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Les deux faces 
de Georges Pompidou
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Il aurait cent ans...

On célèbre le 5 juillet le centenaire de la naissance de Georges Pompidou. Normalisateur de la Vème République, à cheval entre tradition et modernité, discrétion et médiatisation, figure de la France rurale qui roule en Porsche, le dernier Président de la prospérité économique était à l'image de son époque : complexe.

Pascal Cauchy

Pascal Cauchy

Pascal Cauchy est professeur d'histoire à Sciences Po, chercheur au CHSP et conseiller éditorial auprès de plusieurs maisons d'édition françaises.

Il est l'auteur de L'élection d'un notable (Vendemiaire, avril 2011).

 

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Atlantico : Un parti ou un homme politique peut-il aujourd'hui se réclamer de Georges Pompidou ?

Pascal Cauchy : Il a été le vrai successeur du général de Gaulle en ce qu'il a poursuivi l’œuvre constitutionnelle et cimenté la fonction présidentielle en chaussant les bottes du Président tel que de Gaulle l'avait incarné, plutôt que de revenir à une présidence du type de celle de René Coty. A ce titre, tout aspirant Président peut s'en réclamer.

Pourtant, il me paraît difficile de se réclamer de son gaullisme, puisqu'à mon sens le gaullisme n'existe plus. Un héritage politique et idéologique de Georges Pompidou n'a donc aujourd'hui plus beaucoup de sens.

Enfin, à l'exception de De Gaulle, il a été le seul homme politique marquant de la période de la croissance ininterrompue et de l'absence de guerre. Après 1974, on est perpétuellement en crise, le chômage devient structurel et la France connaît une mutation sans précédent. Georges Pompidou est donc une étoile qui continue de briller, mais sans véritable postérité économique et sociale. Dans la mémoire collective, son héritage se résume donc essentiellement à son action culturelle, ce qui est réducteur au vu de ses six ans à Matignon et ses quatre ans à l'Elysée.

Georges Pompidou a-t-il été le premier homme politique de premier plan à exposer sa vie privée ?

Non ! Les gens ont la mémoire courte : de tous temps, les chefs d’État ont affiché d'une façon ou d'une autre leur vie privée. On pourrait faire un livre avec les affaires de maîtresses des Présidents de la IIIème République, et René Coty et Vincent Auriol [présidents sous la IVème République, ndlr] avaient introduits les caméras chez eux bien avant Pompidou !

Georges Pompidou était au contraire très pudique, et sa discrétion avait été mise à mal par l'affaire Markovic. Ce n'est pas parce qu'il a admis une fois la télévision - qui était en train de naître - dans les appartements de l'Elysée qu'on peut conclure à une intrusion de sa vie privée dans l'espace public. On revoit d'ailleurs toujours les mêmes images : quelques minutes dans sa maison de campagne de Montboudif et une visite privée à l'Elysée. Cela n'a rien à voir avec la débauche médiatique qui existe depuis une grosse dizaine d'années.

De Gaulle lui reprochait de rouler en Porsche : était-ce mal perçu par l'opinion ?

C'était un personnage qui correspondait parfaitement à son époque, avant la grande crise, avec ses héritages et ses contradictions, sa tradition et sa modernité.

Comme la France de l'époque, il avait deux faces : d'un côté, le fils d'instituteur venant du Cantal, d'origine paysanne, qui représente la France traditionnelle ; de l'autre, le fondé de pouvoir chez Rothschild ayant quitté l’Éducation Nationale, avec une certaine aisance matérielle (même s'il n'était pas propriétaire de son appartement) et une grande modernité : il fréquentait des artistes contemporains et passaient ses vacances à Saint-Tropez. Mais c'est la France de cette époque-là : même les contestataires de mai 68 étaient dans cette modernité !

Que penser de la communication autour de sa maladie ?

Il semble qu'il ait d’abord lui-même nié sa pathologie. Par ailleurs, les médecins étant très réservés sur le diagnostic, il n'avait pas toutes les informations nécessaires : il ne pouvait donc pas y avoir de communication. Il y a néanmoins un moment crucial avant le printemps 1974, où il comprend qu'il est condamné, même si une rémission est encore envisagée par les médecins.

Après sa mort, les journalistes se sont emparés de l'affaire pour dire "Ce sont les malades qui nous gouvernent". Mais cela n'a rien à voir avec François Mitterrand, qui savait dès 1981 qu'il était malade, et truquera l'ensemble des bilans de santé des deux septennats. C'est nettement plus grave. Il que semble de toute façon que Pompidou avait décidé dès 1973 de ne pas se représenter pour un second mandat.

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