Pollution : lorsque la qualité de l'air se dégrade, les enfants sont en première ligne<!-- --> | Atlantico.fr
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Des pompiers luttant contre les feux de forêt, au Canada - QUENTIN TYBERGHIEN / AFP
Des pompiers luttant contre les feux de forêt, au Canada - QUENTIN TYBERGHIEN / AFP
©QUENTIN TYBERGHIEN / AFP

Pas de fumée sans feu

Au Canada, d’importants feux de forêt ont engendré une grave dégradation de l’air respirable. La fumée se propage d’ailleurs aux Etats-Unis et pourrait donc toucher de nombreuses personnes…

André Guetta

André Guetta

André Guetta est pneumologue à la Clinique du Val d'Or, à Saint-Cloud.

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Atlantico: Alors que le Canada est dévasté par des incendies, la fumée se propage aux États-Unis et pourrait affecter des millions de personnes, saturant les services d'urgence dans certaines villes. Quelles peuvent être les conséquences d'une telle pollution, en particulier pour les jeunes individus ?

André Guetta : Les enfants, peu importe leur âge, sont particulièrement vulnérables puisque leurs poumons ne sont pas encore complètement développés. Les enfants prématurés sont encore plus sensibles. En effet, même s’ils sont en parfaite santé, sans antécédents de maladies respiratoires comme l'asthme ou la bronchite, ils peuvent subir des conséquences sur leur santé respiratoire en cas d'expositions répétées à des polluants industriels ou à la fumée de forêt. Ces expositions peuvent entraîner des affections telles que l'obstruction des bronches. Il reste difficile d'affirmer de manière catégorique que seule une exposition unique, même à grande échelle, pourrait avoir un impact, mais en cas d'expositions répétées, c'est certain.

De plus, lorsque les enfants contractent des infections pulmonaires pendant leur enfance, il arrive souvent qu'ils conservent des séquelles à l'âge adulte. Ces séquelles peuvent être visibles sur les scanners, indiquant qu'ils ont eu une pneumonie à cet endroit ou qu'ils ont été exposés à des agents toxiques.

Quels sont les risques pour la santé liés à l'inhalation prolongée ou répétée des fumées des feux de forêt ? Est-ce que cela peut entraîner des pathologies spécifiques telles que l'asthme ?

Après une exposition prolongée, il peut y avoir des séquelles. En général, la plupart des gens guérissent et retrouvent un fonctionnement pulmonaire similaire à celui d'avant. Cependant, certains enfants peuvent développer une pleurésie infectieuse à l'âge de 2 ou 3 ans, ce qui peut être détecté par des radiographies ou des scanners. Cinquante ans plus tard, on peut encore observer ces séquelles. Par exemple, une tuberculose contractée à un an, deux ans ou cinq ans peut laisser des séquelles respiratoires jusqu'à l'âge de 90 ans. Bien sûr, ces conséquences ne sont pas toujours physiques, mais elles peuvent être cliniques et se refléter dans les images médicales.

Pour donner un exemple, la combustion du charbon de bois peut provoquer une affection respiratoire fréquente chez les adultes, connue sous le nom de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Environ 80% des cas de BPCO sont liés au tabagisme, mais les 20% restants sont dus à d'autres facteurs, tels que les expositions professionnelles dans les mines ou l'inhalation de fumées de charbon de bois. Par exemple, dans certains pays, les femmes qui cuisinent au charbon de bois peuvent développer une bronchite chronique même si elles n'ont jamais fumé. Ainsi, on peut supposer que les personnes exposées de manière répétée aux fumées des feux de forêt pourraient également être susceptibles de développer une BPCO à long terme.

Surtout, alors que les autorités sanitaires recommandent aux habitants de rester chez eux, est-il possible de se protéger des fumées toxiques en cas de contact prolongé ?

L'inhalation des premières émanations d'un incendie n'est pas bonne, surtout dans un espace clos, car cela peut provoquer une irritation des bronches et un œdème pulmonaire. Par exemple, en milieu fermé, lors d'incendies dans des immeubles, cela peut être très dangereux. À l’inverse, inhaler des fumées d'incendie en plein air peut causer des brûlures et des irritations des voies respiratoires supérieures, telles que la gorge et les fosses nasales.

Quant aux feux de forêt, il est difficile de se prononcer avec certitude, puisque de nombreux facteurs entrent en compte, comme la distance avec les flammes, les vents …  Je ne pense pas que ceux qui se trouvent à plusieurs dizaines ou centaines de kilomètres du foyer courent un risque immédiat, à moins qu'ils ne souffrent d'asthme ou d'autres affections respiratoires, ou si l’exposition est prolongée, comme c’est le cas aux États-Unis. Dans tous les cas, il convient de suivre les recommandations des autorités.

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