Pour les milieux d’affaires, Donald Trump tombe dans l’absurdité et risque même de perdre le soutien de Wall Street...<!-- --> | Atlantico.fr
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Donald Trump vient d’annoncer que, lui président, l’Amérique n’aura aucune raison de protéger militairement les alliés qui ne paient pas leur contribution à l’OTAN.
Donald Trump vient d’annoncer que, lui président, l’Amérique n’aura aucune raison de protéger militairement les alliés qui ne paient pas leur contribution à l’OTAN.
©Julia Nikhinson / AFP

Atlantico Business

En annonçant que l'Amérique n'allait plus soutenir les pays qui ne paient pas leurs dettes, Donald Trump indique à Poutine les pays qu'il pourra attaquer. Mais du même coup, il affaiblit le dollar, dont l'économie américaine a besoin pour sa croissance.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Donald Trump vient d’annoncer que, lui président, l’Amérique n’aura aucune raison de protéger militairement les alliés qui ne paient pas leur contribution à l’OTAN. Dit comme cela, l'ancien président donne sa version du fonctionnement d’une copropriété, mais l'OTAN est très loin d’une copropriété. Le plus grave encore, c’est qu'il accompagne ce projet pour suggérer à Vladimir Poutine d’attaquer ces pays qui ont des dettes.

Incroyable raisonnement de géopolitique avec des effets économiques immédiats qui risquent de se retourner très rapidement contre lui. Pour une raison très simple qui se déplie en 3 points.

1er point. Si Trump casse le contrat de solidarité avec les pays qui ne paient pas leurs dettes mais dont il assure via l’Otan, la sécurité, Trump va perdre le soutien des financiers américains pour lesquels cette dette n’est pas forcément une marque de faiblesse... Sinon l'Amérique elle-même aurait de graves ennuis.

Donald Trump ignore sûrement que l'État fédéral américain est le plus gros emprunteur du monde et que l'Amérique est le pays le plus endetté, avec plus de 35 000 milliards de dollars de dettes publiques, soit plus de 140% du PIB. (La dette française, au passage, est considérable mais tourne aux alentours de 120%). Pour beaucoup d’économistes, la dette américaine n’est pas un marqueur de faiblesse mais un facteur de croissance. Le déficit budgétaire en 2023 est de 8 %, c’est-à-dire beaucoup plus lourd que le déficit français qui effraie les responsables politiques. Pendant son premier mandat, Donald Trump n’a d'ailleurs pas changé le logiciel, il a même invité la Banque centrale à financer largement l'économie comme en Europe.  Et globalement, la machine économique a très bien fonctionné sur des bases qui ont été reprises et restaurées par Joe Biden. À noter que ce logiciel mis en place par Donald Trump lui a valu le soutien des milieux financiers, et notamment de Wall Street, qui appartiennent aux catégories sociales qui ont profité le plus de la politique de Trump. Parallèlement, (ce qu'on ne dit pas), c’est que Trump a été, pour les mêmes raisons, soutenu par les retraités américains dont le pouvoir d’achat a augmenté sous son règne parce que les retraites ont été revalorisées au prorata de la bourse. C’est le miracle de la capitalisation. Si l'économie et la finance vont bien, les retraites vont bien et les retraités en sont reconnaissants au gouvernement qui a orchestré le mouvement. On touche là à des paradoxe les plus spectaculaires de l economie americaine . Trump caresse les milieux défavorisés américains, déclassés par la mondialisation, mais il a fait une politique qui n’a pas pénalisé les riches. Au contraire. Et dans le sillage des riches , les retraites ( vie les fonds de pensions ) en ont profite .

2e point : Si la dette américaine est un facteur de croissance quasi magique, il faut savoir que cette dette est financée par l'étranger et il faut se demander pourquoi l’Amérique réussit à s’endetter toujours aussi fort depuis aussi longtemps auprès des étrangers. L'épargne japonaise, européenne, mais aussi indienne, chinoise, et même russe... s'investit aux États-Unis parce que les États-Unis inspirent confiance. Le dollar est respecté partout dans le monde parce que l'Amérique a montré dans le passé qu’elle avait les moyens militaires, scientifiques et économiques de se faire respecter. Sans parler des valeurs de la démocratie mariée à l'économie de marché qui garantissent un État de droit dont la propriété et le respect des contrats sont les fondements de la solidité du système. Ca n’est pas par hasard si les oligarques russes ou chinois investissent une grande partie de leur fortune dans des pays libéraux et démocrates quand ils le peuvent et iuls le peuvent . Surtout avec Trump .

3e point, quand Donald Trump annonce qu'il ne défendra plus les pays qui ne paient pas leur dette, quand il invite la Russie à attaquer les pays endettés et donc fragilisés... les observateurs comprennent que l'Amérique très endettée ne se protégera plus comme avant, et qu'en plus, elle va laisser tomber les pays de l’OTAN qui ont des difficultés financières. D'une certaine façon, Donald Trump invite la Russie à envahir ces pays fragiles et à toucher à l'Europe.

Alors, au regard de l'histoire, le propos est déjà très choquant, mais il signifie aussi ce que Trump n'imagine pas, à savoir que l'Amérique perd la confiance qu’elle inspire, et par conséquent que son dollar va perdre sa valeur. Si le dollar perd de la valeur, la dette américaine va perdre son attractivité sur la planète toute entière. Et si la dette américaine perd ainsi sa valeur, la dette ne sera plus le facteur clé de la croissance américaine. Voilà ce que comprennent les milieux financiers de New York. Voilà pourquoi, en appuyant indirectement Vladimir Poutine, l’ancien président américain se tire une balle dans le pied.

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