de projets et de réformes qui serait cohérent avec le diagnostic et avec l’ambition. Et surtout qui serait très précis et très clair.

Les autres candidats, et particulièrement Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon, se sont retranchés sur les marqueurs historiques de la gauche. Comme si leur problème était d’accéder au contrôle de la gauche, mais surtout pas tenter la présidence de la République.  Quant à François Fillon, il essaie de faire oublier les affaires qui l’ont harcelé et occultent son programme, en rêvant ventre a terre sur le détail de son projet pour essayer de convaincre que le problème est de redresser la maison France et que lui, il en a les moyens techniques et politiques et qu’il est le seul. C’est sans doute vrai. Parce que les deux candidats les mieux placés ont visiblement choisi de se situer sur deux autres planètes, en dehors du marché politique habituel de gauche ou de droite.

Pour simplifier, Emmanuel Macron apparaît comme le candidat d’une France inquiète de manquer les grandes mutations de la modernité. Cette modernité a trois composantes :

les technologies, la mondialisation et l’Europe. Ces évolutions auxquelles on ne peut pas échapper. Il faut donc s’y adapter et en saisir toutes les opportunités de développement. Dans cette logique, Emmanuel Macron propose de favoriser les initiatives entrepreneuriales, les ouvertures internationales, il propose aussi de faire plus d’Europe, parce que l’Europe protège.

Le progrès technologique qui nous amène une amélioration des conditions de vie, de compétitivité, de productivité, qui bouleverse aussi toutes les conditions de travail, ce qui implique une régulation, mais pas une interdiction.

La suprématie de la concurrence, parce que la concurrence sélectionne les meilleurs au bénéfice de tous à condition que les conditions de cette concurrence soient équitables.

En enfourchant ce cheval de bataille, Emmanuel Macron a plutôt séduit les jeunes, les CSP+, les chefs d’entreprise, mais aussi une partie de la population française qui est découragée du retard pris par la France et de son étouffement.

De l’autre côté, Marine Le Pen est dans une posture inverse. Elle prône un retour de l’Etat nation, souverain, elle prépare la fermeture des frontières, l'arrêt de l’immigration, la reconquête de l'appareil industriel national, le made in France, et cerise sur le gâteau, la sortie de la zone euro. Donc il faut sortir de l’Europe.

Il est évident que Marine Le Pen fait tout pour séduire tout ceux qui ont été déçus ou abandonnés par la mondialisation. Ceux qui ont perdu leur job, qui n’ont pas forcément beaucoup de formation, et pour lesquelles Marine Le Pen sert un cocktail de bouc émissaires. Tout va mal et c’est de la faute des grands capitalistes, des financiers, des Européens, de la banque centrale, de Bruxelles.

Donc le clivage affiché est clair. D’un côté, l’ouverture avec Macron, c’est la performance économique qui nous protègera et assurera la protection de notre modèle social.

De l’autre, avec Marine le Pen, c’est le repli sur l’hexagone, la fermeture au monde de l’extérieur qui protègera notre modèle social et identitaire.

On a donc bien deux France très différentes qui vont s’affronter. Et les milieux d’affaires, qui, au départ se retrouvaient sur les idées défendues par François Fillon, se rabattent, (maintenant que le candidat LR est abimé par les soupçons d’affaires) sur Emmanuel Macron parce qu’Emmanuel Macron leur paraît plus capable de rassembler une majorité crédible.

Le problème qui apparaît en ce début de campagne officielle, c’est que les deux principaux candidats ne sont pas équipés pour gouverner et mettre en scène le modèle de société qu'ils défendent. C’est imprécis, mal chiffré et sans garantie politique.

Evacuons la question des majorité politiques. Macron n’a ni appareil politique, ni députés possibles. Marine Le Pen est dans la même situation. Cela étant, on peut imaginer qu’au lendemain de la présidentielle, l‘élu peut éventuellement et dans la majorité, remporter les élections législatives.

Reste la question des programmes et des projets. Ils sont très flous, parfois irréalisables et non chiffrées. Comme des architectes qui sauraient faire rêver, mais seraient incapables de construire solide.

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